A 20 ans, la Solognote Zoé Kouvelas fréquente l'Ecole nationale d'aviation civile pour devenir pilote de ligne

« Ce que je trouve très intéressant, c’est quand les élèves dépassent le maître. C’est toujours une certaine fierté ! » Des jeunes collégiens souhaitant s’initier à l’aéronautique, François Dabin en a vu défiler, ces dernières décennies. Mais des élèves qui en ont fait leur carrière, il n’y en a eu qu’une quinzaine, estime l’instructeur et président de l’aéro-club d’Aubigny-sur-Nère, dans le Cher.

Parmi eux, Zoé Kouvelas. À tout juste 20 ans, cette jeune femme originaire de Brinon-sur-Sauldre a su brillamment réussir toutes les épreuves qui l’ont menée à l’École nationale de l’aviation civile, l’Enac, à Toulouse (Haute-Garonne), où elle est en première année comme élève pilote de ligne, après avoir suivi, l’année dernière, une prépa intégrée.

Pour rejoindre cette prestigieuse formation dans la seule école publique de ce type en France, Zoé Kouvelas a dû prouver qu’elle avait sa place. Alors qu’elle devait préparer son bac scientifique dans son lycée de Vierzon, la jeune pilote a aussi concentré ses révisions sur l’exigeant concours qui devait lui permettre d’intégrer la prépa de l’Enac : examens écrits en maths, physique, aéronautique et anglais, tests psychotechniques, psychomoteurs, psychologiques… À l’issue des sélections, lors desquelles l’école avait reçu 147 candidatures pour 5 places, elle est arrivée en première position. Tout en obtenant son bac, mention Très bien, ainsi que son permis de conduire… la même semaine.

"Je suis consciente que c’est exceptionnel. Le métier de pilote est très difficile d’accès"

« Je suis consciente que c’est exceptionnel, d’être là où je suis, confie-t-elle. On s’en rend compte, d’abord, quand on reçoit les papiers à en-tête de l’école. Le métier de pilote est très difficile d’accès. Et à l’Enac, on est des privilégiés car on travaille par petits groupes, on peut faire du simulateur… »

Aujourd’hui, Zoé effectue sa « deuxième première année » (où une place l’attendait, à condition qu’elle conserve une moyenne minimum de 12/20 et qu’elle réussisse ses examens), consacrée aux matières théoriques.

Alors que l’année est divisée en deux sessions, la jeune Solognote a obtenu, il y a quelques jours, ses premiers certificats pour la licence de pilote de ligne théorique. Dans ce contexte particulier, ce n’était pas une mince affaire.

Car, depuis le début de la pandémie, les cours sont dispensés en visio. « C’est très long ! Comme les profs sont des pilotes de chez Air France, les cours de mécanique de vol peuvent durer quatre heures. Ce n’est pas facile d’être concentrée », raconte Zoé, qui peut compter sur le soutien de ses vingt-deux autres camarades de promo.

L’année prochaine, Zoé débutera les cours pratiques. Elle apprendra à piloter un monomoteur puis un bimoteur, à travailler en équipage et, dans un simulateur A320, à se sortir de situations inconfortables… Dans un peu plus de deux ans, quand elle sortira de l’Enac, sa licence de pilote de ligne en poche, elle sera embauchable par des compagnies aériennes. Son rêve ? Travailler pour Air France. « Mais ça ne sera pas pour tout de suite. Il y a une liste d’attente et, en ce moment, ils ne recrutent plus. »

Alors que certains de ses camarades n’ont jamais eu la chance de voler, elle, qui se rend à l’aérodrome d’Aubigny-sur-Nère dès qu’elle a l’occasion de rentrer en Sologne, est déjà une pilote confirmée ayant obtenu sa licence de pilote privé fin 2019.

Plus qu’une vocation, voler, pour Zoé Kouvelas, est une véritable passion. Cet été, alors qu’elle aurait pu choisir de profiter de ses quelques jours de vacances, elle compte participer au Tour aérien des jeunes pilotes, organisé par la Fédération française aéronautique. Quinze jours durant lesquels des jeunes âgés de 18 à 24 ans effectuent un tour de France des aérodromes et des aéroports pour « faire partager cette passion au public », décrit Zoé.

Présélectionnée pour cette compétition, elle espère être convoquée à Paris en mai prochain pour passer (à nouveau), des sélections. « Cela fait très longtemps que j’ai envie de faire ça. On va apprendre beaucoup de choses sur le pilotage. Il y aura une initiation au vol de montagne… Découvrir d’autres manières de piloter, d’autres paysages, d’autres aérodromes et voler dans des espaces aériens contrôlés, cela m’apportera de l’expérience. »

Pour ce projet, Zoé Kouvelas peut évidemment compter sur François Dabin, toujours à ses côtés depuis les cours du BIA, le brevet d’initiation à l’aéronautique, que Zoé a suivi au collège, jusqu’à, espérons-le, cette licence qui lui permettra de devenir pilote de ligne. Modestement, l’instructeur assure à la jeune pilote qu’il s’est simplement « contenté de lui mettre le pied à l’étrier ».

Pauline Mareix