L’impossible recyclage du plastique
Très régulièrement, à la faveur d’une campagne de propag… pardon de conscientisation par l’une ou l’autre organisation de lobbying non gouvernemental, on découvre que l’humanité rejette une quantité ahurissante de plastiques dans la nature, que c’est une catastrophe et que nous allons tous mourir, ce qui explique au passage les lois de plus en plus drastiques imposées à tous les Occidentaux.
Si le rejet dans la nature de ces quantités de plastiques ne fait pas de doute, il est toujours un peu surprenant de voir les Occidentaux systématiquement désignés coupables de ces kilomètres cubes de pollution alors qu’à 90 %, elle provient de huit fleuves situés en Asie (le Yangtsé étant le premier d’entre eux) et de deux fleuves situés en Afrique. Mais baste, passons : pendant que les Chinois et les Africains salopent leur environnement comme jamais, il est maintenant devenu rituel de morigéner les Européens et de les tympaniser avec un recyclage des plastiques… pourtant quasiment impossible à réaliser.
Eh oui : c’est une information que les écolos et l’industrie n’aiment guère ébruiter, mais le recyclage des plastiques est, pour tout dire, une opération si complexe qu’elle est globalement à peu près impossible à rentabiliser. Notamment, les procédés actuels de tri des déchets sont très grossièrement inefficaces, et à peu près inutiles.
Tant aux États-Unis qu’en Europe, les études sérieuses menées sur cet aspect aboutissent aux mêmes conclusions : d’une part, la grande majorité des déchets plastiques ne sont pas recyclés du tout, et d’autre part, c’est essentiellement parce qu’ils ne sont pas recyclables.
Pour les États-Unis par exemple, on estime qu’entre 1990 et 2015, autour de 90 % des plastiques produits ont fini dans une décharge ou ont été brûlés, 6 % ont été recyclés et le reste s’est perdu dans l’environnement.
En fait, ce qui est marqué comme recyclable ne l’est que difficilement dans le meilleur des cas, et pas du tout sinon : par exemple, si l’on s’en tient aux définitions de ce qui est recyclable dans le Guide Vert de la FTC américaine, aucun article de restauration en plastique (y compris les couvercles de gobelets en polypropylène que Starbucks vante comme étant recyclables) n’a jamais été recyclable. À ce jour, il n’existe de marchés viables que pour le polyéthylène téréphtalate (PET) et le polyéthylène haute densité (PEHD).
Du reste, même des officines dont on ne peut remettre en cause l’éco-conscience, comme Greenpeace, notent que ce recyclage est une erreur écologique, en plus d’en être une économique.
De surcroît, la manie qui consiste à multiplier le recyclage au niveau du consommateur (le tri sélectif) est celle qui produit les moins bons résultats : non seulement les consommateurs se lassent, mais l’infrastructure (de collecte) est rendue d’autant plus complexe, ce qui finit par avoir un coût astronomique pour toute la société. Comme le notait en 2021 un think-tank suisse (les Suisses n’étant pas réputés pour être les citoyens les plus crados de la planète, n’est-ce pas), il est à la fois plus efficace et plus économiquement pertinent de faire le tri directement aux déchetteries (le taux de recyclage augmente alors de 15 %, et le volume recyclé augmente aussi).
En fait, tout indique que le recyclage actuellement forcé au niveau des consommateurs ne fonctionne pas, mais permet d’apaiser les éco-consciences meurtries des citoyens syntonisés avec Gaïa à force de propagande permanente.
Ces constats posés, il n’en reste pas moins que la production de plastique entraîne inévitablement un coût environnemental, coût qu’il convient de conserver aussi faible que possible.
Si la partie qui est brûlée est relativement facile à gérer (on sait éliminer la pollution atmosphérique de ce procédé, et on obtient à présent d’excellents résultats dans les pays occidentaux), la partie qui ne l’est pas nécessite la recherche active de solutions de remplacement viables. On s’étonnera par exemple que les sacs en papier – matière beaucoup plus facile à recycler, comme l’acier ou le verre – aient été remplacés dans le courant des années 1970 et 1980 par des sacs en plastique, au prétexte à l’époque de « sauver les arbres ». C’était évidemment de la foutaise, et le résultat d’un lobbying efficace de la part de l’industrie plastique.
Cependant, tout indique que la direction générale prise dans les pays riches est la bonne, dans l’idée sinon dans les applications : réduction de la quantité d’emballages plastiques et remplacement par des alternatives plus simples à recycler (typiquement, le carton ou le papier dont plus des deux tiers en volume sont déjà facilement et économiquement recyclés), utilisation prioritaire de plastiques facilement recyclables, et incitation des industriels et des consommateurs par des réductions d’impôts sont quelques-unes des pistes envisageables, et souvent mises en place.
Mais de façon générale, le principal facteur (et de loin) permettant de diminuer l’impact des productions industrielles sur l’environnement, que ce soit dans le cas du plastique ou, finalement, de tout le reste, c’est l’accession du plus grand nombre possible d’individus à un niveau de vie supérieur : cette augmentation de la richesse permet de prendre en compte les impératifs environnementaux dans les produits dès leur conception, ce qui les rend souvent plus chers, et de payer pour leur recyclage dès leur achat.
Ce n’est tout simplement pas envisageable dans les pays pauvres tant que n’est pas apparue une classe moyenne suffisamment nombreuse et riche qui peut commencer à consacrer une partie de ses dépenses pour autre chose que les besoins de base. C’est vrai quels que soient les arguments des écologistes dont l’erreur a toujours été de faire passer l’environnement avant les humains.
Autrement dit, et au contraire de ce que pérorent tous les activistes écolo-climatistes forcenés et autres dangereux gaïatollahs, la meilleure façon de diminuer la pollution sur Terre et de réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement n’est pas de réduire la croissance humaine, de ramener la population à un passé largement fantasmé (mais aussi largement moins écologique et beaucoup plus polluant).
Non.
La réduction de la pollution se fera en augmentant la richesse des individus, ce qui veut dire favoriser le développement humain et la recherche scientifique, donc le capitalisme.