Loi contre le séparatisme: l'interdiction du voile pour les fillettes jugée irrecevable
Près de 1.700 amendements ont été déposés sur ce projet de loi « confortant le respect des principes de la République » en commission toute la semaine, en prélude aux débats dans l’hémicycle à partir du 1er février.« On souhaite une discussion modérée... J’ai peu d’espoir », glisse l’un des rapporteurs.Le texte est censé traduire le discours d’Emmanuel Macron le 2 octobre aux Mureaux, où le chef de l’Etat avait présenté sa stratégie pour lutter contre l’islam radical, longtemps attendue. La décapitation du professeur Samuel Paty puis l’attentat dans une église à Nice n’ont fait que renforcer les attentes dans une France où les crispations relatives à la laïcité et les religions, électrisent régulièrement le débat public.Or le projet de loi bouscule aussi des piliers comme la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État ou les libertés d’association et d’enseignement, avec le risque d’effets secondaires
Interdire le voile pour les fillettes : ça ne plaisait pas au chef de l'Etat
Parmi les amendements qui ont suscité la controverse, voire un « emballement médiatique« celui de l’interdiction du voile pour les petites filles ou les accompagnatrices scolaires, proposée par les députés LREM Aurore Bergé (Yvelines) et Jean-Baptiste Moreau (Creuse) .
Aurore Bergé
Argument: « des enfants de 5 ou 6 ans n’ont pas forcément leur libre arbitre ». L’amendement irritait le chef de l’Etat. Dimanche soir, Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau ont annoncé dans un communiqué commun que leurs amendements ont été « déclarés irrecevables par la commission spéciale car sans rapport direct légistique avec le projet ».
Jean-Baptiste Moreau, député LREM de la Creuse
— Jean Baptiste Moreau (@moreaujb23) January 17, 2021« Parmi les reproches qui nous sont faits, on nous dit que pour régler le problème des musulmans, on tape sur tout le monde. De l’autre côté, on nous accuse de stigmatiser l’islam sans arriver à le cacher », schématise un membre LREM de la commission.
Batteries de mesure contre la haine en ligne ou les mariages forcés
Découpé en quatre grands titres, le projet de loi prévoit une batterie de mesures sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne, l’instruction en famille, le contrôle renforcé des associations, une meilleure transparence des cultes et de leur financement, la lutte contre les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés, etc.C’est une loi « de liberté et non de contrainte » qui « ne vise pas les religions en général, ni une religion en particulier », juge Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur qui porte le texte avec Marlène Schiappa.