La majorité présidentielle promise à un délicat débat interne après le premier tour des législatives en Corrèze
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Éliminée d'entrée sur les deux circonscriptions, la majorité présidentielle doit-elle revoir sa stratégie d’implantation en Corrèze ?
Les deux candidats d’une majorité présidentielle absents du second tour, ce n’est jamais arrivé en Corrèze depuis que les législatives suivent l’élection du président de la République.
C’est pourtant ce qui s’est produit au soir du dimanche 11 juin 2022, pour Christophe Jerretie, député sortant MoDem, éliminé sur Tulle-Ussel, et pour Nicolas Brousse (LREM), battu sur Brive.
Une claque politiqueCe désaveu constitue une claque politique, remettant en cause l’implantation en Corrèze du mouvement d’Emmanuel Macron et de ses alliés, déjà constaté après l’échec aux régionales de 2021.
C’est ce que dit Nicolas Brousse :
Je pense clairement qu’il faut construire un mouvement de soutien au président de la République avec de nouvelles personnes. Jusqu’à présent, il n’a pas été capable de s’enraciner. Le renouveau passe peut-être par du sang neuf.
Dans le contexte briviste, cette prise de position pourrait apparaître comme un nouvel épisode de la guerre interne entre la direction départementale de LREM et celle du jeune candidat, la première n’ayant jamais accepté que le second soit imposé par Paris.
Qui est arrivé en tête dans votre commune en Corrèze ? [Carte]
"Il faut revoir tout le système"Mais le malaise est plus profond. Responsable du MoDem départemental, Christophe Jerretie remet en cause la stratégie d’implantation : " Tout le monde est en cause, moi le premier. Il faut revoir tout le système. En Corrèze, la majorité présidentielle a peu d’avenir avec des structures qui se livrent à une concurrence interne. " Le manque d’élus locaux, par ailleurs "noyés dans la masse", au sein de majorités (Brive, Malemort, Conseil départemental…), constitue, selon l’ancien parlementaire, un autre handicap.
Candidat dissident du camp présidentiel sur Brive, Olivier Bonnie renverse la responsabilité : " Les 615 voix que j’ai obtenues ont fait échouer le candidat officiellement investi. Les instances parisiennes sont les seules responsables et devront en tirer les leçons." Ce sera sans lui : il annonce son intention de démissionner de son poste de délégué Agir Corrèze pour s’investir "localement en soutien à Frédéric Soulier", maire LR de Brive.
Délégué départemental de Territoires de Progrès, l’aile gauche de la majorité présidentielle, Vincent Rigau-Jourjon parle d’une " vraie surprise" pour la défaite de Christophe Jerretie et d’un "raté prévisible" pour celle de Nicolas Brousse, lié "à une décision verticale" de LREM, dont il a claqué la porte début 2022. Désormais, il souhaite faire "trois pas de côté " et se placer en "observateur".
Rendez-vous en septembreÀ la rentrée 2022, pourrait avoir lieu le renouvellement du mandat de référent départemental de LREM. Laurent Donadieu, qui occupe le poste depuis janvier, en intérim, le sait :
Il va falloir se réunir et se remettre à parler. Nous sommes prêts à accueillir Nicolas Brousse et son équipe, à condition qu’ils travaillent localement. Avoir des ambitions, c’est naturel, mais il faut savoir commencer humblement.
Pour sortir de l’ornière, Laurent Donadieu imagine un vote des adhérents corréziens pour désigner leur futur référent, alors que dans les statuts de LREM, cette mission revient aux instances nationales.
Un débat interne jugé "nécessaire"Membre du bureau national de LREM, ancienne référente départementale, la Briviste Patricia Bordas estime "nécessaire un débat interne, en donnant la parole aux adhérents". Selon elle, la majorité présidentielle dispose "d’un vrai ancrage. On l’a vu lors des européennes de 2019. Sur la circonscription de Brive, je pense que Nicolas Brousse, et surtout son entourage, ne se sont pas assez appuyés sur le réseau d’élus locaux, ceux qui ont la légitimité. Sur celle de Tulle, Christophe Jerretie s’est heurté à la difficulté de faire reconnaître son travail de parlementaire."
Nicolas Brousse a-t-il des vues sur le poste de référent ? " Je continuerai d’une manière ou d’une autre à m’investir en Corrèze", admet le candidat, persuadé qu’il faut "capitaliser" sur les bons résultats obtenus en milieu urbain (Brive, Ussac) et "prendre au sérieux le sentiment d’abandon exprimé en milieu rural."