Amélie de Montchalin : « Notre volonté est de transformer les mots politiques en réalités quotidiennes »
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La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin, candidate aux régionales dans l’Essonne, veut pouvoir afficher un bilan en face des promesses.
N’est-il pas difficile pour vous d’exister politiquement quand le sanitaire avale tout ?
Je crois précisément qu’il est encore plus nécessaire, dans cette crise, de montrer que les engagements de 2017 sont tenus et que la démocratie est efficace, avec des résultats partout sur le territoire. Car la vie continue.
Que l’on parle d’accès à la santé, à l’emploi, aux services publics, ces promesses doivent être tenues, crise ou pas crise !
Voilà pourquoi, en janvier, nous avons mis en ligne, sur le site du Gouvernement, ce baromètre de l’action publique, département par département pour suivre l’avancement des réformes et accélérer… Notre volonté est de transformer les mots politiques en réalités quotidiennes.
Ne cherchez-vous pas aussi à soigner la crise de confiance dans les politiques publiques successives, depuis certains territoires où on ne voit rien venir ?Absolument. Le Président a toujours dit qu’il voulait agir pour le quotidien des Français. Notre objectif est double : agir en transparence et accélérer, en réalignant les services de l’État, les élus de terrain, les différents acteurs sur les mêmes objectifs. Aujourd’hui, on doit faire face à beaucoup de fake news, de populisme, de complotisme, beaucoup de relativisme aussi. Il faut remettre la réalité au cœur du débat : les faits, rien que les faits, que l’on parle de fibre, de dédoublement des classes, des espaces France Services… J’invite les Français à consulter ce baromètre, déjà visité par 300.000 personnes. Mon message, c’est « Jugez par vous-mêmes ».
Les élections qui viennent sont aussi le temps des jeux politiques…Je suis pour que ces élections soient un moment de vérité. Cela fait trois ans que l’on travaille, main dans la main, avec les élus locaux. On n’a jamais signé autant de contrats avec les collectivités, notamment autour de la relance. On peut avoir des visions politiques différentes, mais on ne peut pas mentir sur les faits.
Ceux qui ont pour projet politique de taper sur l’État pour se faire élire sont dans l’impasse. Ce qui compte, c’est de faire avancer le quotidien, ce ne sont pas ces postures ni cette chorégraphie politicienne que les Français connaissent trop bien et qui a pour conséquence l’abstention ou la montée du populisme.
On ne peut pas relever les défis immenses qui nous attendent sur les territoires si on se rend otage des jeux politiques. On a besoin d’avancer ensemble. Il faut montrer aux électeurs que leur vote sert à quelque chose. Dans l’Essonne, en tant que candidate, je ne jetterai pas l’anathème sur tel ou tel, mais j’expliquerai ce qu’on a fait concrètement depuis trois ans.Amélie de Montchalin en visite en Corrèze début mars. Photo La Montagne.
Comment analysez-vous la crise des vocations dans la fonction publique ?Selon les concours, depuis 1995, le nombre de candidats a été divisé par deux, voire trois. Pendant des années, on a parlé aux fonctionnaires soit comme à un électorat à séduire, soit comme à des boucs-émissaires responsables de l’ensemble des maux du pays.
Ma conviction est que les fonctionnaires sont au cœur de l’action publique et des résultats. Je crois qu’il faut rappeler le sens de leur métier, qui n’est pas de faire de la bureaucratie, mais de faire en sorte que les politiques sociales, éducatives… avancent.
L’idée est de redonner du pouvoir aux fonctionnaires de terrain et de moderniser leurs outils de travail. Grâce à des stages – 40.000 en 2021 – et à des contrats d’apprentissage – 14.000 –, nous voulons ouvrir nos portes pour faire connaître nos métiers. Nous devons être au cœur de l’ascenseur social.
Un ascenseur qui marche mal quand on pense à la haute fonction publique…Voilà pourquoi nous mettons en place les prépas « Talents », diplômantes, avec l’objectif qu’il y en ait au moins deux par Région, à la rentrée 2021. Il faut arrêter de penser que la France est encore celle de Balzac où il faudrait prendre sa valise et monter à Paris pour trouver sa place dans la société. Il faut donner toute leur chance aux jeunes, là où ils sont, de devenir magistrat, directeur d’hôpital, préfet, commissaire de police…
62 % des fonctionnaires sont des femmes, mais il y en a moins aux postes à responsabilité.Il n’y a pas de fatalité. Beaucoup de progrès ont été faits depuis que le Président en a fait une cause du quinquennat. On est passé de 30 % de femmes nommées en conseil des ministres à la fin du quinquennat Hollande à 43 % en 2020. L’enjeu maintenant est d’insuffler cette même dynamique dans les ministères, lesquels m’ont adressé des plans d’action.
C’est fini le temps où le candidat Emmanuel Macron promettait de supprimer quelque 120.000 postes de fonctionnaires ?Notre priorité est de mettre les bonnes compétences au bon endroit, par exemple en envoyant 2.500 fonctionnaires vers les territoires, en particulier dans les services départementaux de l’État.
On veut des bras, des yeux, et surtout de la décision au plus près de là où ça se passe. On n’a pas augmenté le nombre de fonctionnaires, mais on se réorganise pour créer de l’efficacité.
Propos recueillis par Florence Chédotal
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Bio expressAmélie de Montchalin à Vichy en octobre dernier. Photo La Montagne
Son parcours pro. Née le 19 juin 1985 à Lyon (Rhône), Amélie de Montchalin est diplômée de HEC et de la Harvard Kennedy School. Elle est passée par BNP Paribas et AXA. Son parcours politique. D’abord proche de LR, elle a rejoint LREM fin 2016. Élue députée de l’Essonne en 2017, elle devient secrétaire d’État chargée des affaires européennes en 2019, puis ministre de la Transformation et de la Fonction publiques en juillet 2020. Ses passions. « Je suis maman de trois enfants en bas âge donc mes passions sont très familiales. J’aime beaucoup randonner par ailleurs et lire ». Ses livres de chevet : « Terre des hommes » de Saint-Exupéry?; « Conscience contre violence » de Stefan Sweig.