Algérie : les géants pétro-gaziers américains se bousculent au portillon
L’Algérie a signé un accord avec Chevron pour développer ses vastes ressources de gaz de schiste, en attendant Exxon Mobil qui est lui aussi appâté. Les deux géants pétro-gaziers américains frappant à sa porte, l'Algérie, qui détient les troisièmes réserves mondiales en gaz de schiste, se frotte les mains à l’idée de stimuler ce secteur phare.
Chevron, la deuxième compagnie pétrolière des États-Unis, acte son entrée sur le marché algérien des hydrocarbures. Au bout de plusieurs rounds de discussions, la compagnie étatique algérienne Sonatrach et Chevron ont signé, le 13 juin, un protocole d’accord sur le développement en partenariat des ressources en hydrocarbures au niveau des bassins d'Ahnet et de Berkine.
Ce protocole d’accord concerne « des zones d’intérêts identifiées dans les bassins de l’Ahnet et de Berkine », précise Sonatrach dans un communiqué, expliquant que « l’accent sera mis sur l’efficience opérationnelle, les techniques et technologies de pointe, ainsi que les meilleures pratiques de préservation de l’environnement et de durabilité ».
Le 23 mai dernier, le groupe Sonatrach avait aussi annoncé dans un communiqué, la signature d’un protocole d’accord avec l’autre compagnie américaine Exxon Mobil, la plus grande au pays, portant sur le développement en partenariat des ressources en hydrocarbures en Algérie.
Exxon Mobil n’a pas commenté pour l’heure l'état de ses propres discussions avec Sonatrach.
Partenariats mutuellement bénéfiques
Recevant le 13 juin dernier à Alger une délégation de Chevron conduite par sa vice-présidente Liz Schwarze, le ministre algérien de l'Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, s’est félicité de l’accord scellé avec la compagnie nationale étatique Sonatrach, exprimant la volonté de son pays « d'établir des partenariats mutuellement bénéfiques avec des sociétés américaines, outre l'échange des expertises et des formations », relate un communiqué du ministère.
De son côté, Mme Schwarze s'est dite « satisfaite de la qualité des relations établies avec Sonatrach », soulignant « l'intérêt majeur de Chevron à renforcer ces relations afin de réaliser des projets d'investissement équilibrés, solides et mutuellement bénéfiques », rapporte la même source, ajoutant que les deux parties ont salué « le grand progrès réalisé grâce aux échanges et aux concertations » qui ont abouti à la signature du mémorandum d'entente.
« Nous nous félicitons de cette coopération nouvelle engagée aujourd’hui avec Chevron, un des leaders mondiaux de l’industrie Oil & Gas », a déclaré de son côté le PDG de Sonatrach Rachid Hachichi. « Cette signature traduit notre ambition commune d’exploiter de manière responsable et durable les ressources en hydrocarbures de notre pays », a-t-il souligné.
Conséquences sur l’environnement
Pour le site spécialisé « Energy intelligence », attirer ces deux entreprises américaines constitue un « exploit » pour un pays qui lors de sa dernière enchère en 2014 n’avait attribué que quatre licences sur 31 champs proposés, rappelle le site américain.
« Tout nouvel entrant devra tenir compte des expériences passées », pointe Energy intelligence qui relève que d’autres géants des hydrocarbures comme Shell avaient envisagé des investissements à grande échelle entre 2012 et 2014, mais que des protestations sociales avaient entraîné la suspension des activités.
L’Algérie connaît régulièrement d’importantes mobilisations populaires en solidarité avec les populations des provinces sahariennes où des forages expérimentaux sont réalisés par la compagnie publique Sonatrach avec des partenaires étrangers.
L'Algérie compte investir massivement dans le gaz de schiste afin de compenser la baisse de ses revenus pétroliers mais se heurte à l'hostilité des populations vivant près des gisements, inquiètes des conséquences de ces forages sur l'environnement.
Selon les chiffres du site spécialisé « Africain Energy Chamber », l'Algérie détient les troisièmes réserves mondiales en gaz de schiste, derrière la Chine et l’Argentine, avec plus de 20 000 milliards de mètres cubes, qui attisent notamment les convoitises des grandes firmes mondiales.