ASM - Stade Français : c'est l'heure pour les Clermontois de montrer du caractère

Même s’il se démarque le plus souvent des autres entraîneurs de rugby, de par sa personnalité ou sa méthode, Christophe Urios sait utiliser des arguties dont parfois usent ses collègues. « On se fait cracher dessus, on ne nous respecte pas et comme tous les autres, je déteste ça ». Et à l’instar de la très grande majorité des gens de sa profession, il sait manier, quand son équipe va mal, l’éternel levier personne nous aime, tout le monde nous en veut.

La recette est connue, elle a fait florès bien des fois sur tous les terrains de France et de Navarre, mais parfois cela fait aussi « pschitt ». Après la prestation plus que désolante de l’ASM à Bordeaux (défaite 41-7), la foudre (médiatique et celle des réseaux) est tombée sur l’équipe, joueurs et staff inclus… Du moins, c’est le ressenti des acteurs clermontois après le passage à Chaban-Delmas du week-end dernier.

« Cela ne fait pas plaisir quand tu lis partout […] l’ASM est un empire en péril, on n’a pas de leaders, il n’y a pas de talent, il n’y a pas d’équipe… », a servi Christophe Urios, ce vendredi lors du rendez-vous médiatique de fin de semaine. Le manager n’a pas caché avoir servi ses arguments à ses joueurs lors de la causerie, juste avant l’entraînement de la mise en place.

Dès lors, la seule question qui vaille est de savoir ce que les joueurs vont faire de ce discours de mal aimé, dans un contexte compliqué et qui ne manquera pas de pression face à un Stade Français qui roule (presque) tranquillement en tête du peloton, mais qui peut viser l’échappée en solitaire en cas de succès au Michelin.

Pragmatique et conscient de la situation, sur laquelle il ne veut pas non plus en faire des caisses, Urios attend le match de ce samedi soir (21 h 05) contre le Stade Français comme « un moment de vérité ».

Une façon à lui de donner rendez-vous à ses joueurs. Pour ces derniers, il est l’heure de faire preuve de caractère et de montrer, leader ou pas leader en face, qu’ils sont capables de s’arracher de ce bas du tableau qui, forcément, s’assombrit un peu plus chaque journée qui passe.

Depuis le 17 février, date du début de ses ennuis en Top 14, l’ASM n’a gagné qu’un seul de ses sept matchs de championnat, ce qui explique cette 11e place de tous les dangers, quand on sait que la lutte pour le maintien va se jouer avec Montpellier, Lyon et Bayonne.

Réagir fait partie des forces de ce groupe, c’est aussi Urios qui le dit, et rarement le moment a été plus approprié pour le confirmer.

L’heure ne sera peut-être pas à la poésie ce samedi soir, plutôt à une stratégie qui devra couper les griffes parisiennes, expertes dans l’art de faire déjouer l’adversaire. Le beau jeu attendra, le public clermontois ne se réjouira que d’une (simple) victoire, qui offrira au moins un peu de répit à cette ASM sous pression. 

Christophe Buron