Pourquoi Clermont-Ferrand et d'autres communes du Puy-de-Dôme se lancent dans « la résilience territoriale »
Anticiper les chocs pour amoindrir leurs effets. Tel est le but du partenariat passé entre le Centre d’innovations sociales Clermont Auvergne et plusieurs communes du Puy-de-Dôme, qui devraient être rejointes par d'autres prochainement.
On ne pourra jamais prévoir l’imprévisible. Mais pourquoi ne pas commencer par recenser tous les risques connus pour diminuer leurs effets ?
Pour ce faire, le Centre d’innovations sociales Clermont Auvergne, cinq communes et une intercommunalité du Puy-de-Dôme ont entamé un travail de recherche et de développement autour des enjeux de « résilience territoriale ».
Les explications de Marion Canalès, la coprésidente du Cisca.
Qu’est-ce que la « résilience territoriale » ?« La résilience, c’est la capacité à anticiper et donc mieux amortir, à terme, des problèmes à venir qu’on ne connaît pas.
La résilience territoriale est vraiment la capacité, pour un territoire, et par conséquent pour les collectivités, comme les populations qui y vivent et le monde économique, d’anticiper les chocs, donc de les connaître, pour pouvoir mieux y répondre et amortir l’effet qu’ils ont, lorsqu’ils arrivent. »
Clermont a décidé de travailler sur la résilience démocratique. (photo Franck Boileau)
Comment fait-on ?« Tout l’enjeu est de savoir définir un maximum de problèmes qui peuvent nous arriver afin d’être prêts, au moins sur ceux-là. Puisqu’on sait qu’il y en a qu’on ne peut pas prévoir, type le Covid.
Plusieurs types de résilience peuvent être définis : sanitaire, économique, énergétique, alimentaire, hydrique, même démocratique ! »
Pouvez-vous nous donner un exemple ?« On prend souvent l’exemple du stress hydrique. Ici, il s’agit de prendre en compte cette pénurie d’eau, car elle arrivera, et de mettre en place des outils, dès aujourd’hui. Par exemple en entretenant mieux nos réseaux d’eau, en faisant des bassins d’orage, en investissant, comme on le fait à la Métropole, 12 millions d'euros dans l’assainissement pour avoir moins de déperdition.
Tout ça fait partie d’une action qui œuvre à la résilience territoriale sur ce sujet-là. »
Les partenariats que vous lancez doivent permettre de fédérer tous les acteurs ?« Le Centre d’innovations sociales regroupe les trois mondes : le monde de la recherche, le monde académique ; le monde de l’action publique, le monde politique ; le monde de l’action économique. Les chercheurs ont verbalisé le principe de la résilience territoriale mais, finalement, on en fait tous un petit peu depuis longtemps. »
Le Centre d’innovations sociales regroupe les trois mondes : le monde de la recherche, le monde politique et le monde de l’action économique. Il a pour objectif de bien mettre les chercheurs avec le monde économique et les collectivités au service les uns des autres.
Quelles communes se sont déjà lancées ?« Le Cisca a passé des partenariats avec Gerzat, Orcines, Sayat, Vic-le-Comte, Clermont et l’intercommunalité du Sancy. Les chercheurs vont regarder la politique ciblée par la collectivité et proposer un programme de résilience sur un sujet circonscris.
La communauté de communes du Sancy a passé un partenariat avec le Cisca (photo Thierry Lindauer)
Orcines, par exemple, se posait la question de son plan communal de sauvegarde, un document obligatoire. Les élus se sont dits, “adaptons-le pour pouvoir anticiper des périls potentiels sur la commune”.
Avec Clermont, ça va être plus sur la résilience démocratique, avec le budget participatif. Chaque commune cible une politique publique qui lui semble être une des portes d’entrée pour mettre en place un programme de résilience territoriale. »
D’autres communes doivent rejoindre le mouvement ?« Oui. Cournon travaille dessus, Thiers également, plus la Métropole, à terme.
Notre propos s’adresse aussi aux entreprises parce que leur action est primordiale, pour tous les sujets ; le monde économique fait la ville autant que les citoyens, autant que les pouvoirs publics ! »
Propos recueillis par Gaëlle Chazal
(gaelle.chazal@centrefrance.com)