Top 14 : tops et flops d'une saison unique
La bourse aux valeurs du Top 14, après une saison frappée par le Covid, et dont le mérite a été d'aller à son terme, a livré son verdict vendredi dernier avec l'implacable domination du Stade Toulousain.
Nul n'oubliera cette saison 2020-2021, pas même les spectateurs relégués sur leur canapé, huis clos oblige. Sur le terrain, le suspense a été entier jusqu'au bout d'un exercice interminable, miné par les matchs reportés, suchargé aussi par deux phases finales européennes dans la même saison. Nous avons établi quatre catégories de performances concernant les 14 clubs de l'élite du rugby français.
1. Ils sont à leurs places. Et à la première, un Stade Toulousain qui n'a rien laissé à ses rivaux ; ni en Top 14 ni en Champions Cup puisque le club haut-garonnais a réalisé un doublé que seul Toulon avait réalisé jusque-là, en 2014. Champion de France en 2019, Toulouse a conservé son titre et a été une nouvelle fois exact au rendez-vous. En costaud.
La Rochelle, Bordeaux, mais aussi le Racing et Clermont peuvent finalement se satisfaire de leur place dans le top 6. Les Rochelais visaient sans doute un peu mieux qu'une finale (perdue), mais la taxe d'apprentissage était sans doute indispensable pour ce club. L'UBB, demi-finaliste, n'a pas à rougir, pas sûr que son effectif lui permette de tutoyer les sommets, du moins pour l'heure.
Le Racing et l'ASM ont connu des périodes difficiles, n'ont pas toujours été constants et dominants mais leur place dans le top 6 est plutôt conforme à leur statut, même si pour eux aussi, les ambitions étaient un brin plus élevées. Ces deux clubs ont souffert également sur la fin de l'absence de plusieurs joueurs majeurs.
2. Ils ont bien réagi. Ils étaient mal partis, voire mal barrés, mais dans la dernière partie de la saison leurs performances leur ont permis de relever la tête. Brive fait partie de cette catégorie alors que début décembre, son classement (13e) laissait craindre le pire. Un bon passage sur les premiers mois de l'année (jusqu'à fin avril) a donné clairement de l'air au club corrézien qui a éloigné le spectre d'une fin de saison sous tension.
Le Stade Français (dernier de la classe en mars 2020 lors de l'arrêt de la saison) et surtout Castres ont également effectué un changement de cap positif et retrouvé un rythme propice à une belle remontée au général. Le CO a échoué pour la qualification mais ne peut pas oublier que fin décembre, il naviguait en eaux très troubles (13e place). Quant aux Parisiens, l'accession dans le top 6 était quasi inespérée fin mars.
3. Ils n'ont pas tenu la distance. Lyon et encore plus Toulon ont quasiment tout perdu dans les dernières semaines de la compétition. 3e au classement début décembre, le LOU avait trouvé son rythme de croisière et bien surmonté surtout plusieurs épisodes de Covid à l'automne. Deux échecs de suite lors des fêtes de fin d'année (à Brive et contre Castres) ont un peu cassé le jouet.
Plus dure fût la chute du RCT. Pas tant sur ses résultats de début de saison mais sur ses prétentions sportives et son effectif très "internationalisé". Le club varois a payé cher la période hivernale du Tournoi, avec quatre défaites en six journées, dont deux à domicile face à La Rochelle et Bayonne. Toulon n'a pas accroché les phases finales, ni même une qualification en Champions Cup.
4. Ils ont décu. Malgré des moyens limités, Agen aurait dû faire mieux que ce zéro pointé : 26 défaites en 26 matchs. L'esprit n'était pas là, même pour sauver l'honneur. Parfois admirable de courage, l'Aviron bayonnais a connu des moments de faiblesse rédhibitoires. Mais la plus grande déception reste sa faillite en match de barrage contre Biarritz.
Et puis, deux clubs, aux moyens (financiers notamment) pourtant conséquents, n'ont pas été dignes de leurs rangs. Il s'agit de Pau et de Montpellier, qui ont lutté quasiment jusqu'au bout pour le maintien. La fin de parcours plus convaincante du MHR n'enlèvera pas les soubressauts et l'inconstance presque chronique du club héraultais.
Christophe Buron