L'histoire mouvementée du château des ducs de Bourbon, à Moulins, se dévoile grâce à des fouilles archéologiques
Le chantier du château des Ducs de Bourbon, surnommé La Mal Coiffée, qui permettra de sécuriser et d’ouvrir au public des parties pour l’instant inaccessibles, permet de belles découvertes.
« Des portes, dont on soupçonnait l’existence mais murées depuis longtemps, plusieurs cheminées dissimulées sous des enduits modernes, et de nombreux graffitis datés des XVIe et XVIIe siècles », énumère l’archéologue Mathilde Duriez, responsable du chantier de fouilles mené dans cet édifice emblématique de Moulins par le Service d’archéologie préventive du département de l’Allier.
Les archéologues ont encore des semaines de travail et de relevés à effectuer
« L’une de ces portes nous éclaire sur l’espace de transition entre le château de Louis II de Bourbon (XIVe siècle) et l’extension bâtie dans le prolongement par Anne de France (fin XVe), la construction et la circulation des personnes. La cheminée que nous venons de découvrir permet de comprendre les évolutions stylistiques et les multiples utilisations du lieu : dans une première cheminée médiévale de chauffe, on intègre au XVIIIe siècle une cuisinière, sans doute utilisée pendant la période d’occupation militaire. Au XIXe, retour à une cheminée de chauffe, avec un poêle, avant une dernière modification vers 1960 ».
Cette cheminée, remaniée à quatre reprises, révèle différents usages selon les époques, explique l'archéologue Mathilde Duriez.
A Moulins, l'emblématique Mal-Coiffée redore son blason grâce à de vastes travaux
Les graffitis médiévaux mis au jour, représentant des cœurs, des calvaires.... seront soigneusement recensés et protégés. Le plafond a été nettoyé, mettant en lumière les poutres en bois du Tronçais, certains couverts de blasons, ceux d’Anne de France et son époux Pierre de Bourbon.
Les graffitis médiévaux seront préservés photo François-Xavier Gutton
Le château, successivement palais, prison française pendant deux cents ans puis allemande sous la seconde guerre mondiale, a connu une histoire particulièrement riche et mouvementée, qu’on retrouve aux murs, aux plafonds, mais aussi à nos pieds : plusieurs sols superposés ont déjà été découverts, avec des ossements d’animaux, des céramiques qui seront analysés dans un second temps. « Ce travail nous permet de comprendre comment le château a été construit, comment il a été occupé ».
Dans la cour extérieure au château, les fouilles sont dirigées par Franck Chaléat : « Les espaces ont été très modifiés et sont peu lisibles », commente l'archéologue du Département. Il a pour l’heure retrouvé des murs de bâtiments du XVIIe. Mais le travail ne fait que commencer. Chaque couche de terre est soigneusement relevée, numérotée. Des boutons de manchette d’un uniforme viennent d’être mis à jour sous l’ancien bureau de la Gestapo.
Des boutons de manchette d'un uniforme mis au jour sous l'ancien siège de la Gestapo.
Ariane Bouhours
Chantier : une première salle ouvrira en novembreLe Conseil départemental, propriétaire du château des duc de Bourbon depuis 1986, avait déjà procédé à la mise hors d’eau de l’édifice. Ce nouveau chantier vise à ouvrir trois nouvelles salles aux visites. Coût de l’opération portée par le Département : 1,8 M € financés avec l’aide de la Région et l’Etat. La première des trois salles doit ouvrir samedi 14 novembre pour la Nuit des musées. Elle présentera une journée à la cour d’Anne de France, grâce à une scénographie lumineuse, projetée sur les murs de la salle.En attendant. Jusqu’au 3 janvier 2021, l’exposition L’Allier comme en 40 ! Lorsque la ligne de démarcation séparait les Bourbonnais est proposée dans d’autres salles du château. Conférences tous les vendredis à 19 heures jusqu’au 28 août. Plus d'infos au 04.70.20.48.47.