Qui était Rose Glück, juive et résistante, arrêtée à Brive, torturée par le Dr Mengele et rescapée des camps ?

Grâce à l'historien David Marmonnier, qui lui a consacré un article dans la revue Fidélité, en avril 2018, on en sait plus sur Rose Warfman, née Rose Glück, cette femme admirable, raflée à Brive (Corrèze) en 1944, qui fut une des intermédiaires d’Edmond Michelet.

Elle a participé à la folle aventure de l’Exodus, en créant de faux papiers d’identité pour les passagers juifs de ce navire qui a vainement tenté de rejoindre la Palestine, en 1947. Avant cela, elle avait subi les pires outrages au sein de l’infirmerie d’Auschwitz, face au sadisme du tristement célèbre Docteur Mengele. Mais qui se souvient que Rose Warfman, née Rose Glück, cette femme au parcours héroïque, a été arrêtée un matin du mois d’avril 1944, à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze ?

Infirmière, juive et résistante

Ce dimanche 28 avril, alors que se déroulent, partout en France, les cérémonies d’hommage aux victimes et héros de la déportation, qui à Brive pensera à cette femme qui a fait partie des deux cents juifs arrêtés et déportés au cours du mois d’avril 1944, le pire mois de la guerre pour les juifs réfugiés en Corrèze ? 

Les fins connaisseurs du parcours d’Edmond Michelet, eux, la connaissent, cette infirmière, juive et résistante, qui vécut jusqu’en 2016, l’année de ses 100 ans. Si elle était née à Zurich, en Suisse, ses parents venaient de Pologne et c’est à Strasbourg qu‘elle a grandi.

Comme l’explique David Marmonnier dans l’article qu’il lui a consacré dans la revue Fidelité, « à la suite de l’occupation allemande et des lois anti-juives du gouvernement de Vichy, Rose perd l’emploi d’infirmière qu’elle occupait ». C’est là que se produit sa bascule vers la Résistance : elle se voit confier des missions, dont celle de « convoyer deux enfants juifs jusqu’en zone libre ».

Elle rejoint sa sœur à Brive

Comment se retrouve-t-elle à Brive ? Elle a 25 ans, en 1941, lorsqu’elle décide de rejoindre sa sœur, installée en cité gaillarde avec son époux, David Feuerwerker, qui officie depuis un an comme rabbin de la Corrèze.

Et Rose devient responsable du bureau d’assistance sociale de l’Union générale des israélites de France (UGIF). La Corrèze, à ce moment-là, est vue comme un lieu sûr : en juin 1941, un rapport recense 1.900 israélites installés à Brive.

Rose Glück continue à résister, elle deviendra « l’intermédiaire » d’Edmond Michelet dans son action d’aide aux juifs et, dans le même temps, intègre le mouvement de résistance Combat (elle apporte « messages et faux papiers dans les maquis environnants »).

La cruauté du docteur Mengele

Mais Edmond Michelet est arrêté le 25 février 1943. Le rabbin parvient à fuir Brive à l’automne, pas Rose Glück. Arrêtée avec tout le personnel de l’UGIF, le matin du 3 avril 1944, elle est déportée à Auschwitz par le convoi n° 72. Là, elle est victime des cruelles expériences du docteur Mengele avant d’être affectée dans plusieurs camps.

Libérée le 8 mai 1945 par l’armée soviétique, elle rentre en France où elle participe encore à la folle aventure de l’Exodus. Avec son époux et leurs trois enfants, celle qui est devenue Rose Warfman s’installe en Angleterre, à Manchester, où elle finira sa vie.

En 1995, son témoignage viendra enrichir le dossier d’instruction pour le titre de Juste parmi les nations décerné à Edmon Michelet. Elle dira notamment la chose suivante : « Edmond Michelet savait que j’étais juive et nous a aidés en toute connaissance de cause pour sauver nos coreligionnaires juifs. […] Je n’ai jamais eu un refus de coopération et d’aide de sa part. »

Sources Les informations sur le parcours de Rose Warfman, née Rose Gluck, sont issues de sa fiche sur le site du Mémorial de la Shoah mais surtout de l’article que David Marmonier, ex-directeur du musée Michelet, lui a consacré dans la revue Fidélité. Publié dans le numéro 95 d’avril 2018, il peut être consulté au musée.

Pomme Labrousse