West Point priée de déboulonner ses symboles confédérés
Fin août, une plaque datant de 1965 a soudainement semé l’émoi dans la célèbre Académie militaire de West Point. Une commission parlementaire a découvert sur celle-ci la représentation d’un personnage encapuchonné avec le nom du Ku Klux Klan écrit dessus. Elle a exigé le retrait de la plaque alors que celle-ci honore des soldats ayant servi durant la Seconde Guerre mondiale et en Corée.
Créée en 2021 dans la foulée de l’affaire Georges Floyd, du nom de cet Afro-américain étouffé par un policier blanc lors d’une interpellation, la Naming Commission est chargée de faire « supprimer tous les noms, symboles, monuments et accessoires qui honorent ou commémorent les États confédérés d’Amérique » au sein des établissements dépendants du ministère de la Défense. Lors d’une visite à la prestigieuse Académie militaire de West Point, l’œil des membres de la commission a été attiré par une plaque, constituée de trois panneaux, située à l’entrée de Bartlett Hall, le département scientifique de l’école. Installée en 1965, elle rend hommage à tous les élèves qui sont sortis de ses rangs et à ceux qui se sont illustrés durant la Seconde Guerre mondiale et lors du conflit en Corée. Si on y retrouve des personnages illustres comme le général Ulysse Grant (héros de la guerre de Sécession et président des États-Unis), Davy Crockett (héros de Fort Alamo) ou encore le général Robert Lee (commandant en chef des Sudistes), c’est une autre figure plus controversée qui a généré une vaste polémique.
Sur le côté gauche de cette plaque en relief en bronze, on y trouve la représentation d’un Klansman reconnaissable avec sa tunique blanche et sa capuche pointée, tenant un fusil entre les mains. Difficile de se tromper puisqu’il est même inscrit noir sur blanc qu’il s’agit bien d’un membre du Ku Klux Klan. Une organisation suprémaciste blanche créée au lendemain de la guerre de Sécession, très influente et présente dans le sud des États-Unis jusqu’à la fin des années soixante-dix. Une mouvance racialiste qui a connu un regain d’activisme sous la présidence de Donald Trump. La Naming Commission a immédiatement réclamé le retrait de cette plaque qui glorifie le sud, mettant dans l’embarras la direction de West Point. Selon le bureau des affaires publiques de l’Académie, Laura Gardin Fraser, la défunte sculptrice du triptyque, « a juste voulu créer un art qui dépeignait des incidents ou des personnes historiques qui symbolisent les principaux événements de cette époque, documentant ainsi à la fois la tragédie et le triomphe de l’histoire de notre nation ». « West Point n’accepte, ne tolère ni ne promeut le racisme, le sexisme ou tout autre préjugé » s’est défendue l’école militaire alors que l’affaire s’est subitement retrouvée sur toutes les chaînes d’information du pays.
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Or, la Naming Commission se retrouve confrontée à un autre problème. Elle n’a techniquement pas la compétence pour exiger le retrait mais seulement le droit de conseiller et d’émettre des rapports en ce sens. « Nous examinerons les recommandations et collaborerons avec le Département de l’armée pour mettre en œuvre les changements, une fois approuvés » s’est contentée de déclarer l’administration de West Point dans un communiqué. Sans toutefois préciser si elle entendait y donner une suite favorable. Une affaire qui est aussi le signe d’un agacement perceptible de la part des Américains épuisés par la sempiternelle remise en cause de leur histoire, y compris les tableaux les plus sombres de celle-ci, par les wokistes.
Depuis l’apparition du mouvement Black Lives Matter, de nombreuses statues confédérées ont été déboulonnées de leurs socles et enfermées dans des musées. Une pression constante, exercée sur les villes concernées par des associations anti-racistes et qui divise profondément les États-Unis. Selon un sondage daté du 28 septembre 2022, 51% des Américains déclarent être favorables au maintien des symboles historiques quels qu’ils soient contre 46% qui s’y opposent (à titre d’exemple, le drapeau confédéré retiré de tous les Capitoles sur lesquels ils flottaient : 50% y voient avant tout un symbole de fierté sudiste, tandis que 47% y voient surtout un symbole du racisme). C’est d’ailleurs au sein du Parti Républicain que l’on trouve le plus de soutien en faveur de la préservation des statues représentant les héros du Sud (soit 87% contre 23% pour les Démocrates).
Lors de son mandat, Donald Trump avait mis son véto à toute tentative de changement de noms des bâtiments et bases militaires américaines jugés controversés. A son arrivée, l’administration du président Joe Biden a fait lever cette interdiction. Le Secrétariat à la Défense, qui a le dernier mot sur ce sujet, a récemment annoncé qu’ils seraient tous changés dès janvier 2024. A commencer par West Point qui a baptisé plusieurs de ses départements du nom de généraux de la Confédération.
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