Un micro-musée itinérant du Postillon en balade dans les rues de Tulle
Le voyage de Lille à Tulle, l’artiste plasticien Nicolas Lavoye l’a déjà fait plusieurs fois, à l’invitation de l’association de création contemporaine Merveilleux Prétexte. En août dernier, pour une première résidence ; un temps de découverte, d’immersion et d’échanges autour de l’échange postal. « Les plus bavards ont été les gens en lien avec les lettres », se souvient-il.
Puis à la Toussaint, il est revenu pour mettre en forme les fruits de ses recherches, imaginant un micro-musée itinérant du Postillon. « Je voulais que ce dispositif puisse se déployer rapidement, que ça parle à tout le monde, explique Nicolas Lavoye. L’idée, c’était aussi que faire venir le musée aux gens plutôt que l’inverse et de regrouper des documents et des œuvres diverses dans une installation polymorphe. »
Cartographie des boîtes postalesCette semaine, Nicolas Lavoye est de retour avec sa création : une étrange tente jaune, en film étirable digne des meilleurs emballages postaux, aux allures de boîte aux lettres géante, dans laquelle on se glisse comme « dans un micro-espace des ailleurs ».
Là se déploie une cartographie revisitée des boîtes postales tullistes ; « c’est un prétexte à découvrir la ville, une petite chasse au trésor qui dessine un paysage postal et avoir d’autres repères. Il en existe 48, j’en ai repéré, au hasard de mes balades, une vingtaine. Il y a encore du boulot », sourit l’artiste.Nicolas Lavoye a réalisé une cartographie des boîtes postales de Tulle.
Le micro-musée dévoile aussi une collection de cartes postales à envoyer ou reçues, ou créées lors d’un atelier d’écriture avec ses élèves, comme autant de « petits tableaux à voyager » ; mais encore des histoires qu’on lui a confiées, qu’il a réécrites et illustrées. Des adresses rébus, des mobiliers d’écriture de courrier, Alice H. la factrice complice ou Bruce le facteur renommé par une famille… « Je suis allé chercher l’extraordinaire dans des choses ordinaires pour créer des anecdotes poétiques. »
Un musée à la rencontre des habitantsÀ découvrir encore un alphabet typographique tiré de l’écriture de sa propre grand-mère, « la personne qui m’a le plus écrit » ou des timbres (bons à poster) inspirés d’un sablé qu’il a cuisiné lui-même.Nicolas Lavoye a réécrit et illustré des anecdotes postales que des Tullistes lui ont racontées.
Tout un assemblage hétéroclite et poétique que Nicolas Lavoye balade toute cette semaine à Tulle. Ce mardi 30 avril, il était à l’école Joliot-Curie. Demain, mercredi 1er mai, il sera toute la matinée sur le marché de la gare, jeudi 2 mai à partir de 17 heures sur la terrasse du Richelieu et vendredi 3 mai à l’Ehpad de Cornil.
« J’ai envie de rencontrer des publics très variés. J’aimerais que ça donne envie aux gens de s’écrire un peu plus. Moi en tout cas, ça me donne de faire autre chose, créer des cartes postales personnalisées ou réaliser des rêves de cartes postales. » À suivre…
Vous avez dit Postillon ? Au XVIe siècle, le postillon était le conducteur des voitures à cheval qui acheminaient le courrier. « Il était considéré comme un personnage peu raffiné », raconte Nicolas Lavoye. Plus tard, on appelait postillon les messages que s'échangeaient subrepticement les prisonniers dans des boulettes de pain. De nos jours, ce sont ces gouttelettes de salive que l'on s'échange dans nos conversations. « On est revenu à quelque chose de pas très délicat, mais on est toujours dans l'échange », sourit l'artiste.
Blandine Hutin-Mercier