Vendée Globe. Le bel exploit de Violette Dorange, 25e du Vendée Globe
La benjamine de la course a réussi à boucler la boucle à 23 ans. Voilà une sacrée ligne de plus sur le CV déjà impressionnant de Violette Dorange, qui a bouclé ce 9 février à 11h39 son premier Vendée Globe en 25e position, après 90 jours, 22 heures et 37 minutes en mer.
La benjamine de la dixième édition du Vendée Globe, plus jeune concurrente de l’histoire à en prendre le départ, a réussi son audacieux pari. Vingt-quatre ans après la deuxième place de la légendaire Ellen MacArthur, alors âgée de 24 ans, Violette Dorange a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne en mettant près de 4 jours de moins que son illustre prédécesseure (94j04h25m à l’époque), s’offrant en outre le luxe de batailler jusque dans les derniers jours de course avec ses concurrents directs.
Car Violette Dorange a non seulement navigué, mais elle a régaté sur ce tour du monde immense, elle qui s’enthousiasmait au large de la Namibie de n’être « jamais allée aussi loin de sa vie » ! Avec une sagesse peu coutumière des gens de son âge – même si un certain Alan Roura avait déjà, en 2016, lui aussi couru à 23 ans -, la skipper de DeVenir, 18e de The Transat CIC en 2024 et 21e de la Transat Jacques Vabre en 2023, a su alterner entre les phases de bataille féroce avec ses camarades, et les moments où lever le pied, quand elle sentait sa sécurité menacée.
A deux reprises, avant le cap de Bonne Espérance et surtout avant le cap Horn, Violette choisit, toujours avec sagesse, de lever le pied. « C’est une décision difficile, mais je préfère préserver mon bateau, pas tout aller casser et finir cette course ! » explique l’ancienne figariste alors qu’elle patiente durant trois jours au large de la pointe sud-américaine, avec les expérimentés Arnaud Boissières et Eric Bellion.
« J’ai eu trop peur »
C’est cette gestion « en bon marin » qui lui aura permis de boucler sa boucle et préserver autant que possible sa fidèle monture. Mais un Vendée Globe n’en serait pas vraiment un sans « une emmerde par jour », comme dit l’adage, et la benjamine, à ce jeu, n’a pas été épargnée par le bizutage. Les tracas commencent dans l’Indien et ses conditions toniques où Violette Dorange démonte et remonte intégralement, sept heures durant, sa colonne de winch. Puis les choses se corsent au large du cap Leeuwin, franchi en 26e position dans des conditions toniques. Dans un grain à 50 nœuds, son FR0 se déchire, et l’anneau qui maintient la bastaque casse. « J’ai cru que le mât allait se briser en deux. J’ai eu énormément de chance », dit-elle, avant de connaître plus tard une importante avarie de moteur qui la prive d’une partie de son énergie.
Sans fard, la jeune navigatrice a partagé ainsi ses angoisses et ses coups durs, surtout le 19 janvier quand, au Sud du Brésil, elle doit monter au mât pour la deuxième fois par 20 nœuds de vent et 2 mètres de houle ! « Franchement, c’était un cauchemar. J’ai cru que j’allais me faire mal. Je ne le referai plus jamais de ma vie dans un tel contexte parce que j’ai eu trop peur. »
La magie des premières fois
Mais la course, heureusement, ne se résume pas à cela ! Car tout au long de sa grande boucle, c’est bien le bonheur sincère d’être en mer qui a irradié de cette jeune femme ! Du début à la fin, avec sa voix fluette et son sourire immense, la coqueluche du public s’est enthousiasmée de son quotidien, depuis l’équateur qu’elle franchit en 21e position, au nez d’un certain Jean Le Cam dont elle navigue sur l’ancien bateau, ou plus tard dans le grand Sud, sous la neige qui tombe sur le pont de son IMOCA.
Partout, c’est la magie des premières fois, à travers le regard d’une jeune femme si heureuse d’être là. Aventurière autant que régatière, mais surtout profondément à sa place. Quand, à son âge, certains font une année de césure pour aller découvrir du pays, Violette, elle, aura opté pour 90 jours autour du monde, et en revient certainement grandie. Nul doute que ce n’est pas la dernière fois qu’on la voit dans les parages…