Enarque, technocrate de droite : avec Jean Castex, quid des promesses de renouveau de Macron ?
Emmanuel Macron a surpris même les observateurs les plus aguerris en nommant, ce 3 juillet, Jean Castex, 55 ans, au poste de Premier ministre après la démission d’Edouard Philippe le matin même. Le «Monsieur déconfinement» du gouvernement, officiellement délégué interministériel sur le sujet depuis avril, est un haut fonctionnaire, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à l’Elysée et maire Les Républicains (LR) depuis 2008 de Prades, une commune d’environ 6 000 habitants située dans les Pyrénées-Orientales. Technocrate cinquantenaire, homme de droite assumé, marié et père de quatre enfants, Jean Castex est loin d'incarner le renouveau dont certains espéraient Emmanuel Macron capable.
Macron à contre-pied
La nomination du Gersois étonne car beaucoup d’observateurs pressentaient une femme ou une personnalité issue de la diversité pour conduire le gouvernement français. Dans une interview à la presse régionale le 2 juillet, le président de la République avait lui même promis de mettre en place une «nouvelle équipe». Par ailleurs, Jean Castex ne semble pas très proche des idées souverainistes, remises au goût du jour par la crise du Covid-19 et récemment prônées par Emmanuel Macron.
Néanmoins, sa flexibilité, terme cher au locataire de l'Elysée, entre les coulisses l'administration et la réalité locale aura certainement joué en sa faveur, alors que le président s'est lancé dans la dernière ligne droite de son quinquennat. Jean Castex aura désormais la charge de former un gouvernement, dont la nomination devrait être rendue publique d'ici le 8 juillet, date du prochain Conseil des ministres.
De Vic-Fezensac à l'Elysée : entre administration et mandats
L'homme a été élevé dans les arcanes du pouvoir. Petit-fils du sénateur Marc Castex, il naît le 25 juin 1965 à Vic-Fezensac dans le Gers. Après un diplôme à l’IEP de Paris puis à l’ENA, il entre à la Cour des comptes. Jean Castex intègre la préfecture du Vaucluse au début des années 2000 puis la Chambre régionale des comptes d’Alsace entre 2001 et 2005. Il devient ensuite directeur de cabinet de Xavier Bertrand, d’abord au ministère de la Santé puis au Travail jusqu’en 2008.
Elu successivement maire de Prades en 2008 puis conseiller régional du Languedoc-Roussillon en 2010, il intègre quelques mois plus tard le cabinet du président de la République Nicolas Sarkozy, d’abord en tant que conseiller aux affaires sociales puis en qualité de secrétaire général adjoint de l’Elysée à partir de février 2011. Il restera en poste jusqu’à la fin du quinquennat. Celui qui a quitté LR ce 3 juillet, jour de sa nomination à Matignon, déclarait en 2010 à l'AFP : «Politiquement, je suis de droite et je l'assume parfaitement.»
Battu aux législatives en 2012 dans la 3e circonscription des Pyrénées-Orientales, il est réélu maire de Prades en 2014 et devient l’année suivante conseiller départemental du canton des Pyrénées catalanes. Magistrat à la Cour des comptes entre juin 2012 et septembre 2017, Jean Castex est nommé ce même mois délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris. Selon sa déclaration d’intérêts mise en ligne sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, il a pour le moment bénéficié d’une rémunération de 366 555 euros nets entre septembre 2017 et janvier 2020 pour cette mission. Soit environ 160 000 euros nets par an.
Jean Castex est par ailleurs délégué interministériel aux grands événements sportifs depuis janvier 2018. Il ne bénéficie à ce titre d’aucune rémunération. Depuis avril 2019, il est le président de l’Agence nationale du Sport mais également vice-président de Solideo depuis novembre 2019, la société qui livrera les ouvrages olympiques. Il n’a perçu aucun salaire pour ces deux missions.
D’après sa déclaration d’intérêts, Jean Castex a touché, pour l’année 2019, la somme de 160 467 euros nets ainsi que 47 714 euros bruts pour ses différentes affectations ainsi que pour ses mandats de maire et de conseiller départemental. Il a été largement réélu le 15 mars à la mairie de Prades avec 76% des suffrages.