Ce garage historique quitte le centre-ville de Clermont-Ferrand, direction la zone du Brézet

Après des décennies d’activité rue des Salins, au cœur de Clermont-Ferrand, le garage Coissard fermera fin mars. Philippe Mamet, propriétaire, poursuit l’aventure dans la zone du Brézet, sous son nom. Un nouveau départ sous le signe de la reconquête.

Dix ans déjà que Philippe Mamet est aux commandes du garage Coissard, rue des Salins, en centre-ville de Clermont-Ferrand. Il est le troisième propriétaire de cette institution de la mécanique mais a décidé de lui donner une autre vie, ailleurs, en périphérie.

Le garage, que tout le milieu connaissait encore sous le nom de son fondateur, va fermer ses portes fin mars. À vrai dire, l’activité d’entretien et réparation de véhicules toutes marques est déjà transférée dans la zone du Brézet, au bout de la bien nommée rue Diesel, où Philippe Mamet a investi près de 1,3 million d’euros pour racheter et transformer un local existant (ex-Avenir Nautique), très visible depuis l’autoroute voisine. Une mise importante pour une société au chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, qui engage le patron sur du long terme. « C’est un nouveau challenge, dit-il. Nous repartons pour partie de zéro car en centre-ville nous offrions un service de proximité. Nous allons perdre des clients citadins, à nous de cravacher pour en décrocher d’autres. »

Quitter le centre-ville, Philippe Mamet ne l’a pas décidé de gaîté de cœur. Mais son activité dans l’étroite rue des Salins, bordée d’une piste cyclable, n’était plus tenable, notamment en raison des problèmes de stationnement. « Auparavant, il y avait une certaine tolérance des services de la mairie, nous avions un tarif réduit (50 centimes par jour et par véhicule). Mais c’était terminé, les amendes pleuvaient. Les riverains s’y sont mis aussi, pointant des nuisances sonores et visuelles. Je peux le comprendre, mais on a le sentiment d’avoir été poussés vers la sortie. »

Une version que la municipalité, par la voix de l’adjoint au maire Cyril Cineux, en charge de la mobilité, réfute : « Nous savons l’importance de garder des garages en centre-ville. Nous sommes conciliants, mais nous n’acceptons pas tout. Il faut respecter les usages de la voie publique et d’autres en ville y arrivent très bien. »

Les échanges ont tourné au dialogue de sourds. « Durant le Covid, nous avons réfléchi à des aménagements possibles, à adapter notre activité, peut-être à créer un étage de stationnement, mais il n’y a pas eu d’écoute. » Ce qui a incité Philippe Mamet à tourner la page.

Il ne reste aux Salins que l’activité carrosserie, qui sera transférée dans l’autre garage du propriétaire, à Veyre-Monton, fin mars. Et au Brézet, même à l’écart, les conditions de travail pour l’activité mécanique sont bien meilleures.

« Nous avons à présent un bâtiment récent (2015), avec 800 m2 couverts contre 1.300 aux Salins, mais dimensionné pour accueillir les utilitaires et les camping-cars. » Ainsi qu’un vaste parking, qui affiche déjà souvent complet.Au Brézet est transférée l’activité mécanique du garage de centre-vile. Les travaux de carrosserie, eux, s’effectueront dans l'autre établissement de Philippe Mamet, à Veyre-Monton.?Photo Francis Campagnoni

Bon signe?? Philippe Mamet ne s’emballe pas. « Ce déménagement, c’est peut-être un mal pour un bien. Mais il va falloir le digérer et asseoir l’activité. Nous repartons avec notre équipe de dix collaborateurs, un outil de travail à la hauteur de leurs attentes, et de belles conditions pour recevoir les clients », lâche-t-il, de son bureau avec vue sur le vaste hall d’accueil, qui fera vite oublier le minuscule local des Salins.

Reste à reconquérir la clientèle et pour cela, Philippe Mamet, en outre spécialiste Mercedes, a des idées. Aux particuliers, il entend proposer un service de conciergerie (pour les ramener à leur domicile le temps des travaux si besoin). Et il mise sur l’environnement professionnel de la zone du Brézet pour élargir son portefeuille de flottes de véhicules d’entreprises.

Sans viser trop haut : « L’objectif n’est pas de se développer, mais bien de pérenniser la société. » Le garage redémarre à l’écart de la ville, avec une large enseigne, mais une humilité teintée de prudence. À l’auvergnate, en somme.

Patrice Campopatrice.campo@centrefrance.comTwitter : @patricelmt