En Corrèze, comment la pratique du canoë-kayak compose avec le manque d'eau
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Annulations de compétitions et de stages, entraînements perturbés… Le manque récurrent d’eau touche les pratiques sportives et de loisirs de canoë-kayak sur les rivières de la Corrèze.
Le championnat de Nouvelle-Aquitaine de canoë-kayak de descente, prévu début mars sur la Diège, délocalisé ; les descentes de raft sur la Corrèze du Kayak Club tulliste, lors des vacances de février, annulées… le manque d’eau, de plus en plus récurrent ces dernières années dans les rivières du département, impacte la pratique sportive et de loisirs, avec des conséquences sur l’économie locale : un manque à gagner pour les hébergements ou la restauration. "Le niveau des cours d’eau est actuellement assez haut, mais il redescend assez vite. Avec des conséquences directes sur nos pratiques avec l’annulation de stages de perfectionnement en eau vive et de compétitions nationales et régionales", constate Stéphane Pradeau, le président du comité départemental de canoë-kayak.
Un partenariat avec EDFSi pour l’instant, les répercussions en termes de nombre de licenciés ne se font pas ressentir, elles pèsent sur la progression des pratiquants. "Le niveau de la Diège ne permet plus de s’entraîner sur de longues périodes", souligne Jérémy Truant, du Haute Corrèze Kayak Club (HCKC). Des solutions de repli existent toutefois : "Nous allons nous entraîner sur des lacs à Meymac ou à Neuvic. Nous organisons aussi des séances à la piscine d’Ussel", détaille Jérémy Truant. Désormais, la pratique doit s’adapter aux conditions météo. "Le déficit de précipitations depuis plusieurs mois est intégré aux réflexions des dirigeants du canoë-kayak que ce soit sur le plan départemental ou national. Des discussions sont déjà initiées afin de réfléchir à la programmation des épreuves", assure Stéphane Pradeau.
Le partenariat signé entre EDF et la Fédération française de canoë-kayak assure des lâchers d’eau sur les rivières où se trouvent des barrages. Pour autant, les volumes ont été réduits. Ce fut le cas lors des compétitions (championnat du monde de descente notamment) organisées sur la Vézère en 2022. « Cette action vise principalement à réduire les temps de montée et de descente sur le tronçon de Treignac, tout en maintenant une garantie sur le plan environnemental et sécuritaire », explique le président du comité départemental.
Des inquiétudes sur la Vézère et la CorrèzeCe sera encore le cas en 2023. Pour optimiser les lâchers d’eau, trois rendez-vous seront organisés le même week-end fin mai sur la Vézère. La concentration haute Vézère de raft (du 26 au 29 mai), le championnat de France de nage en eau vive (le 28 mai) à Treignac, et la finale de Nationale 3 de slalom (27-28 mai) à Uzerche. "Les 34 heures délivrées par EDF Hydro sur le tronçon supérieur pourront être utilisées sur le tronçon aval à partir du barrage de Peyrissac", précise Stéphane Pradeau. La production d’électricité est ainsi préservée. Plus généralement, si la Dordogne demeure navigable même quand le débit est très faible, "des interrogations et des inquiétudes se font jour sur les activités estivales plus particulièrement sur la Vézère et la Corrèze", souligne Stéphane Pradeau.
D'un extrême à l'autreCe que confirme Nicolas Goulay, responsable de l’activité canoë à la base sports loisirs de Voutezac : "Nous n’avons jamais stoppé les descentes sur la Vézère, mais quand le débit est faible, nous limitons à deux, au lieu de trois, le nombre de personnes par embarcations. Cela évite les frottements" et préserve le matériel. Sur huit kilomètres de rivière, le parcours canoë de Voutezac a la chance de compter deux digues "ce qui crée des réserves d’eau. Mais d’une manière générale, on observe que les pluies de printemps sont de plus en plus tardives. Le niveau d’eau passe d’un extrême à un autre en peu de temps".
Frédéric Rabiller et Eric Porte