Trafic de drogues à Clermont-Ferrand : "Le quartier Saint-Jacques appartient à la loi de la République", assure le préfet

Le préfet du Puy-de-Dôme, Joël Mathurin, organisait ce mercredi 28 mars 2024 un point presse dans le cadre de l’opération "place nette XXL", visant à tenter d'éradiquer le trafic de stupéfiants dans les quartiers. À Clermont-Ferrand, les quartiers de La Gauthière et Saint-Jacques sont particulièrement visés.

C’est un secret de polichinelle depuis déjà bien longtemps. La rue Sévigné est devenue l’une des places fortes du trafic de stupéfiants de Clermont-Ferrand.Au cœur du quartier Saint-Jacques, au pied des immeubles, juste devant la rue des Plats s’organise chaque jour l’un des points de deal les plus juteux de la capitale auvergnate avec un "chiffre d’affaires" journalier estimé à environ 15.000 euros. Un chiffre qui peut monter jusqu’à 20.000 €. Avec ce commerce à ciel ouvert, au vu et au su des habitants du quartier, otages de ce trafic, ouvert 7j./7, 24h./24, toute l’année.

Le préfet : "Dire aux habitants que la loi est là pour vous, pour vous protéger"

Et même si l’emblématique Muraille de Chine a désormais disparu du paysage clermontois, réduisant de ce fait le nombre de caches possible de produit pour les dealers, le phénomène ne s’est pas arrêté pour autant. Le moindre buisson ou poubelle servant désormais à cet effet...Ce n’est pas faute que la police interpelle chaque jour, ou presque, des "charbonneurs" et des clients. Réponse pénale à l’appui, avec des mis en cause régulièrement jugés en comparution immédiate et condamnés à des peines lourdes et souvent des incarcérations immédiates. Mais la main-d’œuvre est malheureusement inépuisable. Car les "gros" trafiquants puydomois recrutent depuis déjà de nombreux mois sur tout l’Hexagone. Avec des "offres d’emploi" lancées sur les réseaux sociaux très alléchantes (300 euros la journée pour un vendeur). Et ce, malgré les risques judiciaires encourus.

Depuis le début de la semaine, Clermont-Ferrand fait partie de l’opération nationale dite de "place nette XXL". Durant plusieurs jours, les policiers du Puy-de-Dôme reçoivent l’appui de la CRS 83, notamment, afin de tente "d’asphyxier" le trafic de drogue dans les quartiers.Ce jeudi 28 mars 2024, le préfet Joël Mathurin a ténu un point presse justement sur le point deal de la désormais tristement célèbre rue Sévigné. "Il s'agit d'une opération globale pour assécher, déstabiliser, déstructurer, la délinquance organisée et le trafic de stupéfiant dans les quartiers", indique le préfet puydomois. 

La procureure : "Je n'ai pas l'intention de m'avouer vaincue"

Le quartier Saint-Jacques est évidemment dans le viseur des forces de l'ordre. "Les habitants n'en peuvent plus, nous sommes là pour montrer que la force reste à la loi. Pendant un certain temps, nous mèneront cette opération "place nette". L'objectif est de dire aux habitants que la loi est là pour vous, pour vous protéger. Le quartier appartient à la loi de la République." Pour cela, ce sont 500 personnes qui sont mobilisées, de différents services de police et de gendarmerie. 

500 personnes mobilisées

Cette opération doit durer encore plusieurs semaines. Ce sont 500 personnes qui sont mobilisées, de différents services de police et de gendarmerie. 

Côté judiciaire, la procureure de la République de Clermont-Ferrand, Dominique Puechmaille, précise que "nous avons eu depuis hier une vingtaine de garde à vue et nous allons faire évidemment un tir, parce qu'on ne peut pas déférer tout le monde. En fonction des antécédents, des quantités qui sont saisies sur les individus. Puis nous nous orientons soit vers des déferrements, soit des convocations devant le tribunal correctionnel ou le tribunal pour enfants. Nous nous sommes donnés les moyens d'essayer d'être efficace sur les suites judiciaires qui seront données à ces individus interpellés. Je n'ai pas l'intention de m'avouer vaincue."

Parmi les interpellations marquantes, un individu a été arrêté en possession de près de 30 kg de résine de cannabis. Cette opération doit durer encore plusieurs semaines. 

 

Julien Moreau