Le sombre visage de la Mal-Coiffée à Moulins (Allier)
À quoi ressemblait la vie dans l’Allier, durant la Seconde Guerre mondiale ? C’est ce que proposent de découvrir deux expositions présentées à la Mal-Coiffée à Moulins (Allier). Elles sont accessibles lors de visites guidées jusqu’à fin septembre, ou en visite libre lors des journées du patrimoine.
Au cœur d’une période marquante pour les moulinoisLa première, « L’Allier comme en 40 », amène les visiteurs au temps où la ligne de démarcation entre les territoires français et allemands coupait la ville de Moulins en deux. C’est également l’époque où la Mal-Coiffée, ancienne demeure des Bourbons, était une prison militaire allemande. Aujourd’hui propriété du Département de l’Allier, elle est ouverte au public. « Ce lieu de mémoire intact incite à se rappeler notre passé, surtout au moment où l’on perd les derniers témoins », indique Farid Sbay, commissaire de l’exposition.
Horaires des visites : Mardi : 14 h 30, 16 h 30. Mercredi et jeudi : mêmes horaires avec un autre départ à 10 h 30. Vendredi et samedi : 10 h 30, 14 h 30, 15 h 30, 16 h 30, 17 h 30. Dimanche : 14 h 30, 15 h 30, 16 h 30, 17 h 30. 5 €, 3 € en tarif réduit.
Visite immersiveEn plus des panneaux explicatifs, des vidéos témoignages et des objets permettent de se projeter dans le passé. « Des panneaux allemands comme ça, il y en avait partout ! », s’exclame soudain un visiteur. Jean-Pierre Stagnetto, désormais âgé de 83 ans se souvient. Il avait six ans en 1944.
D’imposantes cartes permettent aussi une prise de conscience déconcertante, comme pour le maire de Moulins, Pierre-André Périssol : « Le côté allemand, c’est pratiquement le territoire de Moulins Communauté », s’émeut-il avant d’ajouter : « Ça fait partie de l’histoire de notre territoire. Il faut s’en souvenir car le meilleur moyen de préparer l’avenir c’est de comprendre son passé ».
Tel est l’objectif de ces deux expositions complémentaires, dont la plus récente est dédiée à une Résistante moulinoise, Simone Léveillé. Espionne au service de la France, elle dirigeait à 24 ans le service de renseignements pour trois régions. Point de départ de ce destin : le passage clandestin de courriers d’un bout à l’autre de la ligne de démarcation.
Le commissaire de l’exposition, Farid Sbay, établit un parallèle entre cette « femme exceptionnelle » et Anne-de-France, chacune ayant fait preuve d’un fort caractère. Pourtant, Simone Léveillé est selon lui « trop méconnue, alors qu’elle devrait être notre fierté. »
Une exposition parfaite pour remédier à cela, puisqu’elle permet de connaître l’évolution de Simone au sein de l’armée, ainsi que ses exploits. Le tout raconté avec ses mots, grâce à des extraits tirés de ses mémoires. Des paroles sublimées par les illustrations en noir et blanc d’Elise Arnaud, guide à la Mal-Coiffée et étudiante aux Beaux-Arts.
Temps de recueillement1 h 30 de voyage dans le temps, entre la période des Bourbons et celle de la Seconde Guerre mondiale, notamment à travers la visite des mitards de la Gestapo. Les photos de la prison telle qu’elle était à la Libération en 1944 prennent ainsi tout leur sens entre ces murs chargés d’histoire.
À tel point que les visiteurs partagent parfois leurs témoignages sur cette période. Car, peut-on lire sur une pancarte : « Tous les Bourbonnais et les Français ont une histoire familiale liée avec cette ligne de démarcation, cette frontière imposée qui nous a divisés et marqués à tout jamais ».
Les jeudis du Bleuet de France. Cycle de conférences gratuites, en partenariat avec la Société d’Emulation du Bourbonnais. Chaque jeudi à 20 heures dans la cour de la Mal Coiffée à Moulins (Allier).29 juillet : 6 septembre 1944, la libération de Moulins. 5 août : Un membre de la Société d’Emulation du Bourbonnais et son épouse « Justes parmi les Nations »12 août : 18 juin 1840, entrée des Allemands à Moulins.19 août : L’occupation allemande à Moulins.26 août : 6 septembre 1944, la libération de Moulins.2 septembre : Simone Léveillé, espionne militaire
Leslie Larcher