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Gilles Candar : "Mélenchon a beau jouer au grand-père bienveillant et rassembleur…"

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Gilles Candar :

Photo de classe d’un groupe soudé, tout sourire, prêt à taire ses divergences internes pour faire front en vue des élections législatives… Après quatre jours d’intenses négociations, les quatre principaux partis de gauche (Parti socialiste, France insoumise, Écologistes et PCF) réunis au sein d’un Nouveau Front populaire annonçaient jeudi 13 juin s’être entendus sur un "programme de gouvernement". Qu’est-il arrivé à ces gauches que l’on disait "irréconciliables", notamment lors de la campagne pour les élections européennes ? Qu’est-il arrivé, aussi, au leader maximo de la France insoumise, qui assure ne pas vouloir s’"imposer" en tant que prétendant au poste de Premier ministre en cas de victoire de la coalition de gauche…

Pour L’Express, Gilles Candar, historien spécialiste de la gauche et auteur de Pourquoi la gauche ? (Ed. PUF), analyse l’envers du décor. Selon lui, nulle anomalie à déceler dans cette coalition pour le moins éclectique : "l’union face au danger d’une extrême droite hégémonique et liberticide est un réflexe séculaire de la gauche". Mais, prévient-il, si cette dernière veut compter lors des législatives et à l’avenir, elle devra faire l’examen de ses faiblesses… Entretien.

L’Express : Le Nouveau Front populaire, qui regroupe le Parti socialiste, la France insoumise, le Parti communiste et les Écologistes, ainsi que plusieurs autres petits partis de gauche, est-il une "Nupes bis" ?

Gilles Candar : Oui et non. Bien sûr, il s’agit d’une nouvelle formule d’union de la gauche, comme la Nupes et bien d’autres qui l’ont précédée. Mais elle est élargie, des deux côtés d’ailleurs (NPA, Gauche républicaine et socialiste, Place Publique…). Surtout, la Nupes de 2022 était très fortement dominée par la France insoumise, grande victorieuse à gauche du premier tour de la présidentielle. En 2024, après les municipales, régionales et départementales, sénatoriales même, puis les européennes, un certain rééquilibrage a eu lieu. LFI a perdu son hégémonie, même si elle conserve, pour le moment, une certaine primauté. Elle peut jouer encore du fait que ses partenaires ont leurs propres rivalités (notamment entre socialistes et écologistes), mais elle connaît aussi, à son tour, des difficultés internes. Donc le jeu est plus ouvert. La France insoumise peut aussi évoluer - elle ne pourra sans doute pas se maintenir telle que la rêveraient ses dirigeants. Mais cela est vrai aussi pour les autres partis, qui ne sont pas seuls en cause. Il existe une gauche nombreuse et puissante, informelle, qui peut aussi parfois arbitrer entre ces partis. Heureusement, la politique n’échappe pas aux logiques du vivant…

La menace de l’extrême droite se joue aujourd’hui dans les urnes, mais pas dans la rue

Le nom de cette coalition n’est pas sans rappeler le Front populaire de Léon Blum. En tant qu’historien, la comparaison avec 1936 vous semble-t-elle pertinente ?

Il existe quelques points communs évidents. Le projet s’inscrit dans un climat de mécontentement social et d’inquiétude face à la perspective d’une percée de l’extrême droite. De même que, dans les années 1930, planait sur les gouvernements successifs du centre ou du centre droit l’accusation d’avoir contribué via leur politique à ce qu’émergent et perdurent de fortes tensions au sein de la société française dans un contexte international difficile… Cela étant, les différences sont nombreuses. Outre le fait que nous ne sommes plus sous la IIIe République et que ce Nouveau Front populaire ne va pas réinventer ce qui a été fait (les congés payés par exemple), le danger contre lequel il ambitionne de se battre est relativement différent : dans les années 1930, la percée de l’extrême droite était surtout visible dans les rues. En février 1934, des manifestants – parmi lesquels des ligues d’extrême droite – avaient tenté de prendre d’assaut la Chambre des députés, au prix d’une trentaine de vies… La menace de l’extrême droite se joue aujourd’hui dans les urnes, mais pas dans la rue, ni dans les mêmes proportions à l’étranger (malgré la percée de partis populistes dans d’autres démocraties, on est tout de même loin de Hitler et Mussolini installés au pouvoir). Mais au fond, que l’analogie soit parfaite ou non, la question n’est pas là en politique. La politique invente en se référant à un passé transformé. En 1936, les partisans du Front populaire avaient bien arboré des bonnets phrygiens en se revendiquant de l’héritage des jacobins de 1792… L’enjeu n’est pas tant celui de la pertinence de la référence, que la clarté de l’objectif.

