Après une vingtaine d’années d’agriculture conventionnelle, ce paysan converti au bio ne regrette pas son choix
"J’ai appris comme ça, avec des insecticides, des fongicides et des engrais, mais plus ça allait, plus le nombre de traitements augmentait, au point de se demander pour qui on travaillait, pour nous ou pour les vendeurs de produits. Il fallait se remettre en question pour être plus en accord avec nos convictions."
Après une vingtaine d’années d’agriculture conventionnelle, Jean-Sébastien Gascuel s’est converti au bio en 2003. Aujourd’hui, le paysan ne regrette pas son choix : "On produit moins, mais de meilleure qualité. Au final, on est rentable". Malgré le contexte économique difficile pour la bio, le sexagénaire est serein pour l’avenir de l’exploitation de 80 hectares qu’il gère à Gerzat, avec trois associés, dont son fils.
C’est la catastrophe pour les producteurs de lait et de viande qui vendent en dessous de leurs coûts de production. Ceux qui s’en tirent sont ceux qui transforment et font de la vente directe, comme nous.
Avec jusqu’à une dizaine de cultures différentes, la Ferme des Raux privilégie les circuits courts. Elle produit ses propres semences. Elle transforme son blé en farine (21 tonnes l’an dernier) pour faire du pain vendu localement. Elle élève des volailles nourries avec des aliments produits sur place, abattues dans l’Allier et vendues sur l’exploitation.
Depuis six mois, la Ferme des Raux a son propre moulin pour transformer son blé en farine.
Notre modèle fonctionne, on crée de l’emploi, on est autonome, on a de la trésorerie pour investir et on arrive à sortir un salaire d’environ 2.000 € par associé.
Sur les terres fertiles de la Limagne, la Ferme des Raux a façonné les paysages en plantant plus de 4 km de haies auxquels s’ajoute désormais du bois d’œuvre. Bientôt, Jean-Sébastien Gascuel partira à la retraite et une nouvelle génération prendra les commandes pour marquer à son tour la Limagne de son empreinte.
Texte : Maud TurcanPhotos : Richard Brunel