Comment François Hollande (PS) et Francis Dubois (LR) font campagne sur les marchés en Corrèze
Pas de mystère. Pour faire campagne, surtout une campagne express, on prend le calendrier des marchés. Et hier, c’était celui d’Argentat-sur-Dordogne qu’avaient coché les candidats en lice sur la première circonscription. Ils s’y sont donc retrouvés… sous des trombes d’eau en ce premier jour de l’été.
Francis Dubois tente de convaincre sur le marché
D’un côté, le prévoyant Francis Dubois (LR non Ciotti) avait enfilé l’imperméable ; de l’autre, François Hollande (PS soutenu par le Nouveau Front populaire), positif dans son costume foncé et le cheveu mouillé. La pluie fait grogner mais sourire. « Ah, il a bien choisi son jour ! », plaisante une dame sous un parapluie.
Mais François Hollande, sur un marché, c’est un peu comme un poisson dans l’eau. Ce ne sont pas quelques gouttes qui vont l’empêcher d’embrasser les dames et de serrer les louches, accompagné par sa garde rapprochée dont le maire de Tulle Bernard Combes. La rencontre avec l’adversaire de droite se fait dans la bonne humeur. Quelques échanges et chacun part de son côté ; un par la droite, l’autre par la gauche… Au jeu des selfies, François Hollande est le grand gagnant. Mais là ne se joue pas une élection…
L’inquiétude RN
François Hollande et sa garde rapprochée dont le maire de Tulle Bernard Combes (à gauche) et celui d'Argentat, Sébastien Duchamp.
Son inquiétude, celle qui l’a motivé à se présenter, c’est le RN. « Difficile de dire combien ils peuvent faire », glisse-t-il.
Dans son sillage, entre les étals, quelques railleries mais aussi de la bienveillance. « Vous avez bien fait. Si je peux, j’irai voter et pour vous tant qu’à faire le déplacement ! » Des rencontres sont plus âpres. À l’image de ce maraîcher de Neuville qui défend « un Frexit de gauche ». L’échange est franc. « Vous avez participé à tuer la gauche », assène Louis Thiollet qui se revendique du Pôle de renaissance communiste en France. « Il faut savoir ce que l’on ne veut pas », tente de convaincre François Hollande. « De vous ! ». Question simple, réponse cinglante. Le candidat encaisse, entend aussi cette contestation qui, dans la région d’Argentat, fait son chemin.
"C'était pas bien la retraite ?"Petite halte chez le boucher pour récupérer une commande et arrêt chez Guillaume Girard, pâtissier installé depuis 2005. « C’était pas bien la retraite ? lance-t-il à l’ex Président. C’est juste une question, car la retraite, tout le monde en parle en ce moment. » Le Smic à 1.600 euros, jouable pour un artisan ?
Si j’ai un truc à vous demander, c’est de remettre les Français au boulot !
"Si vous augmentez le Smic et les aides pour ceux qui ne travaillent pas, ça ne sert à rien ! » François Hollande prend le pouls de cette France rurale qui travaille. Et constate, « quand j’étais président, le problème, c’était le chômage ; aujourd’hui c’est l’emploi. »
La formule casse-croûte débatÀ quelques encâblures, Francis Dubois, rejoint par Pascal Coste, son suppléant et président du conseil départemental, a quitté le marché pour une salle, dans laquelle devant une trentaine de sympathisants, le binôme anime un casse-croûte débat, formule qu’il affectionne. Dans le viseur, un seul adversaire, « un candidat de 69 ans avec chauffeur ! »
"Président normal, candidature anormale"
Francis Dubois et Pascal Coste ne font pas "une alliance" mais "une équipe".Le sortant fait campagne sur son bilan, sa capacité à faire entendre sa voix forte à l’Assemblée pour la Corrèze et tape franchement sur le candidat du « Nouveau extrême front populaire ».
Francis Dubois rassure ses électeurs : " je reste droit dans mes bottes. Je représente la seule droite utile pour préserver notre démocratie apaisée".
Votre vie, votre quotidien, c'est le mien, je ne suis pas carriériste
Pascal Coste veut croire dans le sens politique des Corréziens : « ils ne peuvent se résoudre à ce qu’un président normal à la candidature anormale puisse s’abaisser autant à renier ses valeurs ». Indépendamment du respect pour la personne, sympathique et souriante, « on ne choisit pas un député pour partir en vacances avec lui ou se marrer quand il va faire une intervention çà et là ».
Cette droite « sincère, républicaine et indépendante », rejette les jeux d’appareils des extrêmes. Malgré tout, le camp gaulliste compte sur les voix du RN dans cette nouvelle élection. Ces électeurs « tout à fait normaux qu’on ne doit pas ostraciser ont porté leur voix au RN aux Européennes mais un quart peut revenir sur une candidature de Francis aux législatives, calcule Pascal Coste. La circonscription reste ouverte".
Laetitia Soulier