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Le cyclone Chido, désastre environnemental à Mayotte

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Sur les hauteurs de Petite terre, les antennes de téléphonie contemplent désormais un paysage brunâtre: les cadavres enchevêtrés d'arbres qui constituaient il y deux semaines encore une forêt florissante. Des vents de plus de 200 km/h l'ont totalement anéantie.

"C'est un désastre environnemental. Il n'y a plus d'arbres", se désole la biologiste Raïma Fadul. "Ceux qui sont encore sur pied ont perdu leur cime. Il n'en reste que des moignons. Les grands arbres de forêt sèche sont tombés: les kapokiers, les teks, les bois noirs... En fait, le cyclone a rasé la végétation."

A Petite terre, comme presque partout ailleurs sur l'île, la végétation a soudainement disparu du paysage, changeant dramatiquement la physionomie de Mayotte. Un énorme baobab de plus de 300 ans s'est effondré sur un restaurant. Une partie de la mangrove est désormais complètement nue, noire.

Les bidonvilles, auparavant dissimulés par la verdure, sont à présent visibles, ce qui permet de prendre conscience de leur nombre, et de leur taille.

"Pour nous, tout ça c'était juste des manguiers, des cocotiers, une forêt, observe Rouchdat Mourchidi, venue vérifier ce qui reste d'un terrain familial en haut de l'île. On ne s'est jamais rendu compte qu’il y avait des cases en tôle au milieu, car elles étaient noyées dans la végétation", poursuit cette conseillère pédagogique.
Envasement du corail
Devant elle, une montagne de terre de trois mètres de haut : les racines d'un acacia cinquantenaire désormais couché, symbole selon Raïma Fadul d'une catastrophe encore plus grande à venir.

Car dans un territoire où 320.000 habitants s'agglutinent sur 374 km2 - une densité de population huit fois supérieure à celle de la métropole -, où l'eau manque, les forêts attiraient les précipitations, observe Raïma Fadul. Leur anéantissement devrait avoir un fort impact sur la pluviométrie.

En cas de fortes pluies, celles-ci ne seront "plus arrêtées par les arbres, car ils ont disparu. Donc elles vont ruisseler jusqu'au lagon, et l'envaser".

Une partie du récif corallien du magnifique lagon de Mayotte, étouffé par la boue, risque alors de "complètement mourir", entraînant la perte de certaines de ses 300 espèces de "poissons, coraux, vertébrés, mollusques", poursuit la biologiste.

A terre, la faune souffre déjà de la perte du couvert forestier. Les makis, petits lémuriens sombres, sont depuis le cyclone davantage visibles en milieu urbain, où ils viennent en quête de nourriture... et y meurent vraisemblablement.

Les chauve-souris, important vecteur de pollinisation, et donc de reboisement futur, qui nichaient dans les arbres, se font également plus rares. Et les craintes sont fortes pour les lézards, les insectes... ou les plantes à fleurs, quand Mayotte était la deuxième île au monde pour la densité de ce type de végétation, rappelle-t-elle.
Déforestation
Heureusement, Mayotte connaît un climat "où les arbres poussent relativement vite" et où, "au bout de dix ans, on peut avoir des plantations qui ont reconstitué un couvert forestier" de "8 mètres" de haut, remarque Benoît Loussier, directeur régional de l'Office national des forêts.

La végétation n'est donc pas condamnée... à condition que l'homme ne saisisse pas l'opportunité, maintenant que les arbres sont tombés, de transformer illégalement des zones forestières détruites en terres agricoles, comme c'était déjà le cas avant le cyclone, notamment du fait de l'immigration clandestine très pauvre pratiquant l'agriculture vivrière.

En 2020, l'Union internationale pour la conservation de la nature estimait que 6,7% du couvert boisé de Mayotte avait été défriché entre 2011 et 2016, un niveau de déforestation proportionnellement "similaire à ceux de l'Argentine ou de l'Indonésie".

Ce risque de replantation sauvage est d'autant plus aigu que les cultures ont également été fauchées par Chido.

Alors que l'aide peine encore à atteindre toute l'île, et que les moins favorisés connaissent des carences alimentaires, Sea Shepherd craint une explosion du braconnage des tortues.

Si des "motivations financières" expliquaient jusqu'ici qu'au moins un millier d'entre elles soient tuées chaque année pour leur viande, la présidente de l'ONG en France, Lamya Essemlali craint l'émergence d'un "braconnage de subsistance".




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