Deux médecins généralistes souhaitent créer un centre ambulatoire de réadaptation à Thiers

Un centre de réadaptation qui accueillerait la patientèle en journée : c’est le projet porté par deux médecins généralistes à Thiers.

Encore une très bonne nouvelle pour l’offre de santé dans le bassin de Thiers. En janvier déjà, le conseil municipal validait la vente d’un terrain du quartier des Molles-Cizolles à un médecin généraliste souhaitant créer à Thiers un centre de soins non-programmés (autrement dit où les patients peuvent venir consulter un professionnel de santé sans rendez-vous, sur une large amplitude horaire).

Jeudi soir, cette fois-ci en conseil communautaire, un autre projet a été évoqué. Celui d’un couple de médecins généralistes qui veut créer à Thiers un centre ambulatoire de réadaptation. Même s’il se conjugue encore au conditionnel, le projet est bien là.

Jeudi, les conseillers de Thiers Dore et Montagne (TDM) devaient seulement voter la vente d’un terrain de 4.000 m2 dans la zone de Matussière. Le prix était baissé de 50 à 40 € le mètre carré dans la mesure où "ce projet est d’intérêt général", relevait Stéphane Rodier, vice-président en charge de ce dossier et maire de Thiers. La vente a été approuvée à l’unanimité.

Contacté après le conseil, le médecin Abderrahim Fellague Chebra a expliqué plus en détail le projet qu’il porte avec sa femme, Géraldine Blanc.

Le centre entre dans le cadre de ce qu’on appelle les "soins médicaux et de réadaptation". Ce sont généralement des soins réalisés après une blessure, une maladie ou une intervention chirurgicale, dans le but d’aider les personnes à regagner en autonomie et à se réinsérer dans leur vie familiale, sociale et professionnelle. Mais le docteur Fellague Chebra, médecin généraliste et du sport, envisage aussi d’accueillir les patients en amont du traitement ou d’une opération, pour une prise en charge plus efficace.

Par exemple, une patiente à qui on annonce un cancer du sein. Le temps de commencer le traitement, il peut se passer un ou deux mois. Deux mois pendant lesquels la personne est en arrêt de travail, le moral chute, etc. Avec ce centre, dès l’annonce de la maladie, la patiente viendrait à l’hôpital de jour. On ferait un programme de réadaptation avant, pendant et après le traitement, pour qu’elle retrouve son autonomie initiale, voire qu’elle la dépasse

explique le docteur. 

Ce serait pareil pour une personne âgée qui montrerait les premiers signes de perte d’autonomie. Le centre pourrait aussi soigner les sportifs de tous âges qui ont besoin d’une rééducation. "Il y a 5.000 sportifs sur le bassin thiernois, et pas de centre de réadaptation, ils partent ailleurs. Moi j’ai envie que ces gens-là restent sur le territoire, et bénéficient de soins de proximité et de qualité", poursuit-il.

L’homme et la femme de 40 et 41 ans commenceraient à deux. Mais ils aimeraient à terme recruter d’autres professionnels : kiné, ergothérapeute, enseignants en activité physique adaptée, assistante sociale, etc.S’ils ont choisi Thiers, c’est pour plusieurs raisons. "Nous aimons la campagne, on vit en Ardèche dans un village de 200 habitants. Ce projet, je le travaille depuis 5 ou 6 ans. Le problème de la campagne, c’est soit qu’il n’y a pas assez de monde pour monter un centre, soit qu’il y a déjà une offre existante. Sur le secteur de Thiers-Ambert, il n’y a pas de clinique."

Pour pouvoir être réalisé, ce projet a besoin d’être autorisé par l’Agence régionale de santé (ARS). Un dossier d’autorisation sera déposé en septembre. "C’est le projet d’une vie. À Thiers, beaucoup d’étoiles se sont alignées. On espère que tout le monde a compris l’intérêt de notre projet. On croise les doigts", termine Abderrahim Fellague Chebra.

