Trouver sa voie malgré le handicap grâce à l'établissement et services de réadaptation professionnelle La Mothe dans l'Allier

L’ESRP (établissement et services de réadaptation professionnelle) La Mothe, à Haut-Bocage (Allier), accueille depuis les années 50, des personnes en situation de handicap en reconversion ou en insertion. Elles sont aujourd’hui près de 130 à suivre une formation.

Une vingtaine d’hectares de parc arboré, un étang, des serres, une vue imprenable sur la nature… Et, au cœur de cet écrin de verdure, une quinzaine de bâtiments avec des salles de formation, d’activités, des hébergements, ainsi qu’un château datant des années 1850.

Un cadre magnifique et inattendu pour ceux passant les portes de l’ESRP (établissement et services de réadaptation professionnelle) La Mothe, à Haut-Bocage (anciennement commune de Louroux-Hodement) dans l'Allier, pour la première fois.

Dix-sept parcours de formation proposés

"Je suis ici depuis trente ans, donc je ne fais plus vraiment attention au cadre", confie, en regardant autour de lui, Didier Mourlon, en charge de la communication de l’établissement. "Mais c’est vrai que nous avons un très bel espace", glisse-t-il avec un grand sourire.

La structure accueille en continu près de 130 personnes. Elles sont en très grande majorité en situation de handicap (La Mothe est également organisme de formation et peut donc accueillir tous types de publics). "Ce sont des personnes autonomes qui, à cause d’un problème de santé durable, sont en reconversion ou en insertion professionnelles." Des personnes confrontées à tous types de handicaps.

40

C’est l’âge moyen des stagiaires de l’ESRP La Mothe à Haut-Bocage. Cependant 20 à 25 % des stagiaires ont moins de 25 ans à La Mothe. L’établissement enregistre cependant une recrudescence des plus de 60 ans.

50 à 55 % 

Le pourcentage de stagiaires venant de l’Allier. 85 % viennent de l'Allier et des départements limitrophes.

En faisant le tour des installations, Didier Mourlon précise : "Cela peut être un handicap de naissance ou suite à un accident, une maladie… On peut avoir aussi bien un boulanger devenu allergique à la farine qu’une personne en fauteuil qui doivent changer de métier. Il y a aussi des jeunes qui n’ont jamais pu suivre une formation en raison de leur handicap."

Et qui, à La Mothe, ont le choix parmi dix-sept parcours de formation, allant de six à dix-sept mois, dans différents domaines : le commerce, la vente et la distribution ; le tertiaire (employé administratif, secrétaire assistant, comptable assistant, secrétaire comptable) ; les services aux personnes et aux collectivités (agent de propreté, agent de service médico-social ou encore agent de restauration) ; l’informatique et le numérique ; l’animation ; mais aussi, et c’est une nouveauté, le maraîchage agroécologique.Didier Mourlon est chargé de communication pour l'établissement. © Cécile CHAMPAGNAT

Quatre serres installées dans le parc

"Pour cette nouvelle formation, on a installé quatre serres. Pour l’instant, nous n’avons qu’un jeune en formation mais d’autres devraient arriver", explique, avec une certaine fierté, Didier Mourlon en entrant dans une des serres. Il échange alors quelques mots avec Benjamin Rosan, 17 ans.

Occupé à repiquer des plants de fraises, le jeune stagiaire raconte : "Je suis là depuis octobre."

"Le maraîchage est quelque chose qui me passionne. Avant, j’étais à Clermont dans un centre de formation pour déficients visuels. Quand j’ai su que cette formation s’ouvrait ici, je suis venu."

Benjamin est ainsi particulièrement enthousiaste. "Ça se passe bien. Au début, ça a été un peu compliqué de s’intégrer avec des plus anciens (Benjamin est le plus jeune stagiaire de La Mothe, NDLR.) mais maintenant, je connais tout le monde."

Le jeune homme, à la bonne humeur communicative, semble désormais apprécier sa vie à La Mothe. Hébergé sur place, il s’est installé dans un pavillon spécifique. "On nous y apprend l’autonomie. Ma formation va durer jusqu’en septembre 2024. Après, j’aimerais bien être encadrant technique en maraîchage pour les travailleurs dans un Esat."

"Il est vraiment motivé !", commente Didier Mourlon. Une détermination que partagent de nombreux stagiaires de l’ESRP.

Des reconversions professionnelles 

Un peu plus loin, dans une salle du plateau technique, Ahmed Dayras s’entraîne pour son examen de fin de formation. "C’est dans deux semaines", explique un brin stressé cet ancien soudeur.

"J’ai eu un accident du travail. Il a donc fallu que je me réinsère dans le monde du travail. Je suis venu me renseigner ici et j’ai trouvé cette formation d’agent de propreté et d’hygiène."

Une nouvelle vie pour le Montluçonnais reconnu travailleur handicapé.Ahmed Dayras s'entraîne avant son examen de fin de formation. © Cécile CHAMPAGNAT

Dans une autre salle de La Mothe, au sein d’un groupe d’une dizaine de stagiaires, Rafaela Pimentel a elle aussi dû changer de voie professionnelle. "J’étais femme de ménage. Mais c’était devenu trop physique en raison de mes maladies." La jeune femme a la sclérose en plaques et la maladie de Verneuil.

"Il faut donc que je me forme à un autre métier. J’ai choisi une formation de secrétaire assistante. Cela répond à mes besoins avec des aménagements possibles de poste." Avec l’objectif de travailler d’ici quelques mois en entreprise. Pour avoir, comme le veut l’ensemble des stagiaires de l’ESRP, sa place dans le monde du travail.

L’ESRP de la Mothe organise sa journée portes ouvertes ce mercredi 29 mai de 9 heures à 16 heures. Au programme : découverte des espaces de formation, des hébergements et de la vie à l’ESRP ; marché de producteurs du secteur protégé. Le food truck de la Mothe sera également sur place.Avec un double objectif : faire connaître l’établissement mais surtout "amener un regard différent sur ce que sont les personnes en situation de handicap". Didier Moulon souligne : "On remarque encore que notre image est décalée par rapport à la réalité. Il est important de montrer qu’il y a de vraies compétences ici. Nous avons des formations plus longues que celles de droit commun. Nos stagiaires ont une approche professionnelle développée." Ouvrir ses portes, c’est donc participer à "démystifier le handicap".

Texte : Laura Morel

Photos : Cécile Champagnat