Êtes-vous optimiste quant à la capacité de ce Nouveau Front populaire à rapprocher sur le temps long deux gauches que l’on a dit "irréconciliables" lors des européennes ?

Pour être franc, je ne suis pas convaincu par cette formule des "gauches irréconciliables", qu’elle soit portée par Manuel Valls, ex-Rocardien, ou certains Insoumis lorsqu’ils opposent une gauche "de gouvernement" à une gauche "de combat" (la leur). D’abord, aujourd’hui, on ne dénombre plus deux, mais au moins cinq gauches parmi les organisations politiques, sans parler des syndicats, des associations qui sont beaucoup plus diversifiés qu’au temps du Front populaire de 1936 par exemple. La gauche des partis n’est qu’un (petit) morceau de l’ensemble. Ensuite, il est vrai que ces derniers mois ont révélé de fortes divergences idéologiques, notamment sur le conflit au Proche-Orient et la question de l’antisémitisme. Mais penser que cela voudrait dire que les gauches sont "irréconciliables" me semble trahir une méconnaissance de la culture profonde, de l’ADN dirait-on aujourd’hui, de la gauche dans son ensemble.

Expliquez-nous…

Historiquement, lorsque les gauches se sentent attaquées, au cœur de leurs principes fondamentaux, elles ont toujours des réactions presque instinctives. Lorsqu’il y a danger, un peu comme l’antilope ou le gnou face au lion dans la savane, elles se regroupent, font barrage ou galopent en troupeau ! L’union face au danger d’une extrême droite hégémonique et liberticide est un réflexe séculaire de la gauche. Ainsi, certains sociaux-démocrates ou modérés ont pu, ces derniers jours, donner l’impression qu’ils faisaient bien vite table rase de leurs désaccords avec d’autres groupes de gauche, plus radicaux ou extrêmes. Et du côté inverse également. Ces problématiques n’ont pas disparu, elles demeurent, sous-jacentes. Mais aujourd’hui, la priorité n’est pas là. Le sentiment du danger est plus fort. Et cela, je crois qu’Emmanuel Macron l’a sous-estimé.

Comment cela ?

Je pense que lorsqu’il a dissous le Parlement, Emmanuel Macron pensait qu’au vu de l’éclatement des partis de gauches et leurs divergences idéologiques, il serait facile pour son camp de rassembler et de se faire le chef de file des candidats voulant faire barrage au Rassemblement national. Mais c’était oublier que la gauche, face au spectre d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir, sait taire ses différences. Il ne faut pas idéaliser le passé ! Les invectives, les affrontements ont toujours existé. Peu avant le Front populaire, les colleurs d’affiches de la future coalition s’insultaient, se cognaient dessus, il y avait des bagarres, du sang coulait… C’est peut-être ce qui étonne aujourd’hui : malgré les difficultés à s’accorder sur certains points, les partis de gauche sont restés relativement bons élèves.

