Le phénomène de dôme de chaleur qui assomme le Canada est passé par l’Auvergne et y repassera
Le phénomène d’air brûlant emprisonné sur l’Ouest canadien a marqué les esprits, provoquant des pics de chaleur jusqu’à 49,6 °C - record absolu pour tout le pays ! – et une canicule qui a causé de nombreux morts. Mais il a aussi marqué le Puy-de-Dôme et la France ces dernières années.
Et ce système météorologique vulgarisé sous l’appellation « dôme de chaleur » peut également se reproduire à n’importe quel moment sous des latitudes tempérées.
Il faut le chercher, en Auvergne, lorsque des records de chaleur tombent un jour après l’autre.
À l’œuvre dans la région pendant les canicules de 2003 et 2019Alexandre Letort, météorologiste dans le Sancy (Météovergne), explique qu’il convient de parler d’un?système de dorsale anticyclonique subtropical.
Ce système était notamment à l’œuvre dans la région pendant la canicule de 2003. Et encore le 27 juin 2019, lorsque les températures ont atteint les alentours de 40 °C, avec les mémorables 29 °C relevés au sommet du puy de Dôme, à 1.465 mètres d’altitude, à 4 heures du matin?!
Pour comprendre les paramètres à l’œuvreIl faut d’abord imaginer le courant jet qui, dans l’hémisphère Nord, circule en altitude en séparant les masses d’air froid en provenance du pôle et l’air chaud de l’équateur.
Avec les ondulations du jet-stream...En été, ce jet-stream s’oriente vers le nord et peut marquer des ondulations parfois très prononcées. On voit alors se former des incurvations qui prennent la forme de la lettre grecque oméga. Elles emprisonnent de l’air chaud piégé dans des masses d’air froid. C’est le premier paramètre à l’œuvre.
La seconde force est le puissant anticyclone qui se forme au-dessus de cette structure. Il comprime l’air vers le sol, ce qui le réchauffe encore. Et au contact du sol chaud et sec, les températures grimpent encore plus.
La chaleur se renforce.
Le phénomène fait augmenter les températures d’un jour sur l’autre. Ceci à une période de l’année où les nuits très courtes de l’été ne permettent pas non plus de refroidir suffisamment l’air.
La question à se poser« C’est comme cela que l’on était arrivé à des températures exceptionnelles pendant la canicule de 2003 qui avait été longue. » Mais, en 2019, il faut savoir que la température de l’air en altitude était encore plus élevée (environ 3 à 4 °C de plus). Elles auraient pu monter encore plus haut si le phénomène s’était prolongé au-delà de quelques jours. »
Pour le météorologiste, la question à se poser désormais n’est donc pas de savoir si un tel phénomène va se reproduire dans le Puy-de-Dôme, mais bien de s’interroger sur les records de chaleur que l’on pourrait atteindre en partant de températures initiales de plus en plus élevées.
Anne Bourges anne.bourges@centrefrance.com Follow @a_bourges