JO Paris 2024 : il y a 56 ans, la flamme olympique traversait la Corrèze
Alors que la flamme olympique arrive ce mercredi 8 mai à Marseille, la Corrèze se souvient. Le 3 janvier 1968, la flamme a traversé le département à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de Grenoble. D’Argentat à Tulle puis à Brive, retour sur un passage mémorable avec des porteurs de la flamme à l’époque.
"Un brouillard épais s’étendait sur le vaste plateau de Xaintrie, couvert de neige. Une pluie fine, mi-eau, mi-neige, froide et pénétrante, ajoutait encore à la désagréable humidité ambiante" lisait-on le 4 janvier 1968 dans La Dépêche du Midi.
C’était un vrai temps de saison qui avait accueilli la veille la flamme olympique en Corrèze. Le seul et unique passage de ce symbole sportif dans le département à l’occasion des Xes Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble.
En provenance d’Aurillac, la flamme olympique a pénétré en Corrèze au village de Teulet sur la N120. Le dernier porteur du Cantal tendait la torche à M. Chevron, inspecteur départemental de la Jeunesse et des sports qui passait le relai à l’adjudant Requena de l’école militaire qui veillait sur la flamme jusqu’à l’entrée d’Argentat.
Du monde aux fenêtresToujours sous le mauvais temps, la flamme arrivait en fin d’après-midi à Tulle. Seize porteurs se relayaient dans les rues de la préfecture. Parmi eux, Patrick Frouard, 18 ans, qui faisait partie des Pupilles des pompiers (aujourd’hui section Jeunes sapeurs-pompiers). Cinquante-six ans après, il rembobine le fil de cette journée mémorable.
"J’étais dans la section gymnastique. Je me souviens avoir pris la flamme au pont de la Barrière des mains de Jean-Claude Berejnoï le pilier international du SC Tulle et de l’avoir portée jusqu’à la passerelle à hauteur de l’actuel parking Souletie entouré de mes collègues. En courant le long du quai de Rigny, il y avait du monde aux fenêtres, des dames de la chambre de métiers qui m’applaudissaient. Je l’ai ensuite donnée à un représentant du judo".
"À l’époque, il n’y avait aucune sécurité"Serge Villalonga avait, lui aussi, eu le privilège de porter la flamme dans les rues de Tulle : "Je faisais partie de l’association sportive Les Joyeux du lycée Edmond-Perrier. J’avais 18 ans. J’étais en terminale. Comme je brillais en athlétisme, c’est mon prof d’éducation physique, Noël Gayraud, qui m’a choisi pour porter la flamme. C’est Jacques Delmas du basket qui me l’a transmise. Je l’ai portée en tenue rouge et noire du pont Dunant jusqu’à Monoprix. J’étais escorté par les cyclistes du Véloce Club. Puis je suis allé au Centre culturel et sportif pour la cérémonie avec le Ski-Club dont je faisais partie".
Une cérémonie au caractère "à la fois simple et grandiose" selon la presse de l’époque au terme de laquelle la flamme olympique prenait la direction de Brive où elle arrivait sous la pluie.
Dans la cité gaillarde, la flamme est passée dans les mains de Jean-Jacques Gourdy, ancien joueur du CA Brive et ancien président du club, qui en garde un souvenir évidemment ému.
"J’avais pris le relai de porteur en haut de la rue Gambetta. La flamme était arrivée au théâtre où elle avait passé la nuit. À l’époque, il n’y avait aucune sécurité en comparaison à ce qu’on annonce pour cette année. Je me souviens qu’il y avait simplement un gendarme pour faire la circulation et pas plus. Au début des discussions, il y avait pas mal d’incertitudes quant aux porteurs de flamme pour ménager les susceptibilités. Finalement, c’est le CAB Athlé qui a été désigné. À l’époque, j’étais à 80 % athlète et 20 % rugbyman", explique Jean-Jacques Gourdy qui a bouclé la boucle olympique 48 ans plus tard, à Rio, en 2016.
"J’ai eu la chance de défiler dans le stade olympique avec l’équipe de France de rugby à VII dont je m’occupais. J’ai pu côtoyer le porteur de flamme français Teddy Riner, c’était un moment fort", poursuit-il.
De la fiertéLes années ont passé et Serge Villalonga reste toujours "fier" d’avoir porté la flamme olympique. "Cela demeure un symbole fort. La ville était en liesse. J’ai toujours des photos quand je portais la flamme et je les ressors de temps en temps avec la famille et les amis".
Patrick Frouard, lui, regrette de ne pas posséder de photos souvenirs la flamme à la main. "Quand je dis à mes petits-enfants que j’ai porté la flamme olympique, ils ne me croient pas", sourit-il.Pas de quoi refroidir son enthousiasme plus de 50 ans après : "J’en garde un bon souvenir. C’est un honneur de l’avoir portée. On ne mesure pas l’importance de ce moment. C’est quelque chose de bien. À chaque fois que j’entends parler de la flamme olympique, je me souviens."
Frédéric Rabiller
Photos Arch. dép. de la Corrèze 10Fi/2187/1 clichés André Vedrenne La Dépêche du Midi et 23 Fi/25362 photos La Montagne