Shaun Adendorff : "En venant à Aurillac, j'ai dû me réinventer"
Joueur cadre d'Aurillac durant (presque) deux saisons, le 3e ligne Shaun Adendorff va rejoindre la Premiership anglaise. Le top niveau européen pour un joueur qui a pu rebondir grâce à Aurillac, après que le Sud-Africain a dû ronger son frein au pays.
Vous allez rejoindre Norhtampton. Qu’allez-vous garder de votre passage ici ?
Aurillac restera toujours spécial à mes yeux, et dans mon cœur. Je partirai avec toutes les amitiés que j’ai pu nouer ici, avec les supporters et les joueurs.
En arrivant ici en 2018 vous sortiez d’une période où vous jouiez peu. C’était aussi une chance de prouver que vous pouviez être un titulaire en puissance ?
C’est certain que je n’avais pas trop de temps de jeu en Afrique du Sud. Je suis content non pas seulement de ces titularisations, mais aussi d’avoir été capable d’évoluer pour revenir en numéro 8 et plus en flanker. Ce repositionnement m’a beaucoup aidé et m’a permis de revenir dans un XV de départ.
Cette arrivée en France, c’était aussi une revanche et un nouveau départ, pour vous ?
Oui, c’était totalement un nouveau départ. Je savais qu’en venant en France il y avait un style de jeu et une culture rugby différents. J’ai en quelque sorte dû me réinventer en tant que joueur de rugby, et ce retour comme 3e ligne centre a beaucoup compté. J’ai aimé ça.
Durant toute ma carrière au lycée et en jeune, j’étais numéro 8. Et quand j’ai fait la transition en pro, mon poste a changé pour flanker. Il a fallu appréhender les spécificités. Mais revenir au centre m’a permis de revenir à mes racines, ma force, et une position qui me convient mieux.
Formé en numéro 8, Adendorff a été contraint de basculer en flanker quand il est passé pro. C'est en signant à Aurillac qu'il s'est réinstallé à son meilleur poste, là où les Saints veulent le faire évoluer.Photo Jeremie Fulleringer
C’est aussi ce qui vous a permis de rejoindre les Saints et le top niveau européen…
Oui, on peut dire que ça a marché pour moi. Ce repositionnement est définitivement la meilleure option et la meilleure décision pour moi. Je vais là-bas clairement pour évoluer en numéro 8, donc ça a compté.
En début de saison, vous annonciez vouloir marquer dix essais, vous n’en étiez pas si loin avant la coupure…
Viser ces dix essais m’a motivé, m’a maintenu en chasse, en appétit pour faire plus sur le terrain, porter davantage le ballon. Et ça a marché. Je n’en étais pas loin. J’aurais aimé pouvoir aller au bout de ça.
Trois départs officialisés, un ouvreur toulonnais rejoint en EspoirsComme révélé par La Montagne le 28 avril dernier, le trois-quarts centre et capitaine de la Géorgie Merab Sharikadze ne sera plus aurillacois la saison prochaine. Le club l’a officialisé cette semaine, en même temps qu’il a fait savoir qu’un autre centre, Arthur Gach, et l'ailier Eroni Tuwai n’étaient pas conservés dans l’effectif cantalien pour la saison 2020-2021.Par ailleurs, le Stade a recruté l'ouvreur des Espoirs de Toulon Nathan Sabbia. A 20 ans, il rejoint le centre de formation. Apparu en Superseven, il n'a en revanche jamais évolué en Top 14.
Comptant parmi les chouchous de Jean-Alric, l'Aurillacois dit sa reconnaissance du public pour les sensations ressenties à domicile Photo Jeremie Fulleringer
Vous avez conscience que vous étiez devenu un des chouchous du public ?
Le rugby est vraiment un sport pour les spectateurs. Tu ne joues pas que pour toi, mais pour les gens qui te suivent. Tu dois toujours donner le meilleur pour tous ces gens et ces yeux sur toi. Et si tu es capable d’avoir ces petits moments, dans un match où le public te pousse, cela te motive encore plus. Pour moi, c’était génial de toucher la balle à Jean-Alric, ça me donnait faim pour courir plus fort, plus vite. Et je suis reconnaissant envers les spectateurs de Jean-Alric.
Vous partez avec l’assurance que le club reste en Pro D2. Pourtant, quand vous avez signé, le club avait d’autres ambitions que simplement se maintenir. Vous regrettez de ne pas avoir connu ça : les phases finales ?
Où que tu ailles, dans n’importe quelle équipe, tu as envie de laisser quelque chose derrière toi. Malheureusement, sur ces deux saisons, il y a eu des « péripéties » en dehors du terrain qui nous ont touchés en tant qu’équipe sur le pré. Ce n’était pas bon pour nous et pas bon pour le club. Mais on avait commencé à repartir sur autre chose et nous relever. On était dans la bonne direction. J’espère que le club continuera à franchir ces étapes, et je crois qu’ils peuvent le faire.
Si vous ne deviez garder qu’un match sous le maillot aurillacois, ce serait lequel ?
Personnellement, ce serait le dernier contre Montauban. Je me suis étonné moi-même. J’ai fait des choses que je ne m’attendais pas à réaliser. Et sur le plan collectif c’est un match contre Biarritz, il me semble (Bayonne en réalité, N.D.L.R.) et une victoire ici. Ils étaient tout en haut du classement et étaient venus avec une grosse équipe, pas une équipe pour se jouer à l’extérieur. Et nous avions vraiment besoin de cette victoire. Ca avait été un très gros match, face à des top joueurs et une belle victoire (41-27).
Le 3e ligne aurillacois s'était fixé un objectif de dix essais inscrit cette saison. Avec sept essais inscrits avant la coupure, le pari était en passe d'être réalisé. Photo Jeremie Fulleringer
Vous auriez pu rester à Aurillac. Le club vous avait notamment fait une proposition en ce sens. Même si la Premiership ne se refuse pas, regrettez-vous de partir ?
J’aurais adoré rester. Je me suis fait de bons amis, et quand vous partez de quelque part, vous ne voulez pas laisser ça derrière vous. Mais la décision a été mûrement réfléchie. Je crois que je dois jouer au haut niveau.
Et tu ne peux pas dire non à la Premiership quand tu es en Pro D2. C’est une opportunité que tout joueur doit saisir. Mais si les choses avaient été différentes, j’aurais adoré rester.
Vous vous êtes engagé pour deux ans ?
Oui, c’est ça.
Même si c’est encore très flou sur le futur de cette compétition, la Premiership peut aussi vous permettre d’envisager jouer la Champions Cup, vous y pensez ?
Je ne sais pas, j’espère que j’aurais cette chance. Mais qui me tarde surtout, c’est que le rugby revienne.
Interview réalisée par Jean-Paul Cohade