Ensemble, les enfants du club alpin français de la Creuse ont gravi le mont Everest
«Albane, Albane, Albane ! ». Les petits camarades sont en bas. Ils encouragent Albane, qui est en haut. Tout en haut. Pour la première fois de l’année, elle est parvenue au sommet du mur de 10 mètres. Son Everest à elle. Une belle consécration aussi pour les trois encadrants du groupe de dix enfants de 7 à 10 ans, Nolwenn, Louis et Benjamin. En un an, ils ont réussi à faire passer ce cap à tous les enfants du groupe.
Quelques minutes plus tard, Albane a encore du mal à redescendre. Elle se réfugie dans les bras de sa maman. « J’ai peur… », comme si elle était encore en haut de la cime. Puis se rend compte de son exploit : « C’est grâce au chamois ! la peluche était accrochée tout en haut ! ».Albane à la conquête de son Everest.
Un défi collectifExploit individuel, mais aussi au service du collectif. « Cela faisait des semaines qu’elle avait hâte de le faire », témoigne la maman d’Albane. Elle sait que, par les mètres qu’elle a accumulés au cours de l’année, elle aura contribué à l’immense défi que le groupe s’est fixé à l’automne : grimper l’équivalent de l’altitude du Mont Everest, soit 8.848 mètres. Pas étonnant d’entendre tous les camarades crier d’une seule voix quand enfin l’objectif a été atteint au cours de cette dernière séance de l’année, mercredi dernier. « C’est un aboutissement pour eux, car l’ascension du mont Everest n’est pas seulement fictive, elle se matérialise concrètement avec leurs efforts et les défis », développe Benjamin.
Cette route vers l’Everest, elle a été entachée de nombreux obstacles, en premier lieu le confinement. Pas de quoi décourager Nolwenn, pour qui « le sens de l’adaptation fait partie de l’alpinisme ». Alors les encadrants ont imaginé une série de défis à réaliser chez soi, afin de grappiller les mètres qui n’ont pas pu être avalés sur les murs du gymnase Léo-Lagrange. Réaliser une photo de soi en tenue d’alpiniste, monter une tente chez soi comme dans un vrai camp de base, effectuer les nœuds de huit simple et double et le nœud d’arrêt, monter 188 marches d’escalier, réaliser des figures d’acrogym, faire un dessin ou écrire un poème en rapport avec l’expédition pour l’Everest…
Les enfants et leurs parents s’en sont donné à cœur joie, partageant sur un groupe Facebook leurs prouesses en vidéo. Certains sont même allés au-delà de ce qui était attendu, comme les parents de Joan, qui ont construit une maquette du mont Everest, avec une cordée reliant des cartes plastifiées de différents sommets connus . La famille de Louise s’est également prise au jeu : « On a trouvé ça très drôle, c’était notre rendez-vous hebdomadaire. Le papa a même développé ses compétences en montage vidéo. »La maquette réalisée par Joan et ses parents.
Faire découvrir l’univers de l’alpinismeLes moniteurs d’escalade peuvent se réjouir du fait que, contrairement à certains de leurs homologues d’autres sports, ils aient réussi à garder le lien avec tous les enfants. Ils cultivent cette approche ludique, adaptée aux débutants : « Il y a des enfants qui arrêtent au bout d’un an car c’est trop rigoureux, trop en recherche de la performance. Nous, on veut privilégier la coopération à la compétition », explique Nolwenn.
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Avec notamment un aspect fondamental dans l’escalade : la sécurité. « C’est la spécificité de notre sport, assure Louis. Dès le départ, ils doivent assurer leur compagnon, on leur dit que même s’ils grimpent avec un adulte, ils doivent l’assurer. Et quand on s’accorde, il ne faut pas le faire à moitié. » Visiblement, le groupe a bien retenu la leçon. « Il faut avoir confiance en son partenaire. Si on n’est pas plusieurs, l’autre tombe ! », résume le petit Jordan.Après avoir franchi l’Everest, les enfants ont reçu leur certification de niveau 1 d’escalade.
Photos : Bruno Barlier
Texte : Tom Jakubowicz