Si ce projet de centre privé était autorisé par l’ARS, il serait conventionné avec l’hôpital de Thiers. Julien Cestre, directeur des centres hospitaliers de Thiers et d’Ambert, estime que "c’est une offre qui a du sens. Une offre qu’on n’a pas aujourd’hui et que l’hôpital ne pourra pas mettre en œuvre à la hauteur de ce que le docteur Fellague Chebra veut faire." Ils travailleront "de concert" si l’autorisation était délivrée.

En sortant du conseil communautaire, les élus ne cachaient pas leurs espoirs. "En tant que territoire, on est heureux de pouvoir accueillir une offre médicale supplémentaire", notait Stéphane Rodier, en soulignant le rôle d’accompagnement accompli par les services et le président de TDM, Tony Bernard.

Ce dernier ajoutait : "On sait que les professionnels de santé attirent d’autres professionnels de santé. Cela renforcerait l’attractivité du territoire dans ce domaine." 

Autres dossiers en bref

Taxe de séjour

La taxe de séjour, instituée dans le territoire de Thiers Dore et Montagne (TDM) depuis janvier 2017, va augmenter à partir du 1er janvier 2025. Les élus en ont décidé ainsi, jeudi soir (une abstention), sur proposition de l’exécutif, après concertation avec les autres communautés de communes qui composent la Maison du tourisme du Livradois-Forez. Cette taxe est payée par les touristes et visiteurs qui séjournent au moins une nuit à titre onéreux. "Cette évolution est proposée pour augmenter les recettes fiscales des collectivités sans que cela pèse sur la population locale, et pour renforcer les moyens de valorisation et promotion de la destination Livradois-Forez", a exposé Frédéric Chonier, vice-président délégué au tourisme.

À titre d’exemples, pour les campings 3, 4 et 5 étoiles, le montant de la taxe de séjour par personne et par nuit passe de 0,50 € à 0,60 €. Pour un hôtel 3 étoiles, elle passe de 1,30 € à 1,60 €. Seuls les campings 1 et 2 étoiles ne verront pas leur taxe de séjour augmenter : elle reste à 0,20 €. Cette hausse, "c’est la tendance qui est en train de se passer dans tous les territoires, puisqu’il y a un besoin de financement des équipements touristiques, et il y a peu de recettes pour ça", assurait Tony Bernard, le président de TDM. Il rappelait que la taxe de séjour était l’un des rares impôts à être affecté : en l’occurrence aux dépenses touristiques.

Aide du Département

À travers le Contrat territorial de développement durable 2023-2026, le Département du Puy-de-Dôme souhaite aider des projets portés par des intercommunalités. Dans ce cadre, TDM bénéficie d’une enveloppe de 1,2 M€, qu’elle souhaite flécher intégralement sur son projet de recyclerie au sein du futur Ecopôle. Unanimité.

Participation au pôle viandes

En poursuivant plusieurs objectifs, notamment l’alimentation en circuits courts et le soutien à l’élevage dans le Puy-de-Dôme, le Département a créé en avril dernier la société d’économie mixte (SEM) locale du Pôle viandes Puy-de-Dôme afin de reprendre la gestion et l’exploitation de l’abattoir d’Issoire, dont le Conseil départemental sera l’actionnaire majoritaire.

"Le Département a proposé aux 14 intercommunalités du Puy-de-Dôme d’être actionnaires de cette SEM, afin qu’on soit tous autour de la table, pour se pencher sur cette problématique d’intérêt général", rapportait Tony Bernard. TDM entrera donc au capital en apportant 10.000 €. La proposition a été acceptée à l’unanimité, malgré le scepticisme du conseiller Éric Boucourt sur la SEM : "Même avec les meilleures intentions du monde, il n’est pas sûr qu’on arrive à pérenniser deux abattoirs dans le département." "On aura au moins essayé", répondait le président.

Les élus d'Ambert Livradois Forez veulent croire en leur abattoir

Alice Chevrier