Info ou intox : que se passe-t-il autour des consultations antidouleur du centre hospitalier d'Aurillac ?
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Que se passe-t-il autour des consultations antidouleurs, à l’hôpital Henri-Mondor ? L’activité s’est ralentie et après une pétition en ligne, l’établissement a tenté de communiquer. Sans rassurer les patients.
Nathalie Dujols doit faire une mésothérapie toutes les trois semaines : des injections dans le cou, et une hospitalisation en journée de quelques heures, le temps du traitement pour lutter contre des douleurs chroniques handicapantes au quotidien. Atteinte d’une fibromyalgie et d’un problème de colonne vertébrale, elle a raté une séance, doit attendre fin mars pour la suivante.
Les consultations antidouleurs du pôle santé public de l’hôpital Henri-Mondor ont franchement ralenti la cadence, et il a même été dit à des patients de chercher ailleurs, pour la suite. Ces consultations seraient-elles en danger ?
Impensable pour elle. Suivie depuis 2016, « on avait instauré un planning, le fait de devoir arrêter cette continuité des soins me fait perdre en autonomie, me fait perdre le moral », explique la vice-présidente de l’association des Tamalous 15, qui rassemble des malades atteints de douleurs chroniques dans le Cantal.
C’est elle qui a lancé, en son nom et pas en celui de l’association, une pétition qui a rassemblé 1.282 signatures. Les Tamalous, de leur côté, ont rédigé une lettre, dénonçant une baisse d’activité du même service à Saint-Flour, autre hôpital faisant partie du même groupement hospitalier de territoire : « En diminuant le personnel de ce service, nous sommes privés de soins atténuant nos douleurs quotidiennes, nous sommes inquiets quand à la continuité de nos soins. Les patients se sentent abandonnés. »
Certains ont tenté de se rapprocher de centres antidouleurs proches, notamment Clermont-Ferrand, et n’ont pas pu obtenir de rendez-vous.
Depuis janvier 2023, l’activité antidouleur du pôle santé publique est largement ralentie, ce que l’hôpital reconnaît dans une communication signée en urgence, devant le succès de la pétition.
En revanche, il dément « formellement les affirmations qui circulent, sur les réseaux et par affiches dans les commerces, de la volonté de l’établissement de “fermer” les consultations antidouleurs. Cette communication erronée induit les patients en erreur et porte préjudice au centre hospitalier. »
« À partir du mois de janvier 2023 suite au départ d’un médecin, l’activité globale du service de santé publique, a été recentrée sur les activités indispensables dont la douleur. Puis suite à l’absence inopinée d’un deuxième médecin, cette activité s’est recentrée sur les patients chroniques déjà suivis. N’ayant plus qu’un seul médecin, il nous est difficile de répondre à toutes les demandes. »
Pas de quoi rassurer les patients. La docteure toujours en place partira en août, et les chances de revoir celui parti de manière « inopinée », en arrêt maladie pour un soin programmé, sembleraient extrêmement minces. De plus, une infirmière et la cadre de santé du service ont été affectées ailleurs dans l’établissement.
L’hôpital, toujours dans ce même communiqué, annonce « une période de recrutements pour pallier le départ des praticiens titulaires programmé pour le 1er septembre pour que le CHHMA (Centre hospitalier Henri-Mondor Aurillac, NDLR) puisse assurer la continuité de cette activité indispensable dans nos missions d’hôpital public ».
Si l’établissement note le caractère « indispensable » du service, plusieurs patients doutent que ce soit une priorité de la nouvelle direction, depuis l’arrivée de Christine Wilhelm à la tête de l’établissement en octobre. C’est même la douche écossaise : jusqu’en septembre, ils étaient optimistes, avec la promesse de création d’un « hôpital de jour de la douleur » de trois lits. Alors que le service était conforté, obtenait des crédits et notamment un poste d’infirmière, le voici en extrême difficulté.
« Ce qui nous inquiète, c’est que l’algologie ne soit pas vue comme nécessaire, explique Nathalie Dujols. Aujourd’hui, le service n’est plus tenu, il n’y a qu’une infirmière… Nous ne sommes pas convaincus par cette communication et nous sommes impuissants. »
Emmanuel Delfau, représentant de la CGT, surveille la situation. « Aujourd’hui, il n’y a pas de fermeture de ce service. On n’a pas d’information officielle en ce sens. » Le syndicaliste note une difficulté à communiquer avec la nouvelle directrice Christine Wilhelm, ce que regrette également Nathalie Dujols. « On veut plus d’informations. On a arrêté la pétition, car nous voulons la donner la plus vite possible à la directrice, afin de lui poser des questions. »
Contacté à nouveau, lundi en fin d’après-midi, l’hôpital n’a pas pu répondre précisément à nos questions dans le délai imparti, nous renvoyant à une conférence de presse concernant un autre sujet, demain matin, où nous pourrions poser directement nos questions à la directrice Christine Wilhelm.
L’établissement nous a communiqué une lettre interne à Henri-Mondor, indiquant les activités maintenues par le pôle santé publique, notamment les consultations antidouleurs : « Le centre hospitalier travaille activement à réorganiser cette offre de soin, en lien avec le service anesthésie et est en cours de recrutement de praticiens pour assurer la continuité des soins, à hauteur du besoin. »
Pierre Chambaud