Carte scolaire : les maires de Creuse se fâchent
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Alors que le député de la Creuse avait affirmé pouvoir obtenir des postes d’enseignants supplémentaires pour la Creuse, le CDEN a malgré tout eu lieu. Et il a refroidi les espoirs des maires, qui le vivent comme un « coup de couteau ».
Du « plan particulier pour la Creuse », on serait passé au « traitement particulier pour la Creuse ». « Et ce traitement, il est mauvais », assène Michel Moine, maire d’Aubusson. Lors d’une réunion de l’Association des maires et adjoints de la Creuse (Amac) aux allures de sommet de crise, les édiles ne mâchent pas leurs mots contre l’État.
Retournement de situation« Des enfants sont privés d’éducation. Or l’école est laïque, publique et obligatoire. Alors que l’État se débrouille. Sinon on se fâche », prévient Michel Vergnier, président de l’Amac. Les élus ne digèrent pas le dernier Conseil départemental de l’Éducation Nationale (CDEN), qui s’est tenu mardi alors qu’une bonne partie de la communauté éducative réclamait son report. La raison?? L’annonce du député de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, samedi dernier, qu’il allait pouvoir obtenir des postes supplémentaires pour éviter des fermetures de classes et abonder la brigade de remplacement en Creuse.
Des promesses restées pour le moment lettre morte et dénoncées comme des « fausses pistes » par le Dasen Laurent Fichet, rapporte Michel Moine, présent au CDEN. Cyril Victor, maire de Gouzon, voit derrière l’intransigeance de l’Inspecteur académique la patte du ministère de l’Éducation nationale : « Je n’imagine pas l’Inspection académique valider cette carte sans l’aval de Paris ». Les élus locaux s’accordent sur le manque de considération de l’État pour les territoires ruraux : « Est-ce qu’on veut revitaliser nos territoires ou des petites dépenses pour un petit budget?? », s’interroge Dominique Foiret, adjoint au maire d’Ahun. « On compte beaucoup sur nous pour la crise du Covid, voilà comme on est remerciés » se lamente Joël Royère, maire de Saint-Dizier-Masbaraud.
Durcir le bras de ferFace à « l’impression de ne pas être entendus », Evelyne Chabant, maire de Saint-Alpinien, entend « jouer les dernières cartes, car on ne peut pas baisser les bras vu l’implication des parents d’élèves ». Marie-Françoise Fournier, maire de Guéret, souligne l’urgence de la situation : « A Guéret on a subi des fermetures de classes voire d’écoles entières pendant la crise sanitaire. Des enfants ont totalement décroché. Il n’y a pas pire moment pour supprimer des postes ». Sylvie Sergent, représentante de la FCPE en Creuse, croit en une grande mobilisation, elle qui n’a jamais vu une telle « osmose » entre élus, parents d’élèves et syndicats.
Du côté des maires, l’Amac veut faire passer à l’ensemble des conseils municipaux du département une motion de soutien à cette rallonge de poste, pour faire la démonstration que « l’ensemble des élus du territoire est solidaire pour que la vie sur le territoire soit possible ».
Tous appellent à grossir les rangs de la manifestation prévue demain, samedi. Y compris pour les habitants des communes non concernées par les fermetures de classes, « car ceux qui ne seront pas concernés aujourd’hui le seront demain », prédit Cyril Victor. Un nom revient avec insistance : Jean-Baptiste Moreau, vu comme l’ultime maillon entre le gouvernement et la Creuse. « On compte sur lui pour qu’il soit à nos côtés avec son écharpe ».
Tom Jakubowicz