Dans cette nouvelle ferme du Cantal, les moutons cohabitent avec les arbres fruitiers
![Dans cette nouvelle ferme du Cantal, les moutons cohabitent avec les arbres fruitiers](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/quentin-demarest-eleveur-mouton-shropshire-et-arboriculteur-_6417902.jpeg)
Depuis 2021, le syndicat Confédération paysanne organise tous les ans son « Salon à la ferme ». Pour le Cantal, ce mercredi 1er mars, il aura lieu à Saint-Étienne-de-Chomeil, à l’Ourobore. Visite.
Une épaisse couche de brouillard recouvre son vallon. Originaires de l’ouest de l’Angleterre, ses moutons ne semblent pas trop dépaysés. « Ce sont des shropshire », indique Quentin Demarest. Agriculteur de 32 ans, il s’est installé à Saint-Étienne-de-Chomeil en 2020. « J’ai sélectionné cette race parce que c’est la seule à présenter cette caractéristique de ne pas manger l’écorce des arbres. »
Avec Julie Lan, sa compagne, Quentin Demarest a visité des dizaines et des dizaines d’exploitations. « On a cherché un lieu pendant six ans, retrace-t-il. On en a vu une trentaine. En Haute-Loire, dans le Puy-de-Dôme… » Mais c’est en allant consulter le répertoire départ installation de la Chambre d’agriculture du Cantal que le couple trouve son bonheur. L’accueil qu’ils reçoivent, sur place, finit de les convaincre. « On avait rendez-vous avec le maire de Saint-Étienne-de-Chomeil ; on s’est retrouvés avec tout le conseil municipal ! C’était super. »
« Je cherchais un coin de montagne »Une maison d’habitation, une vaste grange auvergnate et sa toiture en ardoises… Voilà pour leur cocon, dominé par un vallon d’une superficie de 25 hectares (dont la plupart en prairies, six en zones humides et trois boisées). « Je cherchais un coin de montagne, sourit Quentin Demarest. On voulait un lieu tranquille… Je pense qu’on l’a trouvé. »
Lui s’installe hors cadre familial, c’est-à-dire qu’il n’est pas issu d’une famille d’agriculteurs. Elle, qui travaille actuellement dans une association d’Issoire (Puy-de-Dôme), compte développer une activité d’accueil social et thérapeutique dans la grange, à rénover, et autour. « Julie fait déjà ça avec des maisons de retraite ou des centres sociaux, explicite son compagnon. Il s’agit d’accueillir des gens qui ont besoin de se reconnecter. À eux-mêmes, ou à la nature. » Des hébergements, en chambre individuelle ou sous des yourtes, pousseront bientôt, ici et là.
Renconversion professionnelleComme les arbres fruitiers plantés par Quentin Demarest. Sur sept hectares, il souhaite produire des pommes, des poires, des cerises, des prunes ou encore des nèfles et autres nashis, fruits japonais. « En plus des variétés locales, l’idée est de trouver des espèces pouvant s’acclimater à l’altitude, à nos territoires », explique celui qui lance aussi sa propre pépinière, et sème quelques grandes cultures (pommes de terre, oignons, poireaux…).
Photo Jérémie Fulleringer.
Mille projets pour un homme aux mille métiers. Car avant d’obtenir son brevet professionnel en arboriculture, Quentin Demarest fût tailleur de pierre, ouvrier dans la restauration de monuments historiques… ainsi que coutelier. En 2016, une lame forgée par ses soins avait d’ailleurs remporté un prix, décerné par l’Institut national des métiers d’art.
Zone testLa ferme de l’Ourobore ? Julie Lan et Quentin Demarest l’imaginent ouverte sur le monde. Tournée vers les autres. « Nous aimerions monter un dispositif de zone test, ajoute l’agriculteur. Proposer durant trois ans une parcelle de 5.000 m², avec sa serre, à un jeune qui préfère tester son projet avant de s’installer. » Alors que « l’accessibilité aux terres pose problème », cela peut aider.
Le troupeau de moutons, lui, doit s’agrandir et tendre vers les 60 têtes. Au pied des vergers, ils entretiendront le terrain… sans toucher aux arbres.
Romain Blanc
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