Benoît Teste, secrétaire de la FSU, à Aurillac : "Arrêtons de couper les budgets publics ! C’est le nerf de la guerre"
Attentif à la particularité rurale du Cantal, Benoît Teste, secrétaire national de la Fédération syndicale unitaire (FSU), est intervenu jeudi 28 mars, à l’espace Hélitas, à Aurillac.
Votre propos ici, porte sur le statut de la fonction publique. Quel est le sens des métiers de l’enseignement, aujourd’hui ? Il s’agit de travailler dans une certaine éthique professionnelle, faire montre d’un certain engagement, en faisant avec des décisions qui contribuent à affaiblir le poids qu’on donne à l’école. Qu’est-ce que ça dit des valeurs qu’on met derrière l’école ? Cela nuit à l’engagement des gens, en plus des conditions de travail. La question des salaires est importante, mais même avec une revalorisation conséquente, il faudrait, en plus, baisser les effectifs par classe, et donner des moyens pour faire de l’inclusion dans les établissements.
Ce qui s’oppose, a priori, aux suppressions de postes dans les communes du Cantal ou à la fermeture du collège de la Jordanne ? Absolument. Les fermetures de collèges, c’est rare, mais c’est une catastrophe en matière d’offre de service public et d’éducation. Cela entrave, aussi, le droit à la mobilité du personnel. Moins de postes, moins de possibilités de mutation. Arrêtons de couper les budgets publics, c’est le nerf de la guerre. Parce qu’il faut patiemment reconstruire une école de qualité, former le personnel pour. L’enjeu de la formation est immense. Le personnel le dit. Qu’incarne l’école publique de nos jours ? On souffre d’une période où la fonction publique en général, et l’éducation en particulier, est souvent utilisée de manière idéologique, pour prétendre qu’on va tout réformer, qu’on va faire mieux avec moins. Or, c’est impossible.
Parmi les grandes directions du gouvernement, on trouve le mérite, le choc des savoirs… Tout ça heurte l’idée d’égalité des chances et revient à renforcer les inégalités, là où il faudrait les réduire… Standardiser les évaluations, c'est créer une école à deux vitesses
Dans un territoire rural comme le Cantal, la coupe budgétaire peut-elle être justifiée par la baisse démographique ? C’est un cercle vicieux : moins on donne de services publics en général dans les territoires ruraux, plus ils sont désertés. Si la politique était volontariste et qu’une petite baisse d’effectif n’entraînait pas tout de suite une fermeture de classes ou de collège, cela permettrait au territoire de continuer à vivre. La fermeture des services publics entraîne le départ de la population.
C’est ce maillage que vous défendez ? La force du service public, c’est de proposer partout une offre de qualité et, en matière d’éducation, l’enjeu est grand. Il y a des difficultés d’éloignement… Ponctuellement, à certains endroits, certaines choses coûtent plus cher. Pour nous, ce n’est pas un coût, c’est un investissement. Car on ne peut pas tout ramener aux mêmes modalités de calcul et comme indicateur le nombre strict d’élèves. Il y a des conditions spécifiques, des enfants qui viennent de loin…
Propos recueillis par Anna Modolo