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Январь
2025

L’État islamique, une menace persistante

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Au début du mois de décembre 2024, le régime de Bachar al-Assad est renversé en quelques jours. La peur que la Syrie ne redevienne un foyer du terrorisme international réémerge rapidement, sous deux formes différentes. La première inquiétude a trait au profil des nouveaux maîtres de Damas. Ahmed al-Charaa (qui s’est longtemps fait appeler par le nom de guerre Abou al-Joulani) est un ancien djihadiste qui a combattu en Irak pendant l’occupation américaine dans les années 2000. L’organisation qu’il dirige, et qui a mené l’essentiel des combats contre les forces du régime syrien, Hayat Tahrir al-Cham, est quant à elle issue du Front al-Nosra, successivement affilié à l’Organisation de l’État islamique (2011-2013) puis à al-Qaïda (2013-2016). A en croire les connaisseurs de la Syrie, al-Charaa aurait toutefois réellement rompu avec les organisations djihadistes et poursuivrait aujourd’hui un agenda strictement nationaliste1. Il multiplie en tout cas depuis sa prise de Damas les gages d’ouverture envers la communauté internationale. L’autre sujet de préoccupation au sein des chancelleries occidentales concerne l’instabilité provoquée par le changement de régime et l’éventuel vide du pouvoir dont l’Organisation de l’État islamique (OEI) pourrait tirer profit. C’est notamment dans cette perspective que les forces états-uniennes et, dans une moindre mesure, françaises ont multiplié depuis décembre les frappes contre des cibles associées à l’OEI.

La défaite de l’État islamique ?

C’est précisément la persistance de cette menace que Myriam Benraad tâche d’évaluer dans un court essai paru mi-2023, comme l’annonce clairement le titre de l’ouvrage : L’État islamique est-il défait ? Pour y répondre, elle adopte un plan dialectique qui permet de montrer que l’État islamique a bien connu une défaite importante avant d’expliquer pourquoi il faut se garder de tout triomphalisme. Pour rappel, l’OEI est initialement la branche créée par al-Qaïda en Irak à la suite du renversement de Saddam Hussein en 2003 et de l’occupation du pays par les États-Unis. En 2012, cette branche profite du déclenchement de la guerre civile en Syrie pour étendre ses activités dans ce pays. L’OEI rompt toutefois avec al-Qaïda en 2014 et son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, proclame le califat sur les territoires qu’il contrôle (le nord-est de la Syrie et la moitié ouest de l’Irak, peuplés par environ six millions d’habitants). Une coalition internationale se met progressivement en place et l’essentiel du « califat » est repris en 2017 (notamment les deux capitales autoproclamées de Mossoul et Raqqa).

Quatre principaux arguments concourent selon Myriam Benraad à l’idée d’une sévère défaite de l’OEI : la perte, hormis quelques poches résiduelles, du vaste territoire qu’elle s’était taillé à la frontière irako-syrienne (95 % début 2019) ; l’élimination d’une partie importante de ses cadres dirigeants et de ses militants (dont al-Baghdadi lui-même, tué en 2019 dans une opération états-unienne en Syrie) ; la relative inefficacité de l’administration qu’elle avait mise en place dans son « État » ; l’absence de véritable soutien de la part des populations qu’elle administrait (et qui ont subi des violences massives sous l’OEI puis lors de la reconquête). Pour la politiste, l’importance même du « califat » de l’OEI à son apogée en 2014 a été largement surévaluée à tout point de vue. Elle estime également que son projet était condamné à l’échec dans la mesure où Daech était en conflit ouvert avec l’intégralité des puissances régionales et internationales. Pour autant, si le « califat » a bien été détruit, l’OEI n’a pas disparu pour autant. Ainsi, l’absence de traitement des causes profondes de la violence (notamment la persistance de conflits ou de régimes autoritaires), l’existence de groupes affiliés à l’OEI dans d’autres régions du monde (comme en Afrique subsaharienne ou en Afghanistan) ou encore la prégnance des théories djihadistes au sein d’une fraction des musulmans sont autant de ferments potentiels d’une remontée en puissance du groupe.

Evaluer la menace à sa juste mesure

Myriam Benraad réalise dans cet ouvrage très resserré (un peu plus d’une centaine de pages) un important travail de compilation de publications récentes sur l’OEI (pour l’essentiel anglo-saxonnes et réalisées par des think tanks). Comme elle le souligne, bien évaluer la menace posée par l’OEI est d’une importance politique majeure : surestimer le groupe risque d’alimenter sa propagande, le sous-estimer peut conduire à sa réémergence ou à l’organisation de nouveaux attentats en Occident. S’il est improbable que l’organisation parvienne à reconstituer à court ou moyen terme un « califat » à l’image de celui qu’elle avait proclamé en 2014, rien ne garantit aujourd’hui qu’elle ne recouvre pas un réel pouvoir de nuisance ou même qu’une organisation concurrente n’émerge. C’est du reste précisément à un moment où l’organisation djihadiste historique al-Qaïda était considérée comme affaiblie (notamment avec la mort d’Oussama ben Laden en 2011) que l’OEI a émergé. On pourra regretter toutefois que les dimensions plus conceptuelles, sur les différents sens que l’on peut attribuer au terme « défaite » ou, dans une moindre mesure, sur les enjeux de la dénomination d’« État » pour l’OEI, ne soient abordées qu’en filigrane dans l’ouvrage (sans doute en raison d’un format volontairement restreint).


Notes :
1 - cf. par exemple le podcast du Collimateur avec Wassim Nasr « Syrie/Assad – Les dessous de l’effondrement militaire » du 10 décembre 2024



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