L'eau au cœur des débats lors de l'assemblée générale des maires du Cantal
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Alors que la crise s’éternise, l’eau était logiquement au cœur des débats de l’assemblée générale de l’AMF 15, samedi 15 octobre à Saint-Flour.
Alors que le Cantal connaît une crise sans précédent, la question de l’eau a été largement débattue à l’occasion de l’assemblée générale des maires de France.Lors d’une table ronde où se sont d’abord succédé des représentants des Agences de l’eau, de l’Agence Régionale de Santé ou du Conseil départemental.
CriseChacun dressant un tableau sombre, en matière de quantité comme de qualité, de la ressource. En cette année particulière comme à plus long terme, les effets du dérèglement se faisant ressentir. Comme le résumait Sébastien Magne, responsable du pôle de prévention des risques sanitaires à l’ARS,
en termes de qualité comme de quantité sur les captages, cela fait cinq ans qu’on ne progresse plus dans le département.
Car au manque d’eau saisonnier s’ajoutent les fuites sur les réseaux et, concernant la qualité, « un réseau d’assainissement nécessitant de sérieux investissement. 30 % des stations d’épuration ne sont plus aux normes, et autant datent de plus de trente ans » précisait Nicolas Meyer, adjoint au directeur départemental des territoires.
SolutionSelon lui, les solutions tiennent principalement à un changement d’échelle de la compétence de la gestion de l’eau, comme le prévoit la loi pour le 31 décembre 2025. « Difficile d’avancer sans mieux se structurer, expliquait-il. Aujourd’hui, le Cantal est dans les quatre départements de France où il y a eu le moins de transferts (*). Or la gestion intercommunale facilite la donne. Elle permet de mener des projets qui ne peuvent se faire à l’échelle communale, de mutualiser les coûts, de professionnaliser les équipes et donc d’augmenter la qualité de service, de faciliter la capacité d’investissement en bénéficiant de plus d’aides publiques. Aujourd’hui, la bonne taille, c’est 15 communes, 5.000 habitants. »
Disparités« Il y a aujourd’hui une uniformisation du problème de la ressource, mais pas d’uniformité au niveau de la gestion, expliquait pour sa part Bruno Faure, le président du Département. Mais il y a un début de structuration, qu’on doit soutenir, accompagner, comme les initiatives d’interconnexion. Après avoir lancé deux études en la matière, nous avons acté, lors du dernier conseil d’administration de Cantal Ingénierie et Territoires, qu’il y aurait un appui pour les unités de gestion. On réfléchit aussi à la création d’un service de recherche des fuites, ou de maintenance et de nettoyage des réservoirs, pour ceux qui en auraient besoin. »
Le manque d'eau a été criant cet été, par exemple à Montsalvy
DélaisDu côté de l’assistance, ce changement d’échelle ne fait pas l’unanimité, loin de là. Tandis que le maire de Védrines-Saint-Loup, Jean-Marc Boudou, soulevait les problèmes administratifs qu’il pourrait induire, celui de Saint-Martin Valmeroux, Christian Fournier, récoltait des applaudissements nourris en lançant qu’
il faut nous accompagner, mais ne pas faire à notre place. S'il doit y avoir un changement, il doit se faire dans un cadre démocratique et transparent.
Et le sénateur Bernard Delcros d’offrir un espoir aux réfractaires : « il ne faut pas la même règle partout, car la situation diffère pour les territoires urbains et ruraux. Une proposition de loi a été écrite, elle reste à déposer, pour demander que le transfert soit facultatif, et tout le Sénat est sur cette ligne. Encore faut-il qu’elle trouve un prolongement à l’Assemblée Nationale. » En attendant, ce transfert est toujours prévu dans trois ans. Et la crise, elle, est là.
Yann Bayssat