Poussez avec nous la porte des anciens cachots de Mauriac (Cantal) devenus un musée à explorer
Poussez les portes du Musée de Mauriac et vous entrez dans l’histoire de la ville, à tous les âges. Entre vestiges gallo-romains, du XIXe siècle et même un côté monastique du XVe. Belle découverte à faire tout l'été, rue Emile-Delalo, derrière l'Hôtel-de-ville.
Dans la petite rue Emile-Delalo, derrière la mairie et l’ancien tribunal d’instance de Mauriac, l’enseigne indique « Musée ». Mais en y pénétrant, on ressent immédiatement une autre atmosphère que celle d’un simple lieu abritant des collections anciennes.
Six toutes petites salles voûtées et de grosses portes en bois avec des verrous plongent dans une autre ambiance. Ici, on ressent dans son être l’histoire passée de la Ville et de ce que fut cette bâtisse. Une histoire chargée et un bâtiment dont les missions ont changé au fil des époques.
Ambiance insoliteCar dans ces petites pièces où il ne fait pas bon être trop nombreux pour pouvoir circuler et découvrir l’exposition d’été (voir ci-dessous), à leur début, il s’agissait des dépendances du monastère Saint-Pierre. Une empreinte monastique datant des IXe, Xe siècles et une installation des moines dès le XVe siècle. Le fameux bailliage de Salers…
Après la Révolution, la Ville de Mauriac a repris en main le tribunal (situé plus haut) et le bâtiment de l’actuel musée devenu, entre-temps, une prison. Et c’est bien cette dernière fonction que l’on ressent encore dans ses murs blancs. Même rénové, l’ensemble garde son aspect carcéral et on imagine sans peine la vie des détenus d’alors, même si le coup de jeune a donné un sacré confort.
« Les appartements de quartier étaient situés au rez-de-chaussée et le greffe aussi mais ils n’ont pas pu rester car il y avait trop d’humidité », explique Cathy Chambon, la mémoire vivante de l’histoire mauriacoise qui guide les visiteurs de l’office de tourisme.
Le rez-de-chaussée dont elle ouvre ensuite une porte donne sur la cour des anciens détenus, aux murs hauts est aujourd’hui envahie par la végétation. Car le bâtiment s’étendait alors du nord au sud (une partie appartient aujourd’hui à un privé) et il avait même fallu prévoir l’accueil des femmes et donc agrandir la prison entre 1810 et 1820. Une prison fermée officiellement en 1951 mais où les gardiens ont continué de vivre jusque dans les années soixante-dix (avec plus ou moins de joie, voir notre encadré ci-dessous).
Le côté rigolo. Exposé au musée, un document fait beaucoup sourire. Il s’agit d’une parution dans le journal La Croix en octobre 1912. On peut y lire : « Cantal : une prison sans pensionnaire. On nous écrit de Mauriac. M. Le gardien-chef intérimaire de la prison de Mauriac arrivé dans notre ville depuis peu de jours, commence à s’ennuyer car sa maison est dépourvue de pensionnaires. Nous souhaitons néanmoins, malgré lui, que cela dure encore longtemps… Ce fait assez rare mérite d’être signalé. »
Dans les années quatre-vingt était lancée la rénovation pour en faire un musée. Aujourd’hui, le visiteur traverse un pan d’histoire, chaque été, en le visitant. Des murs qui ont vu passer également Catinon Menette, la bienheureuse béatifiée par Jean-Paul II en 1996. Elle venait y apporter son secours aux détenus.
Des voûtes datant probablement du XIXe siècle et un ensemble rehaussé dont on voit les traces encore permettent de reconstituer l’histoire. Pourquoi un plafond voûté ? « À l’époque, c’était pour lutter contre les incendies car le feu se répandait alors moins », précise Cathy Chambon.
Les portes des cellules dateraient, elles de 1812 à 1921, et portent encore les inscriptions gravées par les détenus, comme un témoignage de leur existence. Dans l’une des pièces, comme une petite tour ressemblant étrangement à un fanum et qui attesterait, en ce cas, des origines gallo-romaines de la ville. Et une grille joliment forgée provenant de la basilique pour protéger le lieu.
Dans une vitrine, trône également un document cadastral napoléonien de 1833. Tout un pan de l’histoire de la ville qu’on vous dit !
Magali Roche