Les grandes affaires judiciaires de Corrèze : l'éventreur de Brive devenu cannibale
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Novembre 1997 : un homme est retrouvé éventré en pleine rue à Brive. Dominique Eyssartier est alors jeune avocate en formation. Plus de vingt ans plus tard, elle se souvient encore de ce crime et du regard du meurtrier.
Cette affaire avait atteint le paroxysme de la violence. Et c’est par ce dossier criminel, où l’indéfendable a dû être défendu, que Dominique Eyssartier, avocate au barreau de Brive, en Corrèze, a débuté sa carrière.
En novembre 1997, quand l’affaire éclate, l’avocate en devenir effectuait en stage au commissariat de Brive. Rue du lieutenant Paul-Dhalluin, le corps d’un homme est retrouvé, éventré, à la vue de tous. « Pour une affaire probablement en lien avec des stupéfiants, l’auteur du crime avait pris un laguiole et avait planté sa victime au niveau de l’estomac avant de remonter la lame vers le haut du corps, se souvient l’avocate. Ce n’est que lorsque les policiers ont soulevé le corps, qu’ils ont découvert, au milieu des tripes sur le sol, que des côtes avaient été arrachées ». Un acharnement terrible.
Un tueur qui s’acharne sur sa victimeL’auteur des faits, un homme de 29 ans connu pour sa toxicomanie, est ensuite interpellé sur la route du lac du Causse, à Lissac-sur-Couze. Après son coup-de-sang, il avait pris une voiture et roulé sur le cadavre.
Pour Dominique Eyssartier, l’affaire en reste là dans un premier temps. Pour sa formation, elle a eu tout de même l’occasion d’observer l’horreur à travers des clichés de police et les rapports d’autopsie. De quoi déjà rendre un rapport de stage haut en couleurs.
Les dates clés 29 novembre 1997 Dans la rue du lieutenant-Paul-Dhalluin, un homme est retrouvé mort, éventré. L’auteur est arrêté dans la foulée à Lissac-sur-Couze, après avoir causé plusieurs accidents. Mars 2000 Lors de son procès devant la cour d’assises de la Corrèze, Hamid Boulhala écope de trente ans de réclusion criminelle, pour ce meurtre d’une rare violence. 8 juillet 2004 Le meurtrier, alors emprisonné dans l’Indre, est découvert par un gardien de prison en train de manger la cervelle d'un de ses codétenus à la petite cuillère.
Défendre l'indéfendable en cour d'assisesQuelques mois plus tard, diplôme en main, la jeune avocate débute sa carrière dans le cabinet de Nathalie Clarissou, qui vient de récupérer un dossier d’assises. Elle doit défendre un certain Hamid Boulhala… L’auteur du meurtre de la rue Paul-Dhalluin.
« Trop jeune pour le défendre, Nathalie m’a demandé de travailler sur le dossier pour le préparer. Les faits sordides, la gratuité, l’acharnement sur le corps étaient vraiment marquants et durs. Comment construire une défense?? Que dire face à un tel acte?? Quels sont les arguments?? », se souvient Dominique Eyssartier.
Il était très physique, avait un regard noir, inexplicable, un puits sans fond. Il faisait flipper.
Lors de l’audience, Dominique Eyssartier a observé son ancienne maître de stage, défendre l’indéfendable devant une audience hostile. « Elle avait fait une plaidoirie en se basant sur la personnalité de l’accusé, sur sa dangerosité et qu’il pouvait partir en vrille n’importe quand. Elle avait raison, et Hamid Boulhala avait écopé de trente ans de prison », se souvient l’avocate, qui a eu l’occasion de rencontrer le meurtrier dans sa prison à Tulle. « J’ai dû lui faire signer des actes pour savoir s’il acceptait sa décision. Il y avait quatre gardiens. Il était très physique, avait un regard noir, inexplicable, un puits sans fond. Il faisait flipper », se remémore-t-elle.
Rue lieutenant Paul-Dhalluin, à Brive. Crédit Frédéric Lherpinière
L’éventreur devient cannibaleEn juillet 2004, Dominique Eyssartier entend de nouveau parler du criminel. Dans la maison centrale de Saint-Maur (Indre), un meurtre terrible vient de se produire. Un prisonnier de 36 ans s’est jeté, un cendrier à la main, sur un gardien qui distribuait les repas avec un autre détenu.
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Ayant réussi à s’échapper et parti chercher du renfort, le fonctionnaire et ses collègues avaient retrouvé l’agresseur en train de manger, à la petite cuillère, la cervelle du détenu qui était de corvée. L’auteur du crime n’était autre que Boulhala. L’éventreur de Brive était devenu cannibale. « Je me souviens encore de son regard », lâche l’avocate.
Pierre Vignaud