"Les Jeux, c'est magique !" : le Clermontois Ludovic Lemoine revient dans la lumière à 36 ans pour briller à Paris 2024

Pas retenu pour Tokyo, Ludovic Lemoine retrouve le collectif paralympique tricolore pour Paris 2024. À 36 ans, l'escrimeur clermontois en fauteuil, récemment sacré pour la 15e fois champion de France, est au zénith de sa carrière. Et rêve d'une troisième médaille, après l'argent à Londres (2012) et le bronze à Rio (2016).

Absent à Tokyo, en 2021, après être revenu en course trop tard pour décrocher sa sélection, Ludovic Lemoine, l’escrimeur en fauteuil du Stade Clermontois, va renouer à Paris les fils de son aventure paralympique. Un parcours aux Jeux débuté à Londres dans la joie, avec une médaille d’argent et poursuivie à Rio, il y a 8 ans, avec un second podium.

Pour son retour en pleine lumière, en septembre prochain, l’Auvergnat de 36 ans rêve d’une nouvelle consécration, au cours de ces Jeux de Paris, qui s’annoncent comme le summum de sa longue et belle carrière.

Depuis jeudi 20 juin, vous êtes officiellement sélectionné pour les Jeux paralympiques de Paris. Que ressentez-vous ?

Je suis extrêmement heureux. C'est la fin d'un long parcours de sélection qui a commencé il y a quasiment 18 mois. Cela a été très éprouvant. D'une façon générale, cela fait presque 6 ans que je me suis lancé dans ce projet "objectif 2024" avec mes entraîneurs et mes proches. Ce qui est super, c'est de voir que ça paye, tout le boulot qu'on a fait à tous les niveaux. Du coup, ces Jeux à la maison, ça va être fantastique.

Cette sélection était logique au vu de votre domination au plan national (1) et vos performances en Coupe du monde...

Oui, j'étais relativement confiant, vu mon classement mondial (7e au sabre, 14e au fleuret, ndlr). Sur le papier, normalement, c'était bon. Mais les classements sont quand même assez serrés et une surprise était possible. Maintenant, ma sélection est validée. C'est parti !

Ce seront vos troisièmes Jeux, à 36 ans. Les deux fois précédentes, vous avez été médaillé par équipe, au fleuret. Ce sera encore votre objectif, à Paris ?

Bien sûr ! L'idée, c'est d'essayer d'aller chercher une nouvelle médaille. Même si on sait qu'avec la concurrence, ce ne sera pas facile. Mais les Jeux, c'est une compétition magique. Et on a déjà montré, par équipe, qu'on pouvait le faire. On va tenter de remettre ça.

Savez-vous déjà sur quelles épreuves vous allez concourir en septembre prochain ?

Très sincèrement, c'est encore un peu le flou. On devrait avoir des précisions dans les 10 à 15 jours à venir. Pour l'instant, je sais que je serai aligné sur les épreuves de sabre et de fleuret au moins en individuel. En revanche, les équipes ne sont pas encore totalement constituées.

C'est par équipe que vos chances de médailles sont les plus élevées à Paris, n'est-ce pas ?

Oui, car l'équipe de fleuret a été médaillée lors des trois derniers Jeux. On aura à cœur de continuer la série. Avec moi dans l'équipe, on a été médaillé d'argent à Londres (2012) et médaillé de bronze à Rio (2016). Malheureusement, je n'ai pas été retenu pour Tokyo (2021), mais les copains ont ramené aussi le bronze. On aimerait bien faire la passe de quatre. 

Vibrer à domicile : c'est ce qui me donnait faim. Ça s'est concrétisé et c'est génial !

Vous revenez dans le collectif paralympique tricolore, vous le vivez comme une revanche ?

Mon parcours avant Tokyo avait été un peu chaotique. J'avais fait une longue pause après Rio. Pour des raisons personnelles, j'avais eu besoin de prendre du recul et j'étais revenu (en compétition) un peu sur le tard pour Tokyo. Il m'avait fallu du temps pour remonter dans les classements mondiaux. Et puis surtout, la fin des sélections avait été bouleversée à cause du Covid. Cela avait hypothéqué mes dernières chances de me qualifier.

Mais quand je préparais les Jeux de Tokyo, c'était pour moi, potentiellement, un tremplin vers Paris, qui était l'objectif suprême. Alors, bien sûr, avoir loupé Tokyo, sportivement, c'était un échec, mais pas non plus la fin du monde, puisque je m'étais projeté immédiatement vers les sélections pour les Jeux de Paris. Vibrer à domicile : c'est ce qui me donnait faim. Ça s'est concrétisé et c'est génial !

D'ici aux Jeux (2), quel sera votre programme ?

On va avoir énormément de rassemblements avec l'équipe de France. Durant cette période de préparation, on ne va quasiment plus se quitter avec mes coéquipiers. Avant Paris, il nous reste une ultime compétition, une Coupe du monde, à Varsovie, du 4 au 8 juillet. Ce sera la dernière répétition internationale avant les Jeux.

Le Grand Palais, entièrement rénové, va accueillir les compétitions d'escrime et para-escrime. Que pensez-vous de ce choix du COJOP ?

Cela va être fantastique. Je n'ai pas encore vu la nouvelle version du Grand Palais, mais j'ai déjà eu le bonheur d'y tirer une fois, lors d'un championnat du monde en 2010, organisé avec les escrimeurs valides. Cela avait été un magnifique évènement. J'ai vraiment envie d'y retourner et de retrouver cette ambiance fabuleuse.

Et sur le plan sportif, ce Mondial à Paris avait-il été réussi pour vous ?

Oui, parce qu'on avait été médaillé de bronze par équipe, au fleuret. Mais en individuel, j'avais échoué en quart de finale, battu 15-14, à une touche près du podium. J'aurai à cœur d'aller plus loin ce coup-ci.

Raphaël Rochette

(1) Récemment, à Troyes, il a remporté son 15e titre de champion de France et le troisième de suite, au sabre.

(2) Les épreuves de para-escrime se dérouleront du 3 au 7 septembre.

(3) Le comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques.