Méga-bassines : à Sainte-Soline, la presse étrangère fait l’écho "d’une spirale destructrice"
La manifestation interdite à Sainte-Soline n’est pas passée inaperçue dans la presse étrangère. Si la mobilisation aurait pu donner lieu à un débat autour de la gestion de l’eau, dans les Deux-Sèvres et plus largement dans le pays, nos voisins ont plutôt relayé la violence des affrontements qui ont eu lieu samedi 25 mars. Sur le site espagnol El Independiente, le journaliste utilise un vocabulaire martial parlant d’un millier de manifestations "prêts à en découdre". Certains étaient "armés d’engins pyrotechniques, de haches et d’autres objets contondants". Post Twitter et photos à l’appui, le site espagnol évoque de "graves affrontements".
Déjà dans le courant de la journée de samedi, The Daily Telegraph était sur le qui-vive. Nos confrères britanniques avaient décidé d’anticiper les violences à Sainte-Soline avec un article intitulé : "La France se prépare à des manifestations après le report 'humiliant' de la visite du roi Charles". Mais plus que les rassemblements contre la réforme des retraites "à Brest, Montpellier, Nice ou Dijon", les policiers "semblaient davantage craindre la manifestation à 'haut risque' se préparant à Sainte-Soline, dans le centre de la France", narre le correspondant à Paris du quotidien conservateur. En octobre dernier, une manifestation similaire et déjà interdite avait elle aussi "donné lieu à des affrontements très violents", rappelle The Daily Telegraph.
De son côté, le quotidien espagnol El Pais avait dépêché un journaliste pour se rendre sur place. Antonio Jiménez Barca écrit que cette manifestation "témoigne de la spirale destructrice dans laquelle s’est engagée l’opposition de rue à Macron". En guise d’accroche, il choisit de détailler les violences subies par une manifestante : "Sur le chemin de terre, il y a une fille de pas plus de 20 ans allongée sur le sol, recouverte d’une de ces couvertures thermiques comme du papier doré Albal. Son visage est défiguré, un œil au beurre noir et une bouche pleine de sang."
"La France brûle"
Dans de nombreux articles, l’image d’une France débordée par la violence prend le pas sur la nécessité d’une réflexion écologique et agricole autour de ces méga-bassines. En témoigne l’une des publications de la Rai News, avec en surtitre "Brûler la France". Le titre est encore plus évocateur : "Plus d’affrontements dans les villes françaises, aujourd’hui guérilla avec des blessés au réservoir de Sainte-Soline." À l’intérieur, l’article reprend les informations de plusieurs médias français, tout en répétant que "la France brûle depuis une dizaine de jours". Le papier fait référence aux récentes manifestations contre la réforme des retraites.
"Les scènes de violence à Sainte-Soline aujourd’hui sont survenues après des jours de manifestations à l’échelle nationale contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron qui ont entraîné l’annulation d’une visite du roi Charles III du Royaume-Uni", contextualise aussi le Daily Mail. Dans la plupart des médias britanniques, les débordements de Sainte-Soline sont éclipsés par l’annulation de la visite du roi Charles III.
Le choc de cette annonce est toujours palpable outre-Manche. Dans The Independent, la rubrique "Monde" s’ouvre, ce dimanche, avec l’article : "La visite du roi Charles en France reportée alors que les émeutiers anti-Macron griffonnent "Mort au roi". Pour dépeindre le climat ambiant en France, le journal conservateur Spectateur n’a pas peur d’utiliser le mot "anarchie". Son chroniqueur Gavin Mortimer, qui vit à Paris, brosse le portrait d’une France "sur le fil du rasoir". La presse britannique redoute une propagation des violences.
Outre-Atlantique, Sainte-Soline n’intéresse guère. Le Washington Post se contente de relayer une dépêche de l'Associated Press. Politico fait partie des rares médias américains à s’intéresser au sujet. Ici, pas de France qui "brûle" ou "en désordre", mais un simple rappel des faits sur les évènements de samedi.