Israël-Iran : Donald Trump va-t-il entrer en guerre ?
Donald Trump va-t-il impliquer directement les Etats-Unis dans le conflit israélo-iranien ? Le président américain semble mardi 17 juin préparer le terrain, malgré l'opposition farouche de ses plus proches partisans. Dans une rafale de messages sur son réseau Truth Social, l'impétueux président a appelé l'Iran à une "capitulation sans conditions", disant que sa "patience arrive à bout" au cinquième jour de la confrontation militaire entre Israël et l'Iran. Les Etats-Unis "savent exactement où se cache le soi-disant 'guide suprême'" iranien, l'ayatollah Khamenei, a-t-il encore menacé, avant de préciser qu'ils ne comptaient pas "l'éliminer (le tuer!), du moins pour le moment".
Il y a juste quelques jours, Donald Trump a empêché le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, avec qui il s'est entretenu à de multiples reprises, de cibler le leader iranien, selon un responsable américain. Peu auparavant, Donald Trump avait assuré que "nous contrôlons désormais complètement et totalement l'espace aérien iranien", semblant pour la première fois associer les Etats-Unis aux visées militaires d'Israël en Iran. Washington s'est contenté jusqu'à présent, du moins publiquement, de défendre Israël face aux missiles iraniens.
Bombardiers B2
Mais le vice-président J.D. Vance a indiqué sur X que Donald Trump pourrait prendre des "mesures supplémentaires" contre le programme nucléaire iranien. "Le président a fait preuve d'une remarquable retenue en maintenant l'attention de nos militaires sur la protection de nos troupes et de nos citoyens. Il pourrait décider qu'il doit prendre des mesures supplémentaires pour mettre fin à l'enrichissement par l'Iran", a écrit J.D. Vance. Selon le New York Times, Donald Trump envisagerait de faire appel aux bombardiers B2, équipés de bombes pénétrantes seules à même de frapper des cibles enterrées en profondeur comme le site d'enrichissement d'uranium de Fordo au sud de Téhéran.
L'exécutif américain n'a pas cependant abandonné la voie diplomatique, d'après le site Axios, et discute avec l'Iran d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient Steve Witkoff et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi. Entretemps, Washington muscle son dispositif dans la région et va y déployer le porte-avions Nimitz.
Frange "Maga"
Le président américain a quitté prématurément lundi soir le sommet du G7 au Canada, assurant sans autre explication que son départ n'avait "rien à voir" avec des efforts en vue d'un cessez-le-feu au Moyen-Orient. "C'est beaucoup plus gros", a-t-il dit. Il a réuni mardi son cabinet de sécurité dans la "Situation Room", la salle de la Maison-Blanche où les présidents américains se réunissent dans les moments de crise géopolitique ou lorsqu'ils ordonnent des opérations militaires importantes. Selon des responsables américains, Donald Trump n'a pas encore pris de décision et il garde toutes les options sur la table, la situation évoluant "d'heure en heure".
Une attaque iranienne contre les forces américaines dans la région changerait toutefois la donne, un responsable déclarant que Donald Trump ne tolérerait pas qu'"on touche à un cheveu d'un Américain". La Maison-Blanche s'évertue, à coup de posts sur les réseaux sociaux ou de communiqués, à mettre en avant le fait que le président américain n'a jamais dévié de sa position selon laquelle l'Iran ne peut pas avoir d'arme nucléaire.
Le message s'adresse notamment à la frange "Maga" des partisans de Trump, farouchement opposés à ce que les Etats-Unis participent directement au conflit et qui rappellent volontiers que le candidat avait fait campagne en tant que "faiseur de paix". Ainsi Tucker Carlson, ex-présentateur de Fox News, avait estimé dès la semaine dernière qu'"une guerre avec l'Iran représenterait une profonde trahison des partisans" de Trump. D'autres républicains, comme le sénateur Lindsey Graham poussent au contraire à profiter que Téhéran soit affaibli pour "finir le travail".
Reste que pour Trump, peu adepte du concept de changement de régime, "il s'agit d'un choix politique et militaire majeur qui pourrait définir son héritage au Moyen-Orient", souligne Behnam Ben Taleblu, de la Foundation for Defense of Democracies, un cercle de réflexion à Washington. Il y a tout juste un mois, dans un grand discours prononcé à Ryad, le président américain avait pourtant assuré que les Etats-Unis se garderaient désormais de dire à d'autres nations "comment vivre ou gouverner", s'en prenant aux "soi-disant bâtisseurs de nations", néoconservateurs ou progressistes.
Le vice-président américain le reconnaît à demi-mot. "Bien sûr, les gens ont raison de s'inquiéter de l'enchevêtrement" des Etats-Unis en matière de politique étrangère, a écrit mardi JD Vance, tout en appelant les Américains à faire "confiance" à leur président.