Et si la jeune chasseuse se trompait ? Une autre hypothèse étudiée lors de la reconstitution de l'accident mortel de Cassaniouze

Depuis un an, en toute discrétion, l'instruction avance. Les investigations ouvertes pour "homicide involontaire" après le tir ayant touché mortellement Mélodie Cauffet à Cassaniouze, s'intéressent notamment au moment précis du tir, avec une question : et si la jeune chasseuse qui se dénonce spontanément s'était trompée ? La reconstitution réalisée mardi 28 février a étudié cette hypothèse.

Le contraste est saisissant entre le tourbillon des premiers instants et le silence des mois suivants. Sans bruit, l’instruction ouverte avance, loin du tapage, quand la politique s’était emparée du fait divers avant la campagne de la Présidentielle, que l’affaire avait suscité l’enthousiasme médiatique.

Depuis la mise en examen de la chasseuse de 17 ans « pour homicide involontaire » qui s’est spontanément présentée comme l’autrice du tir, immédiatement après le cri de Mélodie Cauffet, l’enquête progresse. Elle a solidifié des éléments, comme le parcours de la randonneuse aveyronnaise, qu’elle faisait avec un jeune homme rencontré peu de temps auparavant.

C’est en montant un petit chemin de randonnée entre « La Vinzelle » et « La Bécarie », qu’elle s’est effondrée, touchée au flanc gauche par une balle tirée depuis un pré situé au-dessus d’elle. Le projectile a traversé sa poitrine, ne lui laissant aucune chance.

Un an après, la jeune chasseuse se présente toujours comme l’autrice du tir, mais l’un des enjeux de la reconstitution était, selon nos informations, de vérifier s’il n’était pas possible qu’un autre chasseur soit à l’origine du tir mortel. En d’autres termes, vérifier que la jeune femme, présentée comme une amoureuse de la nature, prudente à la chasse, ne puisse pas se tromper, se dénoncer, en toute bonne foi, à tort : « Elle ne ressent qu’une profonde tristesse par rapport à ce qu’il s’est passé, indiquait son avocate d’alors, Me Christine Ramond, au moment de sa mise en examen. Elle, mais également sa famille, a énormément d’empathie pour la famille de la victime ».

Le 19 février 2022, vers 14 h 45, plusieurs détonations ont retenti dans un même temps, alors qu’un sanglier a été retrouvé mort, quelques dizaines de mètres plus loin, touché par deux balles. Une expertise balistique a été versée au dossier, et un balisticien était, mardi 28 février, sur place, pour travailler les différentes hypothèses. À ce stade de l’enquête, la jeune femme reste seule mise en examen. Son nouvel avocat, Me Denis Delcourt-Poudenx, n’a pas répondu à nos sollicitations hier.Toujours selon nos informations, l’enquête s’intéresse également à l’organisation de la battue, alors que des éléments ont interrogé, immédiatement après les faits. Était-il possible de prendre un bon tir dans ce pré encadré par des chemins, sur trois côtés, et une maison sur le quatrième ? Est-ce que les panneaux annonçant qu’une battue était en cours, ont été posés, côté aveyronnais, d’où partait Mélodie Cauffet ?

Si des manquements existent, et que le juge d’instruction estime qu’ils ont un lien avec la mort de la jeune femme, l’ACCA de Cassaniouze pourrait alors être poursuivie. Le président d’alors, Jean-Pierre Boulanger, marqué, a passé la main depuis. « Il souhaitait déjà le faire avant l’accident », précise le maire de Cassaniouze, Michel Castanier.

Pierre Chambaud