Même la gauche plurielle s’est beaucoup construite autour de la figure de Lionel Jospin, qui s’était imposé en "leader"

Sur le service public, le leader de la France insoumise a effectivement fait figure d’élève modèle… A la question de savoir qui serait le prétendant au poste de Premier ministre en cas de victoire du Nouveau Front populaire, Jean-Luc Mélenchon a dit s’en sentir "capable". "Je ne m’élimine pas mais je ne m’impose pas", a-t-il poursuivi. Comment l’interprétez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon n’est certainement pas le plus rassembleur des membres de la coalition… Les partis membres du Nouveau Front populaire le savent – certains se sont d’ailleurs publiquement opposés à l’hypothèse d’un Jean-Luc Mélenchon Premier ministre. Lui-même est parfaitement conscient de la situation ! Je crois que Jean-Luc Mélenchon n’a pas renoncé à jouer un rôle dans l’Histoire. Un peu comme Obélix, le personnage créé par René Goscinny et Albert Uderzo, il est tombé quand il était petit dans la marmite de la politique. Il a beau jouer au grand-père bienveillant et rassembleur, ça ne le quittera jamais. Savez-vous quand j’ai compris que François Mitterrand ne prendrait pas sa retraite politique et qu’il allait se représenter en 1988 ? Quand il a déclaré à des journalistes qu’il voulait s’occuper de ses petits-enfants et faire des balades en forêt. C’était un animal politique, comme Mélenchon. Cette espèce-là a beau aimer la nature ou la famille, elle ne lâche jamais la course pour le pouvoir, le parfum de l’action et la volonté de marquer l’histoire.

Traditionnellement, la gauche se montre très hostile au pouvoir personnel. Mais en vue de ces législatives, les possibles "candidatures" au poste de Premier ministre se multiplient, notamment à gauche. Comment interprétez-vous cet empressement à se porter "candidat" ?

Il est vrai que sur le papier, ce n’est pas franchement une démarche de gauche de personnaliser ainsi les choses. Le titre même de "président" était statutairement interdit par la première Internationale des travailleurs, celle de Marx et Bakounine, depuis 1869. Mais les choses ont évolué. Mendès France refusait la présidentialisation, mais François Mitterrand l’a acceptée, et l’a fortement utilisée après avoir critiqué son principe. La gauche a dû s’adapter. Une des difficultés du Parti socialiste, comme des écologistes, très attachés à la tradition du collectif. Olivier Faure, Boris Vallaud, Valérie Rabault, Marie Toussaint, Yannick Jadot sont très estimables, mais ne renvoient pas, pas encore du moins, une image de "leader" exprimant l’autorité ou le charisme. Or, aux élections, quoi qu’on en dise, les Français se sont habitués depuis 70 ans à identifier ou au moins à rechercher une personnalité capable non seulement d’animer, mais aussi de diriger. Même la gauche plurielle s’est beaucoup construite autour de la figure de Lionel Jospin, qui s’était imposé en "leader" aux présidentielles de 1995.

Les partis sont en crise, affaiblis. Ceux qui se maintiennent le mieux sont fortement personnalisés : regardez la dynastie des Le Pen au FN/RN, le "disrupteur" Macron à En Marche/Renaissance, l’animal politique Mélenchon, seul maître à bord de LFI… Difficile d’y échapper. Il faudra que dans la dernière semaine de campagne apparaissent une ou deux figures possibles. Même si en 1986, tout le monde se demandait encore si Mitterrand allait choisir Chirac ou par exemple Chaban-Delmas comme Premier ministre… Mais la tendance logique va tout de même en faveur d’une clarification préalable au scrutin.

"Le rassemblement de la gauche de gouvernement ne peut pas se faire avec LFI. Sauf à tout trahir de l’héritage de Blum", a déclaré Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre PS…

La référence à Léon Blum me semble ici mal choisie. En réalité, Blum n’a pas toujours été un "puriste" de la social-démocratie ou de la culture "de gouvernement". Au contraire. En 1936, il promeut le Front populaire parce qu’il y a un danger imminent, et fait donc l’union avec les communistes. En 1947 au contraire, il rompt l’alliance avec ces mêmes communistes, qu’il estime à la dérive et trop dépendants de Moscou. Tout dépend des circonstances. Les choix politiques ne sont pas figés dans le temps. Il n’y a pas de "bon" ou de "mauvais" choix intrinsèque. Mais des choix, des opportunités, à des moments précis, en fonction de l’urgence du moment…

L'"urgence du moment" justifie-t-elle de taire les clivages qui existent entre les différents groupes de gauche concernant la montée de l’antisémitisme (que Jean-Luc Mélenchon a qualifié de "résiduel" en France) ou la qualification à apporter à l’attaque du 7 octobre ?

