La collection d'accordéons de Pierre Abriol dévoilée à la halle aux Blés

La ville de Saint-Flour profite de la venue de Pierre Cussac, samedi 20 avril au Rex, pour proposer une exposition des plus beaux ou plus insolites accordéons de Pierre Abriol.

Jusqu’au 28 avril (du mardi au dimanche, de 14 heures à 18 heures), la halle aux blés accueille la première exposition d’une partie de la collection de Pierre Abriol, à la fois musicien, réparateur et collectionneur d’accordéons, que sa famille a légué en 2022 à la ville de Saint-Flour. « Une belle collection d’un amateur passionné, avec quelques modèles rares », estime Philippe Krumm, mandaté par le musée de la Haute-Auvergne pour expertiser cette donation en sa qualité d’éthnomusicologue et organologue.

Parmi les 160 accordéons offerts, et précieusement conservés dans les réserves du musée sanflorain, seules une vingtaine des plus belles pièces, triées sur le volet, est actuellement exposée. Ainsi que quatre clichés d‘accordéons, accompagnés d’un QR code pour écouter les morceaux que Claude Quitard, artiste connu et reconnu dans le milieu du musette auvergnat, mais aussi à l’échelle nationale, a joués et enregistrés à la demande des organisateurs.

Cette exposition est donc l’occasion de raconter l’histoire de ce « personnage ordinaire extraordinaire » qu’était Pierre Abriol, un Sanflorain bien connu sur le territoire, qui a consacré sa vie à sa passion pour l’accordéon. Dont il jouait bien sûr, mais qu’il collectionnait aussi et restaurait avec amour dans son petit atelier. Elle est également l’occasion de raconter un pan de l’histoire de l’instrument, diatonique, chromatique ou à touches piano, de 1830 à nos jours. Et que de grands noms ont su faire vivre, revivre et remettre au goût du jour au fil des années et au rythme des modes musicales.Au coeur de la halle aux blés, les visiteurs pourront découvrir le petit atelier de Pierre Abriol à travers un oeil-de-boeuf.Car si l’accordéon a connu ses heures de gloire dès son apparition dans les années 1830, il a rapidement été mis au placard et ringardisé avec l’arrivée du piano moderne, avant de retrouver ses lettres de noblesse en 1880 grâce aux Italiens et Allemands qui fabriquent alors « des modèles permettant de jouer les airs à la mode », explique Philippe Krumm. En Auvergne, en revanche, c’est au son de la cabrette que l’on danse et il faudra attendre 1900 pour que l’accordéon s’en émancipe et « devienne un vrai instrument à la mode, chez les jeunes de l’époque », puis 1930 lorsque le musette est à son apogée. L’accordéon tient le cap jusqu’au sortir de la deuxième guerre mondiale, avec de multiples compositions, décline à nouveau, et devient l’instrument préféré des aînés. À la fin des années soixante/début des années soixante-dix, l’accordéon diatonique connaît un regain de vitalité avec le mouvement folk, tout droit arrivé des États-Unis.

Philippe Krumm n’est pas avare de commentaires et d’anecdotes sur l’accordéon, un instrument qu’il connaît par cœur.

« Aujourd’hui, l’accordéon n’est pas mort », assure l’expert. Avec douze  facteurs d’accordéons diatoniques et deux d’accordéons chromatiques en France et quelque 5.000 thés dansants et bals musette par semaine chaque année, l’instrument a encore de beaux jours devant lui. En témoigne la nouvelle génération de musiciens, à l’image de Jérôme Richard, Nathalie Bernat ou Sylvie Pullès, pour ne citer qu’eux, qui tracent leur sillon dans les pas d’André Verchuren, le tout premier accordéoniste à jouer debout, avec un instrument allégé, Yvette Horner ou Aimable, qui ont donné au musette toutes ses lettres de noblesse. Et avant eux les Marcel Azzola, Gus Viseur ou Tony Muréna. Mais, pour Philippe Krumm, « le plus grand nom du musette reste Émile Vacher, c’est mon chouchou », avoue-t-il. 

Du classique à la valse musette en passant par des improvisations et compositions personnelles, Pierre Cussac sera sur la scène du Rex à Saint-Flour, samedi 20 avril, à 20 h 30, à l’occasion d’un récital placé sous le signe de l’ouverture. Accordéoniste et bandonéoniste, le musicien développe un langage aux influences multiples où l’improvisation tient une place essentielle. Artiste éclectique et créatif, il compose, arrange et élabore des programmes pour les formations les plus diverses, allant du récital solo au grand ensemble. Réservation des places en ligne sur https://www.billetweb.fr/recital-solo-pour-accordeon  ou auprès du service événementiel au 06.85.52.36.43.

Isabelle Barnérias