Comme les Meubles Cosson, 4.000 entreprises artisanales sont à reprendre dans le Puy-de-Dôme d'ici à cinq ans
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Les Meubles Cosson existent depuis 1968. Du petit atelier à Theix à Cournon, en passant par le magasin de la rue du Port à Clermont-Ferrand. Mais, à l’heure de la retraite, l’histoire pourrait s’arrêter là.
« Du cercueil de hamster aux boiseries de château en passant par des cales d’avion, des escaliers et du mobilier de cuisine ou de salon… nous faisons de tout ». Et des ébénistes comme Philippe et Françoise Pinel, artisans polyvalents spécialisés dans le sur-mesure de l’aménagement intérieur, il n’y en a plus des kilos.
Cette réputation en or massif de travail bien fait, dans les règles de l’art, tout à la main, finit pourtant par jouer contre les Meubles Cosson.
« L’image de l’entreprise est handicapante… », soupire Françoise Pinel.
Installés dans le show-room de l’ébénisterie à Cournon-d’Auvergne, Françoise et Philippe Pinel s’échangent un regard fataliste : « Cela effraie un jeune repreneur. » À 59 et 60 ans, ils ont sonné l’heure de la transmettre l’entreprise familiale.
Philippe a fait valoir ses droits à la retraite au 1er avril, Françoise a déserté le magasin de la rue de la Port à Clermont, « vendu pour que l’entreprise soit plus facile à céder ».
Depuis cinq ans, ils rêvent de trouver un jeune ébéniste « pour reprendre le stock de bois, pour utiliser les machines… », glisse Philippe, pudique.
Privé de la transmission de son savoir-faire, de son amour du bois. Des essences qu’il choisit encore avec soin, des meubles qu’il conçoit toujours le crayon à la main sur des grandes chutes de papier achetées à La Montagne, du mobilier unique qu’il assemble des heures durant.
740 m2 d’atelierFrançoise montre le petit canapé rouge. Philippe glisse sa main sous l’accoudoir pour dégager le bras repose verre. « C’est ça… le sur-mesure », sourit-elle.
Comme, dans l’atelier, où trône ce stand réalisé pour un vigneron du Bordelais prévu pour intégrer le tout nouveau marché couvert d’Andernos (Gironde).
Ici, toutes les pièces ont une histoire. Et 740 m² d’atelier, ça en fait des souvenirs! « Mais dix heures par jour, six jours par semaine, cela fait peur à un jeune. Il se demande s’il va pouvoir, ou vouloir, garder ce rythme, et donc le chiffre d’affaires », admet Françoise Pinel.
Le couple a essayé, il y a trois ans, de proposer un partage d’atelier pour transmettre en douceur. Cela n’a pas fonctionné :
Pourtant, il y a du travail. Le carnet de commandes est plein
Alors, « on s’est fait accompagner ». Leur comptable, un avocat spécialisé, la Chambre de métiers, la Chambre de commerce et d’industrie avec une expertise « pour avoir un avis extérieur sur la valeur de notre entreprise », finalement évaluée à 550.000 euros, bâtiment et fonds de commerce.
Mais les annonces sur le Bon Coin, chez un agent immobilier, sur le site de la Chambre de métiers… ne donnent rien. Encore six mois et ils vont se résoudre à vendre le local et le terrain, secs.
2.400 m² en pleine zone artisanale de Cournon-d’Auvergne, ils trouveront. « Si encore, au moins, cela pouvait être un artisan! », espère encore Françoise Pinel. Tant pis pour le bois. Cosson, c’était le nom de son ébéniste de papa.
AuvergneEn Auvergne-Rhône-Alpes, les quatre départements auvergnats sont très concernés par la problématique de la transmission d’entreprise artisanale. Plus du tiers des chefs d’entreprise (hors micro-entreprises) ont plus de 55 ans. C’est le cas, dans le Puy-de-Dôme, notamment dans les secteurs ruraux. 4.000 entreprises artisanales à reprendre dans le Puy-de-Dôme d’ici à cinq ans.
Les secteursTous les secteurs sont concernés, mais selon une enquête de la Chambre de métiers Auvergne-Rhône-Alpes, l’urgence concerne le secteur de la fabrication, avec plus de 35 % des chefs d’entreprise âgés de plus de 55 ans. Plus de 50 % dans certains territoires de l’Allier. Bois, ameublement, matériaux de construction, travail des métaux, du cuir, du verre, papier, imprimerie, arts graphiques…
Qui sont les cédantsParmi les activités les plus représentées en Auvergne-Rhône-Alpes : 24 % d’entreprises de coiffure et d’esthétique; 12 % boulangerie, pâtisserie; 8 % boucherie, charcuterie. Pour cause de retraite : 19 % des coiffeurs, 12 % de peintres, plâtriers (travaux de finition), 9 % boucherie, charcuterie, traiteurs. Auxquels s’ajoutent ceux qui souhaitent changer d’activité (35 % coiffure).
Quand?38 % des chefs d’entreprise de la région souhaitent céder dans les trois ans.
Quoi?Près de la moitié souhaite céder le fonds de commerce.
Comment?Plus de la moitié n’a pas fait estimer la valeur de son entreprise.
Le siteTransentreprise.com est une plateforme dédiée qui répertorie les offres et qui permet d’effectuer des recherches par critères, en fonction de l’activité, de la zone géographique, de l’effectif salarié ou du chiffre d’affaires.
Trois à cinq ansIl faut compter deux à trois ans pour transmettre son entreprise, cinq ans dans l’idéal. Il est plus que pertinent de prévoir la baisse de revenus dès 40 ans.
AccompagnementLa chambre de métiers du Puy-de-Dôme propose des accompagnements : diagnostic, évaluation…Contact. CMA 63 au 04.73.31.52 00 ou cma-puydedome.fr
Cécile BergougnouxPhotos Fred Marquet