Posons la question autrement : était-il possible de faire barrage à l’extrême droite via une autre coalition ? Il faut regarder les choses en face : la gauche "de gouvernement", pour reprendre les termes de Bernard Cazeneuve, sans la France insoumise et même avec le bon résultat réalisé par Raphaël Glucksmann aux Européennes, représente - si l’on inclut les écologistes – à peine 20 % des voix. Alors aurait-il fallu faire une coalition avec Renaissance ? Beaucoup d’électeurs de gauche, dépités par sept années de présidence Macron qui ne s’est pas franchement révélée "de gauche" - c’est une litote -, auraient été vent debout devant cette alliance.

La gauche que Bernard Cazeneuve appelle de ses vœux, aujourd’hui, ne représente qu’une toute petite partie du pays. Elle ne peut être une gauche "de gouvernement", puisque incapable d’accéder seule au gouvernement. Au mieux, elle peut être une force de témoignage. Mais en politique, il faut parfois aller plus loin que le témoignage et aller à l’essentiel. Pour la gauche aujourd’hui, le danger principal, c’est l’extrême droite. C’est pourquoi nous retrouvons François Hollande, Raphaël Glucksmann, Aurélien Rousseau, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou dans la même coalition.

Selon une enquête de l’Ifop, 92 % des Français de confession juive considèrent que le parti de Jean-Luc Mélenchon contribue à faire monter l’antisémitisme. La France insoumise doit-elle faire son examen de conscience sur l’antisémitisme ?

L’antisémitisme a toujours existé "à gauche". Même si, en principe, il a été tout à fait réprouvé – en tout cas dominé, jugulé - après l’affaire Dreyfus. Jean-Luc Mélenchon a tort lorsqu’il dit que l’antisémitisme est résiduel en France. Il ne l’est pas, et la solidarité avec les Palestiniens – puisque le sujet a ressurgi à l’occasion de la guerre à Gaza - doit se faire tout en restant très ferme sur la question de l’antisémitisme. Pour vous répondre clairement sur le cas de LFI : qualifier l’ensemble du groupe "d’antisémite" ne tient pas. Certes, l’antisémitisme est un caillou dans la chaussure du mouvement. Celui-ci, comme hier le travaillisme britannique, ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas de sujet de ce côté-là. Mais indépendamment de cet enjeu essentiel, que le programme annoncé par le Nouveau Front populaire semble avoir clairement pris en compte, la gauche dans son ensemble devra faire un examen plus large de ses faiblesses si elle espère compter lors des législatives, et à l’avenir…

Qu’avez-vous en tête ?

La définition, l’ADN, de la gauche repose sur l’attachement aux questions sociales, la demande d’"égalité". Or, aujourd’hui, sa plus grande faiblesse est d’avoir beaucoup perdu dans le milieu ouvrier et industriel, mais aussi parmi les précaires, les campagnes et les petites villes. Il ne s’agit pas seulement d’une question de lutte des classes traditionnelle. La gauche a perdu le sens des attentes populaires sur plusieurs sujets, notamment dans la place à accorder au travail, aux aides sociales et aux loisirs… D’ailleurs, certains leaders de gauche en sont très conscients – citons François Ruffin (LFI), Philippe Brun (PS) ou encore Fabien Roussel (PCF). Ils savent que s’ils ne travaillent pas sérieusement l’agencement de la politique sociale, ils courent droit à la catastrophe. Il faut à la fois du concret et une symbolique de la société à venir, ce n’est pas facile.

Il existe un sentiment, je crois, largement partagé, que la gauche est allée ces dernières années de plus en plus vers la facilité

Face au Rassemblement national, la gauche peut-elle se permettre de ne pas se saisir de la question migratoire ?

Non. Il existe un sentiment, je crois, largement partagé, que la gauche est allée ces dernières années de plus en plus vers la facilité. En se concentrant par exemple sur des réformes dites "sociétales", sur des sujets certes importants, mais qui étaient facilement acceptées à gauche, plus faciles à concevoir et à mener… Si la gauche veut réussir, elle devra traiter la question migratoire, celle aussi de la sécurité, au même titre que les autres sujets, comme le font ses concurrents politiques. Son principe de base, fondamental, est l’égalité des droits, leur universalité. Cela n’empêche pas d’avoir des politiques d’accueil, de répartition, de formation, d’attentes et même d’exigences sur lesquelles il peut et doit y avoir débat, donc discussion ouverte. L’erreur sans doute a été jadis de préférer ne pas parler de ces questions. Jaurès l’avait déjà remarqué en 1914, c’est une vieille histoire…

La période est pour le moins incertaine. Quel est, pour vous, le plus gros point d’interrogation de ces législatives anticipées ?

Si le Nouveau Front populaire n’obtient pas la majorité absolue mais reste en minorité, il y aura deux scénarios possibles. Soit l’extrême droite aura une majorité absolue, dans ce cas elle gouvernera. Le Nouveau Front populaire animera l’opposition au nouveau pouvoir. Soit elle aura une forte poussée, mais restera en minorité. Dans ce cas, ni les macronistes, ni l’alliance de gauche n’auront de majorité absolue. Alors que faire ? Qu’auront fait déjà les candidats "centristes", gouvernementaux, au second tour là où le Nouveau Front populaire se sera retrouvé en duel avec le RN ?

Puisque nous nous essayons à évoquer l’histoire en lien avec la situation actuelle, en 1938, Blum proposait d’élargir le Front populaire, d’opérer un "rassemblement républicain" qui irait "de Thorez à Reynaud". En langage actuel, ce serait "des insoumis à Horizons". En 1938, Blum a échoué : seuls les démocrates populaires au centre étaient prêts à s’allier à la gauche. Mais nous ne pouvons pas connaître à l’avance ce que sera l’histoire de demain…

Les résultats obtenus aux européennes préjugent-ils, selon vous, de l’issue des législatives pour la gauche ?

Non. Le mode de scrutin n’a rien à voir. Dans le premier cas, il s’agissait d’un scrutin proportionnel à un tour – c’est ce qui a permis à Raphaël Glucksmann de se démarquer aux Européennes. Mais pour les législatives, il s’agit d’un scrutin majoritaire à deux tours. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de former des coalitions, pour dépasser les 15 à 20 % des exprimés (12,5 % des inscrits, c’est la règle de qualification) et pouvoir être présent au second tour. La gauche étant bien moins forte qu’elle ne l’était il y a quinze ans (32 % aux Européennes), si les partis de gauche s’étaient lancés dans la course chacun de leur côté, ils n’auraient eu aucune chance et auraient été laminés. Vérité élémentaire et technique, mais difficilement contournable.

Ensuite, les Européennes sont différentes car d’une part les enjeux sont différents (le fameux "vote-plaisir" des Européennes, puisque de toute façon tout se négocie ensuite dans de larges coalitions avec les autres élus) et d’autre part, socialement, culturellement, l’électorat mobilisé par les Européennes diffère un peu de celui des législatives. Les jeunes et les milieux populaires participent davantage, en principe, à une élection présidentielle ou législative où les enjeux apparaissent mieux. Le résultat peut donc être différent. Les cartes sont redistribuées. Certes, les grandes forces sont identifiées : Rassemblement National et alliés, Nouveau Front populaire et camp (on n’ose plus dire majorité !) présidentiel, mais après le premier tour, comment vont se dérouler les batailles du second tour ? Tout est là… encore incertain et en tout cas inconnu.




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