Les bonnes raisons de venir (re)découvrir les collections du musée du Pays d'Ussel

Le musée du Pays d’Ussel (Corrèze) rouvre samedi 18 mai pour une nouvelle saison. Avec de nouveaux espaces d’exposition à découvrir.

Il reste encore un peu de ménage à faire de-ci de-là, des cartels à installer, des cadres à redresser. Mais samedi, pour la réouverture du musée du Pays d’Ussel, tout sera en place. Et les visiteurs trouveront de quoi étancher leur curiosité en découvrant de nouveaux espaces.

Le XVIIe siècle dans les livres. Pour faire le lien avec l’exposition sur le maître graveur Jacques Callot, la salle de la vie intellectuelle et de la presse se met à l’heure du XVIIe siècle. Une exposition thématique « Échos imprimés du XVIIe siècle » met en valeur les ouvrages et imprimés de cette époque qui dormait au fond de sa bibliothèque.

Huit ouvrages, d’une belle finesse et d’un grand intérêt historique, sont ainsi mis en lumière. « Le XVIIe siècle, c’est l’âge d’or du livre, la culture la plus importante d’alors, explique Melvin Mouton, directeur du musée. Souvent, les intellectuels demandent à des graveurs de les illustrer, ils sont souvent dédicacés par des grands noms. »Frontispice rendant hommage à Henri de Gondy, évêque de Paris, illustration de l'art de la Cour.

Cinq ouvrages, du premier XVIIe siècle, le montrent, avec leurs frontispices reprenant l’art des retables baroques ou des portraits de dédicataires prestigieux. Le prince de Condé, le cardinal du Perron, Henri de Gondy, évêque de Paris… « On est vraiment dans l’histoire de France, ces hommes vont participer à la Fronde, et dans l’illustration de l’art de la cour. »

L’art de la cour qui éclate plus encore dans deux volumes d’une Histoire de l’Aquitaine en latin portant un portrait du célèbre Nicolas Fouquet, ministre puis bête noire de Louis XIV. « Le frontispice réalisé par Charles Lebrun reprend l’art qu’il développa dans la Galerie des Glaces, à Versailles. »

Art de Versailles toujours avec une illustration de la Sainte-Trinité du graveur Mathieu Ogier. « Les graveurs à l’époque étaient aussi importants que les peintres, car c’étaient eux qui diffusaient les toiles. » À revoir aussi un tableau de Delzors Pénières, du XIXe siècle, montrant un membre de l’assemblée du canton d’Ussel et tout juste revenue de restauration.

La salle de la guerre. Exit les lessiveuses, la salle de la bugeade fait place à la salle de la guerre, une exposition semi-permanente consacrée à la Première Guerre mondiale et au « concept de la guerre, ce qu’elle est et ce qu’elle représente », précise Melvin Mouton. « On est aussi un musée de société, on prend des sujets de société et on les explore dans cette salle. »

Son histoire - une toise raconte la conscription -, sa mémoire, avec les Bleuets, le roman national qu’elle raconte, avec une page imprimée du wagon de Rethondes où fut signé l’Armistice en 1918 et où Hitler exigea de signer la capitulation de la France en 1940.

On est aussi un musée de société et on explore des sujets de société.

Mais aussi la propagande, avec des affiches qui évoquent l’économie de guerre ou l’emprunt de la Défense nationale. « Ça pose aussi la question du front et de l’arrière. Cette propagande marchait alors, parce que tout le monde était mobilisé pour la guerre, avec ses moyens. »

Mobilisé, l’Ussellois François Catalot l’a été justement en août 1914. Après ses classes au 126e RI de Brive, il rejoint le front où il est tué dès le mois de septembre, près de Reims. Un portrait, son livret militaire, des lettres (dont la dernière qu’il a envoyée à son épouse Victorine), son acte de décès daté d’avril 1915, sa médaille militaire… Sa vie de soldat se dévoile au travers de documents, très touchants, sortis des réserves.

« L’idée, c’est de renouveler le parcours de visite », résume Melvin Mouton. 

Le musée du Pays d’Ussel est ouvert du mardi au dimanche, de 14 h à 18 h. Entrée, 5 €, gratuit -26 ans, gratuit le 1?? dimanche du mois.

Elle abrite les collections d’art sacré du musée,

notamment deux véritables chefs-d’œuvre : une Pentecôte des Cibille, de 1664, le meilleur exemple de l’art accompli de cette famille de peintres locaux. Une toile très proche de la manière de Rubens ou Van Dyck, dont le modèle est d’ailleurs une représentation de la Pentecôte de Rubens en personne.

Dans le chœur, le retable en bois sculpté polychrome de 1711 brille de toutes ses dorures. Œuvre de Paul de Limosin, il s’inscrit en plein dans le baroque typique du Bas Limousin.

Un émail de Limoges.Discrètement posée dans une vitrine du transept, une Assomption de la Vierge en émail de Limoges de 1205 est jalousement conservée par le musée. En cuivre champlevé, elle est exemplaire de l’art roman en vigueur à l’époque et, en ce sens, très rare.

La vie des croyants en collection.La chapelle des Pénitents recèle quelque 400 pièces, toutes recollées en décembre dernier. Des pièces qui, chacune à leur manière, « racontent la vie d’un croyant, du berceau à la tombe », explique Julie Contet-Sturtzer, chargée de médiation.Les 400 objets exposés dans la chapelle des Pénitents racontent la vie quotidienne des croyants des siècles passés.

Robes de baptême, de mariage ou de deuil, brassards de communiants, boîte de dragées, mais aussi vêtements liturgiques, pèlerinages annuels, dévotions domestiques ou aux saints locaux… Calices, cierges, encensoirs, « on explique aussi à quoi servent tous ces éléments liturgiques », précise Melvin Mouton, directeur du musée.

« L’objectif, avance-t-il, c’est de faire revivre ce lieu. » D’où la visite guidée à la lampe torche samedi, à l’occasion de la Nuit des Musées. Et d’autres à venir.

(*) Des pénitents bleus exactement. La chapelle des pénitents blancs a, elle, été entièrement détruite à la Révolution.

La Nuit des musées. Samedi 18 mai, de 17 h à 21 h, l’entrée est libre et gratuite dans tous les espaces du musée. Plusieurs animations sont prévues : à 15 h, escape game familial (dès 6 ans) « Faux airs de commissaire »?; prenez la place d’un commissaire d’exposition et tentez de dérober une œuvre d’art (5 €, gratuit - 18 ans?; réservation au 05.55.72.54.69). À 17 h, visite guidée de l’exposition flash « Imprimés précieux : une exploration des trésors cachés du musée », hôtel Bonnot de Bay?; l’occasion de découvrir, notamment, un feuillet d’un manuscrit enluminé du XVe siècle et les deux dernières acquisitions du musée, un livre relatant la dispute de Marmontel avec Rousseau et une gravure d’un des maîtres de l’atelier de Rubens, Schelte Adams Bolswert. À 18 h, visite guidée de l’exposition « Jacques Callot : maître graveur au XVIIe siècle », salle d’exposition. À 19 h, visite guidée de l’hôtel Bonnot de Bay. À 20 h, visite guidée à la lampe torche de la chapelle des Pénitents (prévoir une lampe ou un téléphone chargé).

Texte et photos : Blandine Hutin-Mercier