Directeur des services techniques, Alain Flour part à la retraite après 37 ans à la ville de Brioude (Haute-Loire)
«Je suis arrivé discrètement, je partirai discrètement… » Sur la pointe des pieds, à l’image du personnage, réservé, effacé… Depuis cette phrase, lâché dans son bureau au hasard d’une conversation, Alain Flour a quitté le navire « Mairie de Brioude » à bord duquel il avait embarqué le 2 mai 1984.Trente-sept ans et sept maires plus tard, le directeur des services techniques se souvient, dans le détail, du jour où, jeune ingénieur, il débarque à Brioude, au lendemain de son service militaire, pour un entretien. Il est reçu par Paul Tichit, premier adjoint de la municipalité Jean-Paul Chambriard, qui lui dit : « on vous embauche pour faire des économies », pour « structurer le service. »
Au bureau dès 5 heures du matinIl quitte Saint-Étienne, le quartier de l’Estivallière, à deux pas du « Chaudron », qu’il voit bouillir en vert à chaque fois que les Larqué, Bathenay et autres Revelli foulent la pelouse de Geoffroy-Guichard. « J’ai vu le premier match où Rocheteau s’est révélé, confie-t-il. À l’époque c’était la Coupe d’été… » L’Ange vert ne porte plus les couleurs de l’ASSE quand Alain Flour rejoint Brioude. À peine ses valises posées, le voilà à gérer un « gros chantier » : la fin des travaux du village de vacances de la Visitation. Il baigne dans son élément, lui qui voulait éviter les grandes villes où « les ingénieurs sont catalogués dans des services ».
J’ai vu le premier match où Rocheteau s’est révélé. À l’époque c’était la Coupe d’été…
Sur le terrain dès potron-minet car « cela permet de travailler sans téléphone », Alain Flour dirige seul le service pendant une vingtaine d’années. La charge pèse de plus en plus. « Ce n’était plus possible », indique-t-il. La mairie recrute alors un adjoint à la direction technique, qui prend en charge le fonctionnement des différents services (propreté, jardin et stade, logistique et bâtiment), les commissions de sécurité… « J’ai gardé tous les projets d’investissement », précise-t-il. Et des dossiers, Alain Flour en ouvre et en referme tout au long de sa carrière. Ce qui « l’a intéressé particulièrement », ce sont les chantiers patrimoniaux comme le Doyenné, les fouilles archéologiques lors des aménagements de places ou encore les travaux de la basilique Saint-Julien. Il n’oublie pas non plus l’été où il a fallu transformer le village de vacances de la Visitation en école hôtelière. « C’était un challenge impressionnant, dur mais on a réussi. »Redouté des entreprises ? « Il parait mais je n’ai pas ce sentiment », signale Alain Flour. Il a apprécié leur confiance et celle des maîtres d’œuvre dans les marchés publics. Et sur les dossiers d’appels d’offres, « quand on éliminait des entreprises, j’ai toujours voulu savoir pourquoi. C’est pour cela que mes analyses étaient très poussées. » Il ajoute : « J’ai toujours défendu l’argent des Brivadois. »Ces années brivadoises vont aussi être marquées par des moments difficiles. « Ce qui m’a martyrisé, ce sont les drames humains que nous avons vécus. Je n’en dirai pas plus. »
Avec l'Amicale laïque et sportiveSa « bouffée d’oxygène », Alain Flour la respire tous les mardis soir : trois heures de sport au sein de l’Amicale laïque et sportive. Et les week-ends, il sillonne les chemins du Brivadois au guidon de son VTT. Plusieurs fois, lors du week-end du 14 juillet, « avec des amis vététistes », il a effectué la liaison Ceyrat (Puy-de-Dôme) - Blesle. Une centaine de kilomètres…
Je ne suis pas tout seul. Sans les autres je ne suis rien, c’est un tout.
À la mairie, où il ne compte pas ses heures, Alain Flour met en avant le travail d’équipe. « Je ne suis pas tout seul. Sans les autres je ne suis rien, c’est un tout. » Il évoque le Tour de France où il a relevé « une grande solidarité du personnel pour être à la hauteur de l’événement ». Ou encore la tempête de 1999, (« une nuit blanche sur le terrain »), les épisodes de neige avec, une année, plus de 50 cm à Brioude. « J’ai vu arriver M. Faucher à la mairie à ski avec sa fille. »Ce qui le touche, à quelques heures de franchir définitivement la porte de son bureau, « ce sont tous ces témoignages de reconnaissance et de sympathie que je reçois… » Ils affluent de toutes parts. De ses collègues de travail, d’élus, de responsables ou salariés d’entreprise… Et de Brivadois qu’il a rencontrés au cours de ses 37 années en Haute-Loire.
Trois questions à Alain Flour, directeur des services techniques de la ville de Brioude
Le directeur des services techniques transmet le flambeau à son adjoint Fabien Covinhes. « Je pars sans crainte, assure-t-il. C’est une personne qui a le sens des responsabilités. » Et pour que la transition se déroule en douceur, il lui a préparé « un recueil de 55 pages » sur les dossiers en cours. « Je reste joignable », complète-t-il.Alain Flour passe les deux mois d’été à Brioude. En septembre, il rejoindra Saint-Étienne, mais « reviendra à certaines occasions. »
Jean-Luc Chabaud