Mon Master : Parcoursup en pire
Les résultats d’admission pour les masters sont donnés à partir du 4 juin via la plateforme monmaster. Comme chaque année, ceux-ci sont surprenants. Des étudiants major de promotion se retrouvent sans rien ou très mal classés, d’autres aux résultats faibles sont admis dans des masters pourtant réputés. Des résultats surprenants quand on ne connait pas le fonctionnement de ce système, mais très logique quand on est au fait de l’enseignement supérieur.
Mon Master, c’est Parcoursup en pire : il s’agit de faire entrer une masse d’étudiants de plus en plus importante dans des formations restreintes. Le tout sans sélection et sans liberté de choix, deux choses très mal vues à l’université.
Puisque les étudiants ne sont pas sélectionnés après le bac ni au cours de la licence, si ce n’est par dégraissage et échec, ils sont de plus en plus nombreux à arriver en master, auxquels s’ajoutent ceux qui étaient en prépa et dans des licences d’établissements privés. La demande est donc très forte face à une offre de master insuffisante. Du moins pour des masters sérieux, car les masters bullshits d’universités de troisième zone pullulent, ce qui permet au ministère de l’Enseignement supérieur de dire, sans mentir, qu’il y a assez de place pour les étudiants.
Les candidats déposent leurs vœux sur la plateforme, qui gèrent tout par algorithme. Les directeurs de master croulent sous les demandes, qui se chiffrent en milliers, avec bien évidemment impossibilité de tri et de choix. Tout est donc entre les mains d’une machine dont chacun ignore le fonctionnement, et dont la finalité est de répartir les étudiants sur l’ensemble du territoire, et notamment dans les formations bidon dont personne ne veut.
Mais sans étudiant, ces formations ferment. Mon Master permet ainsi la survie de nombreux master bas de gamme et permet d’entretenir l’illusion auprès des étudiants qu’ils bénéficient d’une formation de qualité et équivalente aux autres. Ces mêmes étudiants se retrouveront dans deux ans avec un grade de master et ne comprendront pas pourquoi leur diplôme ne leur permet pas d’accéder à l’emploi de leur rêve. À force de mentir sur la valeur des diplômes et des formations, on crée de la frustration et de la colère.
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Parcoursup : le monopole se crashe
Les universitaires ont aussi leur part de responsabilité dans le maintien de ce système mensonger. Broyés par une administration de plus en plus pléthorique, ils sont réduits à l’état de pion, de plus en plus empêchés de faire leur métier, c’est-à-dire de donner des cours, faire de la recherche, assurer la formation et la transmission. S’ils se plaignent à raison et de façon légitime, aucun n’est prêt à lever le petit doigt pour réformer un système qui ne fonctionne pas. Pour la plupart, ce sont des révoltés couchés.
Comme dans tout système planificateur, des systèmes parallèles d’admission se mettent en place, par le réseau et les connaissances. Cela se règle au coup de téléphone ou bien en passant par des voies parallèles de qualité connues des seuls initiés. Le pire système qui soit : la masse pour ceux qui sont exclus des subtilités universitaires, l’excellence pour ceux qui connaissent ou qui disposent de connaissances au fait des subtilités du système universitaire.
Que faire ?
Que faire pour mettre un terme à ce système collectiviste qui ne fonctionne pas ?
D’abord, abroger le monopole de la collation des grades, afin de permettre l’émergence de nombreuses formations de qualité.
Ensuite, permettre aux universités qui le souhaitent de choisir leurs étudiants, dès la première année de licence, et ensuite pour le master.
Cela s’appelle la liberté et la responsabilité. Mais il n’est pas certain que les universitaires qui se plaignent beaucoup soient prêts à accepter cette ouverture et cette mise en concurrence.