Pourquoi ce bois du Cantal fait l'objet d'un contrat environnemental
![Pourquoi ce bois du Cantal fait l'objet d'un contrat environnemental](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/obligation-reelle-environnementale-cantal_6442605.jpeg)
Le bois de la Condamine, zone humide de la commune de Saint-Vincent-de-Salers, a fait l’objet d’une obligation réelle environnementale. Pendant 99 ans, ce site sera laissé en « libre évolution ».
Dans le creux de sa main, Pierre Mossant, le directeur du Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne (CEN Auvergne), montre une petite pomme de pin qu’il vient de ramasser sur un arbre. « Ces mini-pommes de pin, c’est caractéristique de l’aulne glutineux, explique-t-il. On peut aussi le reconnaître à ses feuilles vertes un peu gluantes. »
Ces aulnes glutineux, le bois de la Condamine en est rempli. « D’habitude, on les trouve sur les bords des cours d’eau, c’est plus rare de les trouver dans une zone humide sans cours d’eau comme ici », estime Lionel Bruhat, chargé de projet au CEN.
Cette zone humide boisée de la commune de Saint-Vincent-de-Salers, ses propriétaires, Éric et Élisabeth Michel ont décidé de la protéger à l’aide d’un dispositif créé en 2016 par l’État : l’obligation réelle environnementale (ORE). Le propriétaire d’un bien peut, s’il le souhaite, attacher à ses parcelles des obligations environnementales, en signant un contrat avec une collectivité, un établissement public ou une personne morale agissant pour la protection de l’environnement.
99 ans d'obligations environementalesDans le cas du bois de la Condamine, un contrat de 99 ans, qui se transmet automatiquement aux futurs propriétaires, a été signé avec le CEN Auvergne. Il stipule de laisser le bois en libre évolution. « Pendant longtemps, on a essayé d’entretenir et de conserver les sites protégés dans un état particulier, explique Pierre Mossant. Avec le principe de libre évolution, on laisse la nature vivre en limitant la pression humaine. »
Dans le bois de la Condamine, la faune est déjà présente.
« Avec un piège photo, j’ai repéré des cerfs, des chevreuils ou même des chats forestiers »
Avec sa femme, ce Parisien a acquis ce bois, il y a deux ans, en achetant le buron qui le domine avec l’idée de développer une activité touristique basée sur la richesse écologique et naturelle du milieu. En découvrant la richesse du terrain, il a tout de suite souhaité le protéger.
Le Cantal en manque d'eau au sortir de l'hiver
Le CEN Auvergne a accepté de contracter l’ORE avec lui, et donc de s’engager à accompagner les propriétaires du bois pendant 99 ans, car il répondait à deux enjeux : « Premièrement, c’est une zone humide qui joue un rôle à l’échelle du territoire. Il permet de limiter les crues et de restituer l’eau en période de sécheresse, explique Lionel Bruhat. Ensuite, une aulnaie marécageuse en zone d’estive, c’est rare et c’est un réservoir de biodiversité. » Deux enjeux suffisamment importants pour y signer la première ORE du Cantal.
Mathieu Brosseau