Un petit livre jeunesse pour aborder les différences en classe
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Il y a cet enfant hyperactif, celui qui souffre de la séparation de ses parents, d’autres touchés par un handicap, la précarité, la précocité… Finalement, une classe d’école est riche de ses différences, pour peu qu’on pose un regard bienveillant dessus, nous souffle à l'oreille la dessinatrice Daisy.
Au ton de sa voix, on l’imagine faire partie de ces personnes qui ne se laissent pas facilement abattre. L’an passé, son petit dernier, qui approche des 4 ans, a été diagnostiqué autiste. Daisy, l’auteure de « Dans ma classe extraordinairement ordinaire » (aux éditions Ailes & Graines) avait déjà commencé à s’interroger sur la perception entre enfants de ces « différences ».L'idée de ce livre jeunesse est née ainsi. Pas pour cibler un handicap en particulier ni nommer précisément, mais pour aborder toutes ces différences qui se mêlent dans une même classe pour devenir finalement « extraordinairement ordinaires », à y regarder de plus près. « J’avais envie de montrer à tous les enfants qu’ils ont chacun leur singularité, que ce soit des facilités, des craintes, des difficultés de la vie… ».
« Charlotte qui a la bougeotte »Extrait de « Dans ma classe extraordinairement ordinaire » (aux éditions Ailes & Graines)La dessinatrice ne souhaitait pas « coller des étiquettes » à chaque personnage, mais derrière « Charlotte qui a la bougeotte », « Clémentine qui ne mange pas comme nous à la cantine », Anthony qui a une « maîtresse rien que pour lui », « Anna qui a deux papas », « Salomon qui ne parle pas la même langue à la maison »… apparaissent en arrière-plan de ce livre à plusieurs niveaux de lecture ces différences auxquelles on a parfois donné des noms barbares : TDAH, dyslexie, douance, mais aussi des différences sociales, culturelles, physiques, familiales…
« Je n’ai pas voulu hiérarchiser »« J’ai voulu brosser un tableau de ces enfants qu’on croise dans toutes les classes et les mettre tous sur une même ligne. Je n’ai pas voulu hiérarchiser », confie la jeune femme, heureuse de voir des enseignants « s’approprier ce livre comme un outil en classe pour initier un débat » et inviter à la bienveillance. Deux écoles du département où elle réside, le Cantal, l’ont déjà sollicitée pour venir en parler bientôt en classe, si le Covid le permet…
Voir cette publication sur InstagramDaisy note les progrès réalisés en termes d’inclusion, ne serait-ce qu’en raison de « diagnostics plus précoces » qu’autrefois de certains troubles médicaux. « Ma dyslexie, par exemple, n’a été diagnostiquée qu’à ma majorité, alors qu’aujourd’hui les enseignants sont sensibilisés. Un enfant dyslexique est repéré beaucoup plus tôt et des outils peuvent être mis en place ».
L'instagrammeuse Daisy Dessine gomme les différences
Elle note aussi une « volonté de faire des écoles plus inclusives vis-à-vis du handicap » sans nier les difficultés pour scolariser des enfants au regard du manque d’auxiliaires de vie scolaire. La jeune maman de deux garçons, – l’aîné a 8 ans – confie sa chance d’avoir pu scolariser son fils dans une unité d’enseignement en maternelle adapté dans son village et souhaiterait que tous les enfants autistes puissent bénéficier de cette prise en charge dont elle mesure les bienfaits.Extrait de « Dans ma classe extraordinairement ordinaire » (aux éditions Ailes & Graines)
Cette diplômée des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand et d’art-thérapie à la faculté de médecine de Tours, native de Nancy, est d’abord devenue infirmière par passion pour les métiers du soin. Le réseau de soins palliatifs dans lequel elle a exercé pendant trois ans a fini par fermer.
L’occasion de se poser quelques questions existentielles. Ses illustrations, qu’elles poursuivaient par ailleurs, lui prenaient de plus en plus de temps. « Je me suis dit, je vais me lancer ! ». Aujourd’hui, elle ne regrette pas le choix de se consacrer à sa tablette graphique et à son compte Instagram aux 33.300 abonnés. Elle travaille notamment pour le conseil départemental du Cantal et sur bien d’autres projets comme un roman graphique autour de l’autisme à destination des adultes.
« J’aime illustrer des sujets sensibles, mettre en images des choses délicates à aborder »
Mais en restant fidèle à son tempérament positif. « Je ne veux pas tomber dans le pathos ou faire des choses larmoyantes, même dans les moments où c’est difficile ». De ses métiers d’avant, elle a gardé son attention aux autres. « J’aime les gens dans leurs particularités, dans leurs difficultés. J’essaie de me mettre à leur place. D’un point de vue personnel, je me dis aussi que mettre en lumière les différences et inciter les gens à mieux les comprendre, à être tolérants, sera bénéfique pour notre enfant. Je reste optimiste. J’essaie du moins ».
Florence Chédotal
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