Tous vaccinés en Creuse... c'est pour bientôt ?
En Creuse, ça vaccine. Mieux qu’ailleurs mais pas encore assez vite pour que tous – enfin, tous ceux qui le veulent – nous puissions recevoir les injections qui nous libéreront. Mais les acteurs locaux de la stratégie vaccinale préparent déjà cette étape. Explications.
La Creuse a longtemps fait la course en tête.En Nouvelle-Aquitaine, elle est le département où la population a été la mieux vaccinée avec, actuellement, 13,6 % de Creusois ayant reçu une première dose et 6,8 % les deux injections.
Depuis quelques jours, certes, la Corrèze est passée en tête pour les premières doses (14,3 % de couverture vaccinale), mais pas pour les doubles injections et un doublement des livraisons hebdomadaires est annoncé pour la semaine prochaine (de 2.500 à 5.000).
Pourquoi ça marche mieux au local qu’au national ?Ijnections vaccins par semaine au 23 mars 2021La stratégie vaccinale locale fonctionne et se prépare à cette accélération qui, à terme, doit permettre à tous ceux qui le souhaitent de se faire vacciner sans plus de critères d’âge ou d’état de santé.
Ce plan de bataille, ce sont les sept centres de vaccinations auprès desquels il faut prendre rendez-vous (*). L’opération Aller vers qui ouvre des centres de vaccinations éphémères dans les villages et, enfin, les opérations coups de poings de vaccinations sans rendez-vous qui peuvent accueillir plusieurs centaines de personnes à chaque fois.
La troisième, à l’Espace André-Lejeune de Guéret, s’achève aujourd’hui à 17 heures et doit avoir réussi à injecter six cents doses de Moderna depuis jeudi.Une stratégie que l’accélération va faire évoluer. Déjà, avec l’ouverture d’un vaccinodrome à Guéret, justement dans cette Espace André-Lejeune. Les services de l’État préfèrent parler de « super-centre ».
Pas de “mega”, attention, car comme l’indique Virginie Darpheuille « il ne sera pas question, ni possible, d’y vacciner des milliers de personnes. L’idée, de toute façon, ce n’est pas de tout concentrer à Guéret mais bien de toujours diffuser sur tout le territoire à travers les sept centres de vaccinations et les opérations temporaires ».
« En Creuse, on peut agir vite et réagir encore plus vite »En revanche, la “vaccination des villages” devrait s’arrêter mi-avril, bien trop lourde à gérer : « Sur les sept centres, on pourra assurer jusqu’à 3.000 vaccinations par semaine quand on en réalise une cinquantaine dans un village ». En revanche, d’autres “coups de poings” sans rendez-vous seront programmés en fonction de l’arrivage des doses.docteur Mickael Famin, vaccin Pfizer et Moderna, hopital guéret
« L’idée, c’est qu’on ne stocke pas : un gros arrivage, une grosse opération d’injections », résume Isabelle Dumond, directrice de l’antenne creusoise de l’Agence régionale de santé (ARS).
Partout, médecins, de ville et hospitaliers, infirmières, pharmacies, services de l’État, déjà les médecins du travail, de la Sécu, de la MSA, les pompiers et désormais les vétérinaires et dentistes sont mobilisables pour assurer le plus d’injections possibles.
Avec l’étrange impression que la stratégie vaccinale semble mieux fonctionner au local qu’au national. D’ailleurs, qui pilote en Creuse ?
« C’est peut-être justement parce qu’on ne se pose pas trop cette question que ça marche aussi bien, sourit Virginie Darpheuille. Qui pilote ? Si je vous dis moi, j’exagérerais car il y a les rôles essentiels d’Isabelle Dumond, des médecins, de l’hôpital de Guéret, des associations de maires que nous voyons tous les lundis, et plus s’il faut, du Service d’incendie et de secours… Tous mobilisés en quelques coups de fils pour monter un centre ou une opération. Les postes de responsabilité sont tenus par peu de gens en Creuse, avec peu d’intermédiaires, on peut agir vite et réagir encore plus vite. Faire dans la dentelle ou le coup de poing. »
Force et faiblesse du petitCertes, les Creusois continuent de s’arracher les cheveux pour obtenir un rendez-vous dans les centres de vaccinations. Mais le taux d’incidence continue à rester bas (59,3 % au dernier comptage) et aucun acte médical n’a été déprogrammé à l’hôpital de Guéret dont le service de réanimation n’accueillait, aux dernières nouvelles, qu’un seul patient Covid.
Et si le personnel hospitalier est épuisé au bout de cette année folle, il résiste toujours et encore.
La Creuse est-elle prête, alors, à passer à la dernière étape, la vaccination pour tous ?« Nous serons prêts, assure Isabelle Dumond. L’organisation est rodée, il ne manque plus que les doses. Et les doses arrivent ».docteur Mickael Famin, vaccin Pfizer et Moderna, hopital guéret
Quand, alors ? Sans trop s’avancer, la responsable de l’ARS veut croire qu’en juillet, tous ceux qui l’auront voulu seront vaccinés.
« Attention, le fait d’être “petit” nous a aidés jusque-là, prévient la préfète. Mais quand on arrivera à la vaccination de masse, la Creuse ne pourra aligner que les moyens qu’elle a en professionnels de santé ».
(*) Guéret, La Souterraine, Aubusson, Évaux-les-Bains, Bourganeuf, Sainte-Feyre et Boussac.
Éric Donzé