Qui est Roland Chaminade, cheminot, rugbymen et artiste autodidacte de Brive qui a exposé au Grand Palais ?
« Il joue avec les courbes de manière à donner à ses œuvres une qualité charnelle, qui constitue une sorte de symphonie dédiée à la beauté, avec ici et là, une pointe de fantastique et d’érotisme ». Dans La Montagne du 19 juillet 1986, c’est ainsi que le journaliste et grand écrivain briviste, Michel Peyramaure décrit les œuvres de Roland Chaminade.
Deux passions de sa vieDans sa vie, ce dernier a vécu deux passions à fond, l’une pour la conduite des trains, l’autre pour la sculpture et la peinture. À 83 ans, il réussit le défi d’avancer en âge, sans être vieux. Roland Chaminade a toujours l’œil pétillant, une poigne d’enfer, de l’énergie à revendre et plein de projets dans la tête. L’homme demeure un des piliers de l’Association des peintres du Pays de Brive, qu’il a rejoint en 1981, un an seulement après sa création. Ses sculptures et peintures figurent à l’exposition collective de l’association qui se tient jusqu’au 17 mars 2024 à la chapelle Saint-Libéral de Brive.Dans sa vie, l'artiste autodidacte a vécu deux passions à fond, l’une pour la conduite des trains, l’autre pour la sculpture et la peinture.
Il y a 65 ans, ses premiers pas d'artisteSes premiers pas d'artiste, Roland Chaminade les a faits, il y a 65 ans. « Mes créations m’ont pris autant de temps que mon travail à la SNCF, » constate-t-il, avec le sourire.
À l’âge de 18 ans, il avait fait du rugby au CAB. « J’étais un sprinteur, j’ai joué avec les rugbymen célèbres comme Amédée Domenech qui avait, à l’époque, dix ans de plus. Mais aucun de mes camarades du club ne savait que je peignais. »
À ses débuts d’artiste, il a fait du figuratif, « comme tout le monde. Avec le temps, je m’en suis lassé. J’ai voulu essayer de sortir ce que j’ai au fond de moi. Une fois qu’on a franchi la porte de l’art abstrait, après, on n’a plus du tout envie de revenir vers le figuratif. »
"Je peux rester une heure devant ma toile blanche"Roland Chaminade s’est formé tout seul. « Pour la peinture, à l’époque où je faisais du figuratif, j’allais voir des professeurs pour prendre des cours. Ils me disaient : “Ne viens pas, ce n’est pas la peine. Fais à tout goût. C’est bien.” »
Comment travaille-t-il ? « Je peux rester une heure devant ma toile blanche. Et puis, à un moment donné, les couleurs arrivent, en profusion. Là, il ne faut pas perdre de temps pour poser les bases picturales, ces grosses tâches de couleurs, que je vais peaufiner après. »
À quel moment sait-il qu’une œuvre est terminée ? « Il faut savoir s’arrêter et ce n’est pas toujours évident. Pour moi, l’idéal, c’est de laisser la toile pendant quelque temps dans un coin, ne plus la regarder. Ça permet d’avoir un peu de distance, un regard neuf au moment où on décide de la ressortir. »
L'exposition 2024 des Peintres du Pays de Brive est visible jusqu'au 17 mars à la chapelle Saint-Libéral.
Toujours en mouvementComment naissent ses sculptures ? « J’utilise toutes sortes de marbre et du bois (thuya, noyers et autres). Faire une sculpture représente un travail énorme. Avant tout, je fais un dessin, puis, je cherche une pierre ou un morceau de bois où il y a le moins de matière à enlever. »
Roland Chaminade a exposé en Hongrie, en Irlande, en Allemagne et partout en France. Il a été récompensé, entre autres d’une médaille d’or de l’Académie européenne des arts de France. Mais, l’évènement qui restera marqué en lettres rouges dans sa mémoire reste sa participation au Salon d’automne au Grand Palais à Paris. « Après y avoir mis les pieds, on a un regard différent sur l’art. » Quel est le plus beau compliment qu’il a reçu ? « C’est quand on me dit que ce que je fais, on ne le voit pas ailleurs. De toutes les manières, peindre et sculpter, ça m’apporte un plaisir monumental. Jusqu’à maintenant, je ne me suis jamais ennuyé, je n’ai pas vu passer le temps. Aujourd’hui encore, on me dit, “Tu bouges tout le temps”. » Roland Chaminade continue donc son chemin d’homme et d’artiste en cinquième vitesse. Parce que pour lui, le mouvement, c’est la vie.
« Cette année, sur 70 membres de l’association, nous sommes 44 à exposer, dont deux artistes qui sont décédés (Christian Gazeau et Christian Neuville) à qui nous avons décidé de rendre hommage ». Jeudi 29 février, la coprésidente de l’Association des peintres du pays de Brive, Marilou Surret et ses camarades artistes, étaient en plein accrochage de leur exposition collective, visible jusqu’au 17 mars à la chapelle Saint-Libéral de Brive. Huiles, aquarelles, pastels, sculptures… la palette d’expressions artistiques et de styles présentés est très large. Les œuvres sont signées par les artistes amateurs passionnés installés à Brive, dans le Lot et la Dordogne.
Texte et photos : Dragan